Industrie: cinq stratégies pour atteindre la carboneutralité

Publié le 09/02/2021 à 08:30

Industrie: cinq stratégies pour atteindre la carboneutralité

Publié le 09/02/2021 à 08:30

Par François Normand

Entre 2006 et 2018, les émissions de GES de l'industrie canadienne (produits minéraux, industries chimiques, production de métaux) a diminué de 1,2%, selon Environnement et Changement climatique Canada. (Photo: 123RF)

Comme l’ensemble du Canada, les industries canadiennes peuvent atteindre la carboneutralité en 2050. Par contre, cela nécessitera des efforts et des investissements majeurs pour y arriver, selon un rapport de l’Institut canadien pour des choix climatiques (ICCC) publié ce lundi.

Intitulé Vers un Canada carboneutre (s’inscrire dans la transition globale), ce rapport explique comment le Canada peut espérer atteindre dans une trentaine d'années la carboneutralité, c’est-à-dire tenter d'éliminer toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de compenser celles qui n’ont pas été éliminées en plantant des arbres, par exemple.

L’ICCC est un réseau d’experts de diverses disciplines. Son conseil d’administration compte notamment Normand Mouseau, directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, et Chris Ragan, professeur agrégé en économie et directeur de la Max Bell School of Public Policy de l’Université McGill.

Selon le rapport, le Canada peut arriver à la carboneutralité de deux manières.

D’une part, grâce à des «valeurs sûres» — pour reprendre l’expression du rapport — telles que l’augmentation du parc de voitures électriques ou la hausse de la production d’énergie renouvelable. D’autre part, à l’aide de «paris risqués» en misant sur des technologies qui doivent encore faire leurs preuves comme la capture, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC).

 

Le Canada peut atteindre la carboneutralité grâce à des «valeurs sûres» et des «paris risqués». (Source: Institut canadien pour des choix climatiques)

 

En entretien à Les Affaires, Renaud Gignac, associé de recherche principal à l’ICCC, a expliqué que l’industrie au Canada peut potentiellement arriver à la carboneutralité à l’aide de cinq stratégies.

 

Stratégie #1 — Gérer les fuites de méthane

On parle ici en grande partie des fuites dans le secteur du pétrole du gaz naturel. «Il s’agit de fuites dans les puits de pétrole et de gaz», dit Renaud Gignac, en précisant qu’il y a aussi des fuites lors du transport du gaz naturel dans les gazoducs.

Des technologies aériennes (des satellites, par exemple) permettent de mieux en mieux d’identifier ces fuites. Une technologie qui permet ensuite d’apporter des correctifs afin de réduire ou d’éliminer les émanations de méthane, un GES 25 fois plus puissant que le CO2.

 

Stratégie #2 — Capturer, utiliser et le stocker du carbone

Cette technologie est émergente, souligne Renaud Gignac. «La technologie et sa rentabilité à terme sont peu développées», dit-il, en précisant que cette approche a toutefois du potentiel.

Des entreprises commencent à l’utiliser pour débarboner leurs activités, comme la pétrolière Shell. Elle utilise cette technologie à son installation de Quest, près d’Edmonton, en Alberta. À ce jour, Shell a réussi à capter 5 millions de tonnes de C02, soit l’équivalent d’émissions annuelles de 1,25 million de voitures, selon Global News.

 

Stratégie #3 — Électrifier davantage les procédés

Les entreprises peuvent utiliser davantage d’électricité dans leurs procédés, mais seulement lorsqu'elles n’ont pas besoin de «chaleur intense», précise Renaud Gignac.

Au demeurant, au fil des ans et des décennies, la hausse graduelle de la taxe fédérale sur le carbone — elle s’établit actuellement à 40$ la tonne — forcera sans doute les industries à innover pour utiliser davantage d'électricité dans leur processus ayant besoin de chaleur intense.

 

Stratégie #4 — Faire plus d’efficacité énergétique

Plus une entreprise optimise sa consommation d’énergie (si elle consomme des hydrocarbures), plus elle réduit ses émissions de GES.

Divers programmes existent pour aider les entreprises à réduire leur consommation d’énergie. Or, la plupart d'entre eux impliquent un investissement important en capital pour y arriver, ce qui peut constituer un frein aux efforts d’efficacité énergétique.

Bonne nouvelle: un nombre grandissant de firmes de consultant aident désormais des entreprises à réduire leur consommation d’énergie, et ce, sans faire d’investissement en capital initial.

Comment? Ces firmes font ces investissements initiaux et se paient par la suite à l'aide des économies d’énergie réalisée par les entreprises.

C’est notamment le cas de SOFIAC, une nouvelle initiative mise sur pied au Québec par Écofonds, une filiale d’Econoler et de Fondaction, avec l’appui financier du gouvernement du Québec.

 

Stratégie #5 — Modifier les processus de production

Il s’agit ici d’aller beaucoup plus loin que l’utilisation d’électricité dans un procédé industriel; on le révolutionne carrément afin qu’il soit à la base carboneutre, explique Renaud Gignac.

Il donne l’exemple du partenariat Elysis, annoncé en 2018 entre les producteurs d’aluminium Alcoa et Rio Tinto. Apple s’est aussi associée à ce partenariat, en y investissant plus de 13 millions de dollars.

Ce procédé industriel (qui devrait être commercialisé en 2024) permettra d’éliminer tous les GES directement liés à la production d’aluminium.

Il permettra donc aux alumineries au Canada d'atteindre une éventuelle carboneutralité plus rapidement.

 

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