Le marché de l'immobilier de luxe rebondit


Édition du 28 Mars 2015

Le marché de l'immobilier de luxe rebondit


Édition du 28 Mars 2015

Le marché de la région de Québec

Du côté de la Capitale-Nationale, on ne remarque aucun «effet Couillard». Les ventes de maisons unifamiliales de luxe, à plus de 700 000 $, sont au ralenti depuis le sommet de 2012, où l'on avait conclu 67 transactions. Par la suite, le nombre de transactions a chuté à 57 en 2013, puis à 53 en 2014. «Le marché n'est pas mort, loin de là, mais les acheteurs prennent davantage leur temps pour trouver la propriété à vendre à juste prix», indique Yvan Drouin, courtier immobilier Re/Max dans la région de Québec.

Les secteurs à la mode restent évidemment Sillery, Les Sources (Sainte-Foy), le Mesnil ainsi que Lac-Beauport. «C'est la plus belle banlieue de Québec. La proximité de la ville, d'une station de ski (Le Relais) et les vues sur le lac en font un secteur très convoité», dit Yvan Drouin. Les propriétés riveraines coûtent aisément plus de 1 M$. Quant au condo, le critère primordial est la vue sur le fleuve, qui domine toutes les autres considérations en matière de luxe. En zone de villégiature, la haute société se donne rendez-vous au lac Saint-Joseph, à 45 minutes de Québec, où les propriétés se vendent plusieurs millions de dollars. Son surnom : le lac des millionnaires.

Le marché de Mont-Tremblant

Plus près de Montréal, Mont-Tremblant semble prête pour un redécollage, après un atterrissage d'urgence provoqué par la dernière crise financière. «Avant 2008, les acheteurs des propriétés de luxe étaient presque exclusivement étrangers. Aujourd'hui, c'est tout le contraire, le marché est dominé par les résidents de Montréal et d'Ottawa-Gatineau, qui recherchent des valeurs sûres, comme des maisons sur le lac Tremblant. Quant au marché spéculatif, qui a connu de belles années avant la crise financière, il est bel et bien mort», constate Steve Lafave, directeur immobilier sénior chez Immobilier Playground, une division d'Intrawest.

Signe du retour du beau temps à Mont-Tremblant, les transactions de plus de 500 000 $ ont bondi de 75 % en 2014 par rapport à 2013. Les propriétés de luxe représentent désormais 20 % du marché total dans la région. Cependant, les vendeurs doivent afficher une patience hors du commun, car le délai de vente moyen s'établit à 385 jours. «Il y a encore beaucoup de vendeurs sur le marché qui tentent le coup de circuit», explique Steve Lafave. Elle est terminée l'époque où l'on achetait tout, à n'importe quel prix.

Si la baisse des cours du pétrole cause de l'émoi en Alberta, sa conséquence, la baisse du dollar canadien, suscite beaucoup d'espoir dans la région. Les Américains vont-ils revenir se la couler douce sur les pentes de Mont-Tremblant ? Il semble que oui. «On vient de connaître un très bon Washington Week, à la mi-février, l'équivalent de la relâche scolaire au Québec, avec une hausse de 4 % des réservations par rapport à 2014», dit Éric Trudel, directeur général de Tourisme Mont-Tremblant. Les skieurs américains redécouvrent Mont-Tremblant, mais ce retour ne se répercute pas encore sur l'immobilier. «La baisse du huard est trop récente pour remarquer un effet tangible», dit Steve Lafave.

Le marché des Cantons-de-l'Est

Dans les Cantons-de-l'Est, la crise de 2008 a frappé fort. Les propriétés luxueuses, qui se concentrent sur les rives du majestueux lac Memphrémagog, ont alors encaissé une forte baisse de prix, avant de se stabiliser. «Depuis, on ne constate pas de hausse de valeur», explique Albert Brandt, courtier immobilier Re/Max qui accapare la quasi-totalité du marché de luxe au lac Memphrémagog.

Depuis la crise, les gens en quête d'une résidence riveraine, qui sont essentiellement issus du Québec inc., changent leurs critères. «Les acheteurs jettent leur dévolu sur des propriétés plus modestes, qui correspondent davantage à leur mode de vie plus actif», dit-il. Quant aux résidences ultraluxueuses, à plus de 5 M$, elles trouvent difficilement preneurs. «Les vendeurs récupèrent difficilement leur investissement», dit-il. Autre tendance : les villas sont de moins en moins occupées en hiver. «Ça redevient des résidences d'été. L'hiver, leurs propriétaires migrent vers le Sud», dit-il. Avec le dernier hiver que l'on a connu, on peut aisément les comprendre !

La maison contemporaine déclasse la maison manoir

Alors qu'il y a dix ans à peine, les Québécois fortunés craquaient comme jamais pour les maisons manoirs, avec tourelles, revêtement de fausses pierres et surabondance de boiseries, aujourd'hui, ce sont les maisons à l'architecture contemporaine qui attirent les regards. «Les châteaux, on n'en construit plus depuis deux ou trois ans», constate Yvan Drouin, courtier immobilier dans la région de la Vieille-Capitale et ex-entrepreneur en construction.

Ce qui est à la vogue dans les constructions neuves, ce sont les maisons ayant un toit plat, une fenestration généreuse et le minimum d'éléments tape-à-l'oeil, et étant stratégiquement orientée pour maximiser la lumière naturelle. Bye-bye l'escalier somptueux trônant au coeur de la maison ! «Fini la folie des grandeurs. On construit des maisons de plus faibles gabarits aux lignes beaucoup plus épurées», constate Mario Adornetto, concepteur de maisons haut de gamme. Raynald Roy, pdg de Plans Design, une firme qui dessine des plans de maisons pour tous les budgets, remarque qu'on est dans une période de transition sur le plan architectural. «Les gens ne veulent plus de manoir, mais le prochain style à la mode reste à définir», dit-il.

Dans le marché de la revente, on constate aussi une baisse d'intérêt pour les manoirs. «Il n'y a pas d'augmentation de prix dans ce marché, mais les manoirs se vendent quand même bien. Il y aura toujours des acheteurs qui veulent se gâter en acquérant ce type de propriétés», estime Claude Charron, courtier immobilier chez Re/Max.

Sur l'île de Montréal, les fortunés tombent aussi sous le charme du contemporain. «Que ce soit à Westmount ou à Outremont, les acheteurs rénovent les résidences en préservant les façades, mais en transformant l'intérieur et la cour arrière en maison du 21e siècle», remarque Georges Bardagi. Pour cette raison, ce sont les maisons à rénover qui s'envolent le plus vite. «On achète un projet. On veut une maison selon la dernière tendance. Les jeunes acheteurs démolissent des cuisines récentes pour en avoir une neuve. C'est fou !» s'exclame M. Bardagi.

Même en zone de villégiature, comme à Mont-Tremblant et au lac Memphrémagog, on souhaite un style épuré, a constaté Les Affaires. «Les villégiateurs veulent des villas aux lignes contemporaines, avec des matériaux bruts», dit Steve Lafave, d'Immobilier Playground, à Mont-Tremblant. «Les maisons de style banlieue, ça ne marche plus du tout», conclut Albert Brandt, courtier Re/Max dans les Cantons-de-l'Est.

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