Les gratte-ciels poussent sur la planète comme des champignons. Ça fait même trois années de suite que le record annuel de constructions est battu. Nous avons retranscrit dans le graphique ci-dessous cette accélération phénoménale.
Si l'homme s'est très tôt lancé dans des consctructions dépassant allégrement les 100m (pyramides, cathédrales, tours phares et autres ziggourats), il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour voir apparaître les premiers gratte-ciels. En 1871, le grand incendie de Chicago va permettre l'émergence de cette nouvelle architecture. Offrant à la fois une protection contre le feu et les inondations, elle permettait en outre de contrer l'augmentation des coûts d'achat du terrain. C'est ensuite New York qui prendra le relais avec pour premier point d'orgue les 381m du célébrissime Empire State Building.
Depuis, le désir des architectes et des cités de tutoyer les cieux ne s'est jamais démenti. Mais comme le révèle ce graphique produit par nos soins grâce aux données du Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH), une accélération foudroyante a lieu depuis le début du XXIe siècle...
C'est bien simple: 128 immeubles de 200m et plus sont sortis de terre dans le monde en 2016. C'est 14 de plus qu'en 2015, 56 de plus qu'en 2010, 97 de plus qu'en 2005 et presque autant qu'entre 1990 et 2000! Et ce n'est pas fini: en 2018, les estimations hautes du CTBUH prévoient que 155 immeubles seront complétés. Vous en voulez encore? Si l'on prend le total mondial des immeubles de cette hauteur, on arrive au chiffre de 1166. C'est deux fois plus qu'il y a 6 ans!
La Chine au sommet
Cette accélération exponentielle porte une signature: l'Asie. 84% des 128 immeubles terminés cette année l'ont été dans cette région du monde (107), 65% étaient chinois (84) et 8,5% ont été construits dans la seule ville de Shenzen (11). A contrario, il faut bien reconnaître que les constructions annuelles d'immeubles de 200m+ ont tendance à stagner depuis le début des années 90 en Amérique du Nord. Voire même à reculer...
Pas besoin de remonter très loin dans le temps pour dater cette explosion immobilière en Asie: entamée au milieu des années 90, la frénésie constructrice chinoise a connu un décollage foudroyant au début des années 2010. Songez: en 2012, 21 immeubles ont vu le jour en Chine ; deux ans plus tard, il en sortait 63 de terre, soit trois fois plus! Le boum économique de la région n'est évidemment pas étranger à ce phénomène. Comme l'illustre ce graphique réalisé à l'aide des données de la Banque Mondiale et du CTBUH, il existe une corrélation très nette entre l'augmentation du PIB chinois et celle du nombre d'immeubles construits dans le pays.
Des bureaux en majorité
Pour conclure, jetons un oeil, sur la fonction de ces constructions.
Sans surprise et comme les années précédentes, ces gratte-ciels abritent majoritairement des bureaux. 52% d'entre eux exactement (ou 67). Le reste se partage entre immeubles résidentiels (20 pour 16% du total), immeubles mixtes (38 pour 30% du total) et hôtels (3 pour 2% du total).
La faiblesse du nombre d'hôtels construits doit cependant être relativisée: la plupart d'entre eux choisissent en fait d'intégrer des immeubles mixtes plutôt que de construire le leur.
