«Pour nous, le statu quo équivaut à régresser, dit Alain Cloutier, vice-président exécutif d'Aliments Sunchef. Nous sommes en croissance, nous avons des projets d'expansion, de diversification et d'acquisition.»
Sunchef a son usine de transformation de la volaille dans le quartier Anjou, à Montréal. L'entreprise emploie 380 personnes et vient de lancer un projet d'expansion de son usine de 20 millions de dollars, avec l'appui de la Banque de développement du Canada et de la Caisse de dépôt et placement.
«Nous sommes encore une PME, mais nos ambitions, ajoute M. Cloutier, sont de rejoindre un jour les joueurs des ligues majeures.»
Les industriels québécois de l'industrie des aliments et boissons ont le moral. En dépit de la crise économique de 2008 et d'une économie atone, ils ont continué d'investir dans leurs installations et dans leurs produits. De 2007 à 2011, ces investissements ont augmenté en moyenne de 7 % chaque année. En outre, les dépenses en matière de réparations et de mises à niveau ont grimpé en moyenne de 16 % par an, selon une étude de la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) publiée en 2012. En 2011, la somme des investissements des industriels québécois a atteint 765 M$.
«La croissance des investissements au Québec a été la plus forte au Canada, dit Raymond Barthell, associé stratégie et performance de RCGT. Les transformateurs alimentaires ont continué d'investir et de tirer profit d'une reprise économique modeste.»
Les transformateurs alimentaires ont investi près de 510 M$ dans l'expansion de leurs installations en 2012. Et l'avenir paraît bien engagé. Les principaux projets et investissements annoncés en 2013 et qui devraient se mettre en chantier cette année dépassent les 369 M$. Dans tous les cas, les industriels investisseurs ont bénéficié d'un apport de capital public de la BDC, de la Caisse de dépôt et placement (CDP) ou d'Investissement Québec.
«On n'a pas le choix. Les transformateurs doivent investir s'ils veulent demeurer concurrentiels, survivre et se développer», affirme Sylvie Cloutier, pdg du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC).
La dépréciation du huard face au dollar américain laisse entrevoir une croissance des exportations vers les États-Unis, destination des deux tiers des expéditions québécoises. Certes, la conclusion d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne inquiète les industriels laitiers, mais elle ouvre aux autres industriels de l'alimentation des perspectives de marché. «Un peu tout le monde souhaitait cette entente, car on redoutait la conclusion d'un accord entre l'Europe et les États-Unis avant le nôtre, dit Mme Cloutier. Tout accord visant une certaine libéralisation des marchés est positif en soi.»
Sylvie Cloutier évoque l'avenir en parlant d'une industrie de classe mondiale. «Il faudra travailler de concert avec les principaux intervenants pour assurer la pérennité de notre secteur; il nous faudra travailler sur le long terme, et avoir nous aussi notre plan d'avenir comme il y a un plan nord.»
Perspectives dans l'industrie de l'alimentation canadienne
90 % des industriels s'attendent à une augmentation de leurs revenus.
80 % prévoient une amélioration de leur rentabilité.
5 % envisagent d'embaucher du personnel.
Source : RCGT, 2012
