Le nouveau siège social du Groupe AGF à Longueuil dispose d'une structure composée essentiellement de panneaux de bois d'épicéa, une innovation en Amérique du Nord.

Une entreprise spécialisée en armature d'acier qui choisit de construire son siège social en panneaux de bois lamellés croisés : voilà qui lance un message fort à l'industrie de la construction. Le bois d'ingénierie gagne du terrain au Québec.

Inauguré en 2012, le nouveau siège social du Groupe AGF à Longueuil dispose d'une structure composée essentiellement de panneaux de bois d'épicéa. Pourquoi avoir mis en vedette le bois et non l'acier ?

«On a décidé d'être en avant de la parade plutôt que de la suivre. Déjà en Europe, malgré un marché immobilier qui bat de l'aile, ce type de produit connaît une croissance exponentielle. On croit qu'il connaîtra le même sort au Québec», explique Daniel Achim, directeur du développement des affaires de la division AGF Éléments.

Le nouveau siège social devient ainsi une vitrine qui dévoile les intentions de l'entreprise de promouvoir le bois comme matériau de construction pour de grandes infrastructures.

Les mêmes clients que l'acier

«Le bois d'ingénierie suit les mêmes étapes que l'acier. Il nécessite des dessins d'atelier et une fabrication en usine, et surtout, il est destiné aux mêmes clients que l'acier : les constructeurs», ajoute Gabriel Bonin, directeur général de la division armature d'acier chez Groupe AGF.

C'est lui qui a convaincu Serge Gendron, président du Groupe AGF, de faire du bois un allié plutôt qu'un rival.

L'utilisation de panneaux de bois lamellés croisés a séduit aussi le cabinet d'architectes Daoust Lestage, chargé du projet de construction. «C'est une réelle découverte. Ces panneaux présentent d'étonnantes composantes structurales tant à la verticale qu'à l'horizontale. Et compte tenu de leurs qualités esthétiques, ils peuvent même servir comme revêtement intérieur et de matériau de base pour tout le mobilier», signale Renée Daoust.

L'architecte compte désormais faire la promotion de ce type de panneaux auprès de ses autres clients. «De plus, ils présentent d'excellentes qualités acoustiques», ajoute-t-elle. L'équipe de Mme Daoust a remporté, en mai dernier, le prix d'excellence remis par l'organisme Cecobois, dans la catégorie Bâtiment commercial de plus de 1 000 m², grâce à ce projet.

Produire des panneaux au Québec

Actuellement, Groupe AGF importe les panneaux de bois KLH Elements, fabriqués en Autriche, et les distribue sur le marché du nord-est de l'Amérique. Par la suite, l'entreprise compte produire elle-même ses propres panneaux. Du moins, lorsque les ventes le permettront. «Les ventes demeurent très marginales, mais elles progressent. La nouvelle charte du bois commence peu à peu à modifier le marché», indique Daniel Achim.

Cette charte du bois a été lancée par le gouvernement du Québec au printemps dernier. Elle incite tout gestionnaire de projet financé en tout ou en partie par des fonds publics à évaluer le bois à l'étape de l'avant- projet et à réaliser une étude comparative des émissions de gaz à effet de serre pour différents matériaux.

Cette charte, qui favorise la construction en bois de bâtiments de cinq ou six étages, a porté la Régie du bâtiment du Québec à modifier sa réglementation à cet effet d'ici la fin de 2013. Cette initiative du gouvernement fait suite à la décision de la Ville de Québec d'avoir écarté l'usage du bois pour la construction de son nouvel amphithéâtre.

Selon l'organisme Cecobois, la proportion de bâtiments non résidentiels dont la charpente principale est en bois est passée de 15 à 20 % de 2007 à 2012.

Pour le moment, le bois d'ingénierie est limité à une utilisation «artisanale», reconnaît Gabriel Bonin. «Il occupe une place très embryonnaire. Mais, d'ici cinq ans, le bois devrait atteindre un niveau commercial appréciable. Il suffit de trouver les bonnes niches. Ce que l'on fait actuellement. Le bois est très apprécié pour les structures institutionnelles, telles que les centres sportifs, les centres communautaires et les sièges sociaux, ainsi que pour les bâtiments commerciaux», conclut-il.