L’industrie demande un confinement chirurgical

Publié le 06/01/2021 à 15:11

L’industrie demande un confinement chirurgical

Publié le 06/01/2021 à 15:11

Par François Normand

Une employée du secteur minier. (Photo: 123RF)

Au lieu de confiner mur à mur les secteurs économiques jugés non essentiels, les principaux leaders de l’industrie demandent au gouvernement Legault de mettre sur pause ces secteurs, mais de manière chirurgicale, en tenant compte des véritables foyers d’éclosion de COVID-19.

L’enjeu est de taille, alors que le premier ministre s’apprête à annoncer ce mercredi à 17h00 de nouvelles mesures restrictives pour tenter de reprendre le contrôle sur la pandémie qui menace sérieusement le système hospitalier au Québec.

«Ça prend une approche plus chirurgicale. Il faut identifier les secteurs les plus à risque, ainsi que les meilleures mesures pour les accompagner», affirme au bout du fil Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), qui représente 23 000 entreprises employant 450 000 travailleurs.

Ce printemps, environ 50% de ces 450 000 employés s’étaient retrouvés en chômage lorsque Québec avait mis des pans entiers de l’économie sur pause, dont une bonne partie du secteur manufacturier.

Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le secteur manufacturier compte actuellement pour 28% des éclosions de COVID-19, en plus de regrouper 40% des personnes contaminées.

Véronique Proulx fait toutefois remarquer que le virus ne frappe pas les sous-secteurs de cette industrie de la même manière.

Par exemple, selon les données de l’INSPQ, c’est le sous-secteur de l’alimentation — qui fait partie du secteur manufacturier en raison des activités de transformation alimentaire — qui compte le plus grand nombre d’éclosions.

«On peut donc en déduire que le sous-secteur manufacturier qui comporte une grande part des cas et éclosions est le secteur alimentaire et plus spécifiquement les abattoirs, indique-t-elle. Et étant donné qu’ils sont dans un secteur essentiel, ils poursuivraient leurs opérations même s’il y avait un confinement.»

 

«Aucun cas chez nos employés»

Louis Veilleux, fondateur et directeur général du Groupe Mundial, qui réunit sept entreprises manufacturières québécoises spécialisées dans la sous-traitance industrielle, souligne également que la COVID-19 affecte le secteur manufacturier de manière très inégale.

«Je touche du bois, mais depuis la pandémie, on a eu aucun cas auprès de nos 350 employés au Québec», affirme-t-il.

C’est pourquoi il espère que le gouvernement Legault tiendra compte des sous-secteurs de l’industrie manufacturière qui affichent un bon bilan sanitaire, sans parler du fait que les entreprises québécoises ont aussi beaucoup appris depuis le début de la pandémie.

«On a de l’expérience. Nous avons tous des systèmes de sécurité sanitaire en place, incluant la distanciation de deux mètres et le port du masque», insiste Louis Veilleux.

 

(photo: 123RF)

Bon bilan sanitaire dans les mines et les alumineries

Les industries minière et de l’aluminium font aussi valoir qu’elles affichent un bon bilan sanitaire en raison de toutes les mesures qu’elles ont mises en place depuis le printemps dernier.

«Nous avons très peu de cas dans notre industrie», assure la PDG de l’Association minière du Québec (AMQ), Josée Méthot.

Ce bilan tient non seulement aux mesures déployées par les minières (tests, prises de température, etc.), mais aussi au fait qu’il est relativement facile de faire de la distanciation sociale dans les mines.

Ce printemps, le gouvernement Legault avait mis sur pause les 22 mines en activité dans la province, à l’exception de cinq mines, dont Mines Seleine, la seule mine de sel du Québec, située aux Îles-de-la-Madeleine.

Québec avait également permis à trois mines de fer du Québec (Rio Tinto Fer et Tinane, ArcelorMittal, Mine de fer Québec) et à la mine de niobium de Niobec de poursuivre leurs activités en raison du caractère stratégique de leurs produits, entre autres pour fabriquer des équipements médicaux.

Les autres mines du Québec avaient gardé des activités d’entretien et de maintenance durant la mise sur pause de l’économie.

Par ailleurs, Québec avait aussi permis aux alumineries du Québec de poursuivre leurs activités en raison de leur caractère stratégique, mais aussi parce qu’on ne peut pas arrêter une aluminerie sans entraîner des coûts énormes, explique Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC).

Ce dernier fait valoir que les alumineries ont mis en place des mesures sanitaires très strictes depuis ce printemps, en plus de ne pas avoir entraîné de dépenses supplémentaires pour le gouvernement.

«À aucun moment, on a fait la demande ou accepté de participer à un programme d’aide», affirme Jean Simard, en précisant qu’il espère que Québec n’imposera pas de nouvelles mesures aux alumineries dans les prochaines semaines.

 

Les besoins primaires sont importants

L’industrie forestière — dont les entreprises oeuvrant dans la première et la deuxième transformation étaient demeurées en activité ce printemps — espère aussi que Québec tiendra à nouveau compte de son caractère stratégique et essentiel, à commencer par les papiers hygiéniques et essuie-tout.

Jean-François Samray, PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), dit comprendre très bien les enjeux de santé publique actuellement, mais dans le même temps il souligne qu’il faut également «s’assurer que les besoins primaires soient comblés».

Il fait aussi valoir que les produits du bois (des panneaux aux 2 x 4) sont également des produits essentiels, ne serait-ce que pour barricader par exemple les fenêtres d’une maison ou d'un immeuble à la suite d’un incendie.

 

 

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