Gestion de projet: «Montréal est capable de réaliser des projets exemplaires»


Édition du 09 Novembre 2013

Gestion de projet: «Montréal est capable de réaliser des projets exemplaires»


Édition du 09 Novembre 2013

Par Suzanne Dansereau

L'architecte Marie-Claude Le Sauteur. Photo : Gilles Delisle

Toute menue et souriante, l'architecte Marie-Claude Le Sauteur affiche la fierté du travail bien accompli. «À chaque étape, nous avons visé l'exemplarité», dit-elle à Les Affaires lors d'une visite de la Bibliothèque du Boisé, dans l'arrondissement Saint-Laurent de la Ville de Montréal, colauréate du prix Projet de l'année décernée par PMI-Montréal.

«Le fait d'avoir figuré parmi les finalistes [et d'avoir remporté le prix] est exceptionnel pour la Ville, ajoute-t-elle. C'est important, parce que cela démontre que Montréal est capable de réaliser des projets exemplaires.»

La Bibliothèque du Boisé est un projet immobilier de 25 millions de dollars qui a démarré en 2008 et s'est terminé par l'inauguration, en juillet dernier, d'une vaste bibliothèque du 21e siècle, plurielle et verte, ouverte sur un magnifique boisé.

Son architecture a été réalisée par le consortium Cardinal Hardy/Labonté Marcil/Éric Pelletier et a remporté quatre prix à ce jour : le Prix d'excellence 2010 de la revue Canadian Architect et trois prix d'architecture décernés par le Canadian Institute of Steel Construction (prix coup de coeur du jury, prix vert et prix pour un immeuble institutionnel).

Le bâtiment s'ajoute à une ancienne bibliothèque datant des années 1960, devenue vétuste depuis que la population de l'arrondissement a triplé, passant à quelque 100 000 habitants. Elle occupe 6 000 mètres carrés fort bien signalisés et abrite 140 000 documents flambant neufs, des salles de réunion pour les étudiants, une salle d'animation et un coin de contes pour les tout-petits, plusieurs appareils de visionnement, ainsi que des espaces de lecture modernes où la vue sur le boisé est parfois époustouflante, grâce aux murs-rideaux vitrés.

La Bibliothèque abrite aussi une salle d'exposition et la réserve muséale du Musée des maîtres et artisans du Québec, avec qui elle a conclu un partenariat.

Elle vise la certification LEED Or, grâce à une économie d'énergie de 64 % réalisée par le recours à un système géothermique. Sur le plan architectural, signalons deux prouesses : une passerelle extérieure construite par-dessus le bâtiment qui donne aux piétons un accès au boisé ; et un plafond de bois qui s'étend en soffite à l'extérieur de l'immeuble.

Une équipe

Pour mener à bien ce projet novateur, ambitieux et fort complexe - ayant nécessité une centaine d'intervenants -, la direction de l'arrondissement Saint-Laurent a constitué une équipe de sept personnes qui se sont entièrement consacrées au projet à partir de 2008. Selon Mme Le Sauteur, n'eût été cette équipe, il aurait été «très difficile» de réaliser le projet dans les règles de l'art, «d'obtenir, par exemple, la subvention du Fonds municipal vert ; de réussir le prolongement en soffite du plafond de bois qui à lui seul a demandé huit mois de démarches ; de réussir le toit vert, dont la réglementation n'arrêtait pas de changer ; de faire changer la loi sur la fiscalité municipale pour louer un espace à la réserve muséale...»

L'architecte signale qu'elle a suivi «à la lettre» les neuf processus de gestion de projet du PMI.

Une charte

De plus, son équipe a adopté une charte de projet, un autre outil de gestion innovateur, quoique peu répandu, mais qu'elle juge essentiel. «C'est la bible d'un projet. Oui, c'est long à faire, mais une charte élimine les zones grises, car elle organise le projet pour tous les intervenants. Cela vous empêche de vous trouver dans une situation où, plus tard, quelqu'un vous dit : Ah ! je ne savais pas que c'était à moi de faire cela». Le projet a eu son comité de pilotage, qui informait tous les intervenants de l'évolution du projet, même lorsque cela ne les concernait pas directement. L'équipe a également jugé bon de donner une présentation spéciale à l'intention de l'entrepreneur général, histoire de le mettre dans le coup.

Un suivi serré des modifications

Autre facteur de succès : tous les suivis de modifications ont été cadrés. Chaque demande de modification était notée, avec le sujet, la date et la justification. «Cela a beaucoup aidé à contrôler la portée du projet, souligne Mme Le Sauteur. Toutes les décisions étaient documentées, ce qui nous rendait très à l'aise dans nos choix.»

Pour aider à la gestion des coûts, on a eu recours à une session d'analyse de la valeur, une démarche qui permet de répondre à la question suivante : met-on l'argent au bon endroit ?

Le fait que les deux têtes fortes de l'équipe aient été celles d'une architecte (Marie-Claude Le Sauteur) et d'une comptable (Édith Tremblay) a beaucoup joué, estime la première. «Je crois que cela fut une combinaison gagnante : souvent, elle et moi avions une confrontation saine qui nous permettait de mieux savoir où il fallait investir.»

Pour ce qui est de la gestion de risques, Mme Le Sauteur estime que l'effort mis dans de bonnes études d'avant-projet a porté ses fruits. Tout comme le fait de préparer pendant un an la mise en service de la Bibliothèque, qui en a demandé trois mois. Finalement, les efforts mis dans la planification ont rendu l'exécution plus facile.

Tout comme la volonté du directeur de l'arrondissement de faire de la Bibliothèque un projet stratégique. «Quand je téléphonais aux Travaux publics, on me rappelait dans l'heure.» Pour que les autres gestionnaires de projet puissent en bénéficier, l'équipe de Mme Le Sauteur a créé une base de données des leçons apprises. Les arrondissements peuvent la consulter.

 

Le Gala Élixir

Le Gala Élixir, qui vise à souligner l'excellence en gestion de projet au Québec, s'est tenu le 6 novembre au Centre des sciences de Montréal. Organisé par le PMI-Montréal, la section locale de Project Management International, il a récompensé les projets de l'année 2013 qui se sont démarqués par leur rendement supérieur. 

Le jury a attribué le premier rang à deux projets : la Ville de Montréal et l'arrondissement Saint-Laurent, pour la création de la Bibliothèque du Boisé, et le consortium SNC-Lavalin/Hatch, pour la phase 1 du Projet AP60, qui consistait en l'installation des 38 premières cuves d'électrolyse de type AP60 alimentées à 600 kA sur le Complexe Jonquière.

Les deux autres finalistes ont été L'Espace pour la vie (réalisation du planétarium Rio Tinto Alcan) et Genivar (réhabilitation des Mines Gaspé, Murdochville, Québec, de Xstrata Copper Canada).

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