Immobilier: de plus en plus de propriétés retirées du marché

Publié le 02/08/2022 à 14:16

Immobilier: de plus en plus de propriétés retirées du marché

Publié le 02/08/2022 à 14:16

Par La Presse Canadienne

Les ventes de maisons en juin s’élevaient à 48 176, ce qui représentait une baisse de 24% par rapport aux 63 280 transactions du même mois l’an dernier. (Photo: 123RF)

Toronto — Lorsque Shannon Tebb a mis en vente son loft du centre-ville de Toronto, à la mi-juin, elle a tout fait pour rendre la propriété attrayante pour les acheteurs. Elle a embauché des agents de mise en valeur, repeint les murs, lavé les fenêtres, inscrit l’endroit en deçà de sa valeur marchande et fait de la publicité sur tous les réseaux sociaux. 

Mais en juillet, elle a retiré la propriété du marché — et pas parce qu’elle avait trouvé un vendeur.

Shannon Tebb a annulé son inscription parce que le marché a tellement changé que les guerres d’enchères et la cadence effrénée des ventes observées plus tôt cette année se sont dissipées. 

Le mois dernier, l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a annoncé que les ventes de maisons en juin s’élevaient à 48 176, ce qui représentait une baisse de 24% par rapport aux 63 280 transactions du même mois l’an dernier. Sur une base désaisonnalisée, les ventes ont diminué de près de 6% par rapport au mois de mai. 

Le recul a été attribué aux taux d’intérêt, qui augmentent à un rythme plus rapide que certains ne l’avaient prévu et font grimper le coût des prêts hypothécaires, et à l’inflation, qui a récemment atteint un sommet de 39 ans sur une base annuelle. 

Ces deux facteurs ont fait en sorte que les propriétés restent sur le marché pendant des semaines ou des mois, forçant les vendeurs à prendre des décisions difficiles. 

Comme elle ne suscitait pas beaucoup d’intérêt avec son annonce, Mme Tebb y a mis fin et a plutôt transformé le loft en immeuble locatif. 

«Tout le monde disait “personne ne cherche ou ne visite plus rien”, alors nous avons baissé le prix (…) et nous avons eu quelques visites ; puis, rien, aucune offre.» 

La firme immobilière Strata a constaté une augmentation du nombre de personnes qui, comme Shannon Tebb, ont retiré leur propriété du marché. 

En janvier, alors que le marché était toujours très actif, 380 inscriptions de copropriétés ont été annulées dans la région du Grand Toronto, alors que celles−ci se sont dénombrées à 2822 en juin, une augmentation de 643%, selon Strata. 

«Nous voyons beaucoup de vendeurs qui n’obtiennent tout simplement pas le prix qu’ils souhaitent et ils se disent: “nous allons attendre” ou “je ne veux pas vendre à un prix inférieur de 50 000$ à ce que mon voisin a obtenu il y a un mois parce que c’est beaucoup d’argent”», a illustré Anna Wong, représentante chez Strata. 

«Nous étions dans un marché de vendeurs depuis un certain temps […] et en ce moment, les vendeurs ont du mal à s’adapter.» 

 

Regain de vie du marché locatif 

L’ACI a constaté que le prix national moyen des maisons en juin avait diminué de 2% par rapport au même mois l’an dernier, pour s’établir à 665 849$. Sur une base désaisonnalisée, il était en baisse de 4% par rapport au mois de mai. 

«Nous voyons certains vendeurs rester sur le marché. Ils inscrivent leurs propriétés en essayant d’obtenir les prix d’hier et ils restent pendant de longues périodes», a observé Dan Campanella, un courtier de Keller Williams Advantage Realty, qui représentait Shannon Tebb. 

Certains retirent leurs annonces et continuent à vivre dans leur propriété en attendant un meilleur moment pour vendre, mais d’autres qui n’arrivent pas à obtenir le montant souhaité en profitent pour se tourner vers le marché locatif, en plein essor. 

La firme de recherche Urbanation a récemment annoncé que la baisse des taux d’inoccupation à Toronto au deuxième trimestre avait fait grimper le loyer moyen à 2533$, avec un record de 3,57 $ le pied carré, en hausse de 5,9% au deuxième trimestre par rapport au premier. 

Rentals.ca a également constaté que les loyers moyens au Canada avaient augmenté de 9,5% par rapport à l’année précédente. Les loyers de Vancouver ont fait un bond de 24,7% par rapport à l’année dernière et ceux de Calgary ont enregistré une augmentation de 26,1%. 

Dan Campanella décrit le marché locatif comme «en feu», en grande partie en raison des premiers acheteurs potentiels. 

«Lorsque leur pouvoir d’achat baisse considérablement, ils ne peuvent pas acheter leur première copropriété, mais ils doivent quand même déménager au centre-ville, ce qui signifie qu’il y a de plus en plus de personnes à la recherche d’une location», a-t-il expliqué. «Les prix montent en flèche.» 

Anne Hermary, conseillère en immobilier à Vancouver pour Royal LePage Westside, a également constaté un regain du marché locatif. 

Bien qu’elle n’ait pas encore eu à composer avec un retrait d’inscription, elle soupçonne que certains vendeurs ne se lanceront pas sur le marché en raison des conditions actuelles. 

«En me fiant à ma base de clients qui ont des propriétés, je sens qu’ils n’ont pas nécessairement besoin de vendre ou de déménager, il n’y a aucun facteur de motivation pour le moment», a-t-elle souligné. 

«Ils ont peut-être pensé à acheter [un plus petit logement]. Ils attendent de voir ce qui se passera.» 

Les acheteurs sont également dans l’attente, a ajouté Anne Hermary. 

«Certains sont complètement sortis du portrait maintenant, parce qu’ils ne peuvent pas obtenir une approbation de financement pour ce qu’ils espèrent acheter, mais d’autres attendent simplement parce qu’ils sentent que le marché va continuer à faire baisser les prix.» 

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