Résidence au soleil : passer du rêve à l'achat


Édition du 14 Janvier 2017

Résidence au soleil : passer du rêve à l'achat


Édition du 14 Janvier 2017

Par Matthieu Charest

Trois critères ont guidés notre choix de destinations : la facilité d’accès, l’abordabilité des résidences et le potentiel de location.

Le Mexique vous attend, la République Dominicaine vous appelle et, Cuba, sí.

Vous les voyez sans trop les remarquer. Entre ce rendez-vous pour poser vos pneus d'hiver, les enfants à la garderie, la course folle des cadeaux et ces partys de Noël qui s'additionnent, vous avez la tête ailleurs. Et puis, de toute façon, une fois la frénésie retombée, la carte de crédit encore brûlante, vous trouverez bien le moyen de vous offrir une petite semaine dans un tout-inclus.

Mais puisque votre retraite approche, que vous avez déjà trouvé votre coin de paradis dans le Sud ou que vous désirez investir dans l'immobilier, pourquoi ne pas faire l'achat d'une résidence secondaire au soleil ? C'est bien beau, l'idée d'un chalet dans le Nord, mais le ski, ce n'est pas pour tout le monde.

Les Affaires s'est donc attelé à trouver cinq zones ensoleillées afin de circonscrire vos recherches du «chalet de plage» de vos rêves. Trois critères nous ont guidés. D'abord, la facilité d'accès à l'endroit par vol direct. Puis, l'abordabilité des résidences, qui devaient être accessibles à la classe moyenne. Enfin, le potentiel de location, afin de pallier une partie des frais et d'atténuer le poids de l'hypothèque.

Nos cinq préférées ? Le Mexique, l'Arizona, la Floride, les Caraïbes et l'Espagne.

Conseils d'experts

Avant de passer à l'action, posez-vous une question fondamentale : «Qu'est-ce qui motive la décision d'achat ? L'investissement ou le plaisir ?» «L'un est plus important et va donner le ton aux recherches», affirme Jean Laurin, président et chef de la direction de l'agence de services-conseils immobiliers Newmark Knight Frank Devencore. «Quel est le montant que vous voulez investir ? La distance que vous voulez parcourir ? Quel est le climat ?»

Bref, avant de vous lancer, faites votre liste d'épicerie.

L'immobilier, «c'est une industrie très locale, ajoute Roberto D'Abate, vice-président services-conseils immobilier chez PwC. Sachez où vous investissez. Il faut très bien connaître l'endroit afin de mitiger les risques. Renseignez-vous sur le taux de change, la politique, la sécurité, etc. Aussi, est-ce que le marché est " liquide " ? Pouvez-vous revendre facilement ? Cinq cents mètres entre deux propriétés peuvent faire toute la différence. Un coin de rue peut se vendre beaucoup mieux qu'un autre. C'est une erreur d'acheter par coup de foudre».

Une bonne idée, toutefois : prendre la distance en compte dans votre choix. «Mes clients de l'Ouest canadien vont beaucoup en Californie, alors que les Québécois vont beaucoup en Floride ou dans les Carolines, deux États très populaires auprès des golfeurs», explique Marc Hétu, vice-président marché des capitaux chez CBRE, une firme de services-conseils immobiliers. Mais le Sunshine State demeure encore et toujours «le spot» pour les Québécois, croit l'expert. «C'est proche, c'est facile et ça se loue bien. C'est Montréal en version tropicale. On y mange bien, il y a beaucoup de culture et c'est très cosmopolite.»

TOP 5

1. La Floride

«Tant qu'il y aura un hiver au Québec, il y aura des snowbirds en Floride», lance d'entrée de jeu Jacques Drouin, courtier et copropriétaire de l'agence Realty Elite Destination. Les effets de la crise de 2008 sont passés, les gros rabais aussi, et le taux de change est défavorable: qu'à cela ne tienne, l'État demeure chéri des Québécois. «Les gens achètent ici pour un ensemble de facteurs. C'est sécuritaire, le régime de soins est excellent, le coût de la vie est raisonnable, les terrains de golf sont abordables et il y a tout un système de soutien francophone.»

Depuis qu'il s'est installé dans l'État ensoleillé en 1998, le courtier remarque que de plus en plus de jeunes achètent des propriétés, souvent avec leur famille. Autre tendance observée, «on remarque une certaine migration intérieure», explique-t-il. «Les gens passent de l'extrême sud [Miami] à des comtés plus au nord, moins denses. Les Québécois se concentrent dans trois comtés : Miami-Dade, Broward et Palm Beach. Mais depuis trois ou quatre ans, Palm Beach gagne en popularité.»

Quant aux prix, «c'est beaucoup moins cher ici qu'au Québec», raconte-t-il. «Entre 50 000 $ US et 80 000 $ US, c'est possible de trouver un beau condo. Ce n'est pas sur le bord de la plage, mais bon, le soleil brille pour tout le monde ! Et c'est facile à louer. Attention aux restrictions de l'immeuble, par contre.»

Coût de la vie aux États-Unis : 9,78 % plus cher qu'au Canada*

En avion** : Fort Lauderdale : 44 vols par semaine (été, hiver). Fort Myers : 4 vols par semaine (hiver). Miami : 20 vols par semaine (été, hiver). Orlando : 19 vols par semaine (été, hiver). Tampa Bay : 5 vols par semaine (hiver). West Palm Beach : 7 vols par semaine (hiver).

Croissance des prix*** : Miami : + 6,4 %

2. L'Arizona

Courtier dans le Grand Canyon State depuis plus de trente ans, le Français d'origine Gilbert Houseaux ne tarit pas d'éloges sur sa terre d'adoption. «Il n'y a pas mieux sur Terre ! Le temps est merveilleux, et il y a des fleurs et des fruits partout. Les restaurants sont exceptionnels, les gens sont très sympathiques et c'est tellement vaste que vous pouvez voir les quatre saisons en traversant l'État. Il y a beaucoup de culture, et le golf est également très pratiqué.»

Côté prix, M. Houseaux estime que pour 200 000 $ US à 300 000 $ US vous pouvez obtenir une belle petite maison à Phoenix ou une belle copropriété à Scottsdale, une zone un peu plus huppée. «Les prix augmentent assez rapidement, constate-t-il. Beaucoup de Canadiens viennent investir ici.»

Grand avantage selon lui, la facilité de louer une propriété. «Il y a tellement de nouveaux habitants qui viennent s'installer ici, année après année, qu'il est très simple de trouver des locataires. Entre novembre et mai, vous pouvez même facturer jusqu'à quatre fois le prix normal d'un loyer, surtout pour une résidence meublée.»

Coût de la vie aux États-Unis : 9,78 % plus cher qu'au Canada

En avion : pas de vols directs

Croissance des prix : Le marché «s'améliore», selon le rapport «Emerging Trends in Real Estate» de PwC, qui note qu'il s'agit d'un marché «alternatif à la Californie, mais beaucoup moins cher».

3. Le Mexique

Moins prisée des Québécois que la côte est du Mexique, la Floride ou Cuba, la côte ouest mexicaine n'a pourtant rien à envier aux autres destinations. Si le sable est moins blanc et que l'eau n'est pas aussi belle, la température y est beaucoup plus stable qu'ailleurs. Il y fait beau, à l'année. Dans ce paradis, à Puerto Vallarta et Riviera Nayarit, notamment, il y a une nature et des paysages à couper le souffle, et une vie sociale et nocturne bien remplie. La région étant envahie par les Américains et les Canadiens de l'Ouest, l'usage de l'anglais est aussi très répandu.

Pour ce qui est des prix des résidences, «nous avons vraiment de tout», explique Saul Groman, courtier immobilier pour Via Capitale Puerto Vallarta. «À Vallarta, le prix d'une maison commence autour de 120 000 $ US, et le prix médian est de 150 000 $ US. Le prix médian des copropriétés, très populaires, est de 210 000 $ US. À Riviera Nayarit, plus dispendieuse, les prix médians des copropriétés et des maisons sont de 250 000 $ US.»

Coût de la vie : 55,90 % moins élevé qu'au Canada

Croissance des prix : +5,32 % au deuxième trimestre de 2016, selon le Global Property Guide

4. Les Caraïbes

Difficile de choisir lorsque la région compte plus de 7 000 îles et quatorze États souverains, sans compter les territoires liés à l'Europe, comme la Guadeloupe ou la Martinique. Mais nous ne pouvions passer à côté de l'idée de détenir une propriété sur l'un des bouts de terre de la zone caribéenne. Quoi de plus romantique que d'être seul au monde, au milieu de la mer, entouré de plages ?

Le rêve a un prix. Il s'agit là de la zone la plus dispendieuse que nous ayons étudiée. Afin de déterminer quels endroits sont les plus attrayants pour détenir une résidence, nous avons posé la question à Edward de Mallet Morgan, associé, résidentiel international, à la firme Knight Frank située à Londres. Pour l'expert, trois facteurs sont impératifs lorsqu'il est question d'acheter dans les Caraïbes : la stabilité, la croissance, et la liquidité du marché. Son choix s'est donc posé sur les Bahamas et la Barbade.

«Il y a de magnifiques propriétés à la Barbade, sur la côte ouest, notamment. Plusieurs parcours de golf sont réputés, alors que plusieurs nouveaux développements sont en cours dans les Bahamas. Dans ces deux pays, une belle résidence de trois chambres peut coûter environ 1 million de dollars US. Plusieurs agences de location peuvent aussi vous aider à réduire la facture.»

Plus méconnues, les propriétés dans les Îles Vierges britanniques, «idéales pour la voile ou, si vous désirez, une île privée», sont moins dispendieuses, «quelques centaines de milliers de dollars US», estime M. de Mallet Morgan. Mais elles sont beaucoup moins accessibles par transport.

Coût de la vie aux Bahamas : 24,90 % plus cher qu'au Canada

Coût de la vie à la Barbade : 27,89 % plus cher qu'au Canada

En avion : Bahamas : Freeport : 1 vol par semaine (hiver). Nassau : 1 vol par semaine (hiver). San Salvador : 1 vol par semaine (été, hiver). Barbade : 3 vols par semaine (hiver).

Croissance des prix : Barbade : -2 %, Bahamas : -5 %, Îles Vierges britanniques : -5 %

Le marché immobilier reprend des forces en Espagne, et les occasions ne manquent pas, comme ici sur la Costa Brava.

5. L'Espagne

Durement frappée par la crise de 2008, l'économie espagnole est aujourd'hui en pleine croissance. Conséquence : le marché immobilier résidentiel reprend des forces. Et entre les magnifiques villes qui regorgent d'histoire et les plages de la Costa Brava et de la Costa del Sol, les occasions ne manquent pas, surtout que les taux d'intérêt demeurent bas.

«Les investisseurs devraient se concentrer sur les occasions dans les trois grandes villes espagnoles», dit Alexander Vaughan, cofondateur de la firme immobilière Lucas Fox. Les secteurs de l'Eixample à Valence et à Barcelone, le vieux Barcelone ou les quartiers de Justicia à Madrid sont très intéressants.»

«Les destinations "soleil" de Marbella et de la Costa Brava ont aussi connu de fortes diminutions de prix depuis le sommet de 2008, poursuit l'expert. Des baisses de l'ordre de 40 %. Mais les vendeurs sont encore réticents à baisser leurs prix.»

À Valence, au centre-ville, un deux-chambres peut se vendre l'équivalent d'environ 400 000 $, un prix qui peut facilement doubler au centre de Madrid ou de Barcelone. À l'extérieur du coeur de Valence, le même appartement se détaille plus ou moins 250 000 $.

Pour un petit appartement rénové à Barcelone, dans les quartiers Poble Nou ou Raval, 380 000 $ seront nécessaires. À Madrid, les secteurs Embajadores et La Latina comptent encore des propriétés «à bon prix», pour le marché, autour de 500 000 $.

Bonne nouvelle pour les investisseurs : même si les prix sont relativement élevés, les appartements des métropoles peuvent se louer pour plusieurs milliers de dollars par mois. Dans les destinations vacances, les locations à court terme ont également la cote.

Coût de la vie : 19,19 % moins élevé qu'au Canada

En avion : Barcelone : 9 vols par semaine (été). Madrid : 1 vol par semaine (été). Malaga : 1 vol par semaine (été, hiver).

Croissance des prix : Ibiza et Madrid : +5 %. Barcelone : +3,3 %. Marbella : +2,8 %.

* Excluant le loyer, selon le site d'agrégation Numbeo. Il ne s'agit pas de données scientifiques.

** Vols directs depuis Montréal-Trudeau, selon Aéroports de Montréal

*** La croissance annuelle des prix au 31 décembre 2015, selon le rapport PIRI 100 du Wealth Report 2016 de Knight Frank

Destinations émergentes

Après la « ruée » vers la Floride à la suite de la crise de 2008, où les résidences se vendaient pour une bouchée de pain, « c’est devenu plus difficile d’y trouver de bonnes occasions », pense Roberto D’Abate, de PwC. « Il n’y a pas de formule magique pour trouver “la” bonne destination. Mais certains indicateurs montrent que des endroits comme l’Arizona, la péninsule Ibérique, la côte ouest de la Floride ou le Texas recèlent de bonnes occasions d’affaires ». Marc Hétu, de CBRE, évoque aussi l’Arizona comme marché de résidences secondaires à surveiller. « Le climat, plus aride, est beaucoup plus stable que celui de la Floride », fait- il remarquer.

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