Montréal: concilier vision urbaine et croissance économique


Édition du 30 Mai 2015

Montréal: concilier vision urbaine et croissance économique


Édition du 30 Mai 2015

Par Matthieu Charest

Voici un rendu visuel de ce à quoi ressemblera la rue Sainte-Catherine, au centre-ville de Montréal, à la suite des grands travaux, dont la première phase débutera en 2016.

Quand Sainte-Catherine soulève les passions

La capacité de remplir ses engagements. C'est justement ce qui inquiète la communauté d'affaires lorsqu'il est question des travaux majeurs qui attendent la rue Sainte-Catherine, un projet phare de la Ville. Les travaux sont estimés à 95 M$ pour une portion de 2,2 km entre De Bleury et Atwater. Échaudés par la saga du boulevard Saint-Laurent, promoteurs et autres experts se montrent pour le moins méfiants.

«Toutes les villes de classe mondiales ont un coeur commercial fort. Sainte-Catherine, ce n'est pas une rue, c'est une destination. Ce qui va se produire là sera déterminant», dit Claude Sirois, cochef de l'exploitation et vice-président exécutif, Québec, d'Ivanhoé Cambridge. Le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec est en train de construire la Maison Manuvie, un immeuble de bureaux de 27 étages situé sur le boulevard de Maisonneuve, au centre-ville.

«La critique est rapide», ajoute Jacques Vincent, coprésident du Groupe Prével, qui a réalisé le Lowney, l'Impérial, les Bassins du Havre et le Quai de la Commune. «Mais les travaux dans la rue Sainte-Catherine, ça m'inquiète. Avec ce qui s'est passé sur Saint-Laurent... La rue s'est vidée. Les commerçants ont besoin que l'argent rentre tous les jours. J'ai peur que l'on tue [l'activité commerciale sur] Sainte-Catherine.»

Des griefs bien connus par l'administration municipale. «Nous sommes parfaitement conscients des enjeux», soutient Richard Bergeron, conseiller de la Ville pour le district Saint-Jacques [Ville-Marie] et membre du comité exécutif responsable du centre-ville. «Mais nous n'avons pas le choix d'agir sur Sainte-Catherine ; les infrastructures sont finies.»

Faire moins, faire mieux

«Une ville n'a jamais assez d'ambition, souligne Michel Max Raynaud, directeur de l'Observatoire Ivanhoé Cambridge du développement urbain et immobilier à l'Université de Montréal. Mais nous sommes devant une liste d'épicerie, et non devant une vision globale.»

Alors que certains reprochent à la Ville son manque de vision, d'autres l'accusent d'en faire trop. «Ils veulent toucher à des choses sur lesquelles ils n'ont pas le contrôle, dit Claude Sirois. Occupez-vous de la propreté, de la sécurité, et laissez faire le reste.»

Même son de cloche de la part de M. Richard Hylands, président de Kevric. «Tout se ramasse au bureau du maire, et puis on attend... Il y a une limite à ce que le maire peut faire. Tu ne peux pas gérer une ville de cette taille-là comme ça !» lance-t-il.

«C'est normal qu'un promoteur arrive à Montréal et soit insatisfait, croit Richard Bergeron. On n'a pas la même liberté qu'à Brossard. Ici, on ne peut pas aligner des maisons à l'infini. Non seulement ça ne produira pas le type de développement qu'il nous faut, mais le projet ne fonctionnera pas.»

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