Un quartier développé avec les citoyens


Édition du 14 Décembre 2013

Un quartier développé avec les citoyens


Édition du 14 Décembre 2013

Par Suzanne Dansereau

Pour l'aménagement d'un nouveau quartier à partir de terrains industriels vacants, la Ville de Longueuil a demandé à la firme IBI/DAA, de Montréal, de l'aider à concevoir le design urbain. Sauf que la municipalité a exigé que les citoyens de Longueuil et les parties prenantes (commerces, industries, institutions, groupes de pression) participent à l'élaboration de ce design, et ce, dès le début du projet, avant même l'élaboration des dessins préliminaires et des maquettes. Une première dans l'histoire de la Ville, «et probablement dans l'histoire du Québec», soutient Marc Perreault, associé principal chez IBI/DAA (Daniel Arbour et associés, filiale du Groupe IBI).

«D'habitude, on préfère aller plus loin dans le design avant de consulter, relate-t-il. C'est un pari énorme que de fonctionner à l'inverse. Le danger est que les citoyens nous orientent vers quelque chose qui ne sera pas rentable.»

Le processus a été enclenché voilà un an. Jusqu'à présent, «cela se passe bien, tout le monde est satisfait», dit l'urbaniste. «Le défi pour nous sera de bien communiquer l'information, de façon à ce que les citoyens comprennent les enjeux et en arrivent aux mêmes conclusions que nous.»

La construction de ce futur quartier - le nom n'est pas encore arrêté, mais il s'appelle pour l'instant le Pôle Roland-Therrien - s'échelonnera sur au moins 20 ans. Le projet est évalué à 500 millions de dollars : il s'agit d'aménager 26 hectares avec 7 000 logements et 20 000 pieds carrés de surface commerciale. La mairesse de la ville, Caroline Saint-Hilaire, veut en faire un exemple de développement durable, avec un plus haut pourcentage d'espaces verts et deux bouches de métro.

La Ville a fait appel au consultant montréalais Convercité pour organiser la participation citoyenne.

Le processus de consultation

On a d'abord réuni, d'une part, quelque 40 parties prenantes en petits groupes et, d'autre part, une centaine de résidents des quartiers limitrophes du futur lotissement, à qui on a présenté les notions de base et une charte de participation selon laquelle ils s'engagent à travailler de façon constructive. Après deux rencontres de consultation au cours desquelles la Ville et IBI/DAA ont entendu et pris en compte les craintes des personnes consultées, on leur a présenté trois «options de concepts» en leur demandant, non pas de choisir un concept, mais de travailler sur un quatrième, qui réunirait le meilleur des trois autres. À partir de là, on a ajusté le concept en fonction de la rétroaction des citoyens. Par exemple, on a transformé un lien routier en lien piéton-cycliste et diminué des hauteurs d'immeuble à des endroits spécifiques, etc.

«L'idée maîtresse est que le citoyen est l'expert de son milieu de vie», a expliqué le directeur des communications de Longueuil, Jacques Tétrault, en présentant le projet à la conférence Les Affaires sur l'acceptation sociale, le 5 décembre à Montréal.

Il a admis que le processus ajoutera six mois à l'échéancier initial, qui prévoit maintenant les premiers appels d'offres d'ici 24 mois. Mais il estime que cela vaut le coup, «car on risque de sauver du temps lors des prochaines étapes». De plus, la consultation en amont a permis, selon lui, d'acquérir l'acceptation sociale du milieu.

Une acceptation qui, si on la conjugue avec du bon design, peut augmenter de 15 % à 25 % la valeur économique des immeubles bâtis, en plus d'influencer positivement les immeubles avoisinants, croit Marc Perreault.

Et si on n'obtient pas l'approbation des parties prenantes ? «Avec la démarche, vous le saurez plus tôt !» répond M. Perreault. Chose certaine, les promoteurs immobiliers intéressés par le quartier n'auront plus une grande marge de manoeuvre. Mais «aujourd'hui, on ne peut plus vendre un projet immobilier aux gens, il faut susciter leur adhésion», croit M. Perreault. La prochaine étape, qui commence en 2014, sera celle de la volumétrie, ce qui implique de discuter de la hauteur des bâtiments. Elle risque d'être plus difficile, de l'aveu même de l'urbaniste.

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Le projet, en chiffres

26 hectares - Le projet s'étend sur 26 hectares, l'équivalent d'autant de terrains de football. 
20 000
- On prévoit aménager des commerces sur une surface de 20 000 pieds carrés.
500 M$
- Le projet de 500 M$ permettra d'aménager 7 000 logements.

 

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