Commission Charbonneau: le promoteur du Roccabella nie tout lien avec la mafia

Publié le 12/03/2014 à 14:00

Commission Charbonneau: le promoteur du Roccabella nie tout lien avec la mafia

Publié le 12/03/2014 à 14:00

Un enquêteur a lié Giorgio Tartaglino, promoteur du Roccabella, à Vito Rizzuto mercredi à la Commission Charbonneau. Photo: Gilles Delisle

Le promoteur du Roccabella, mégaprojet de condos en construction devant le Centre Bell, nie avoir participé au financement du projet 1000, de la Commune Est, contrôlé par la mafia, tel qu’entendu mercredi à la Commission Charbonneau. Giovanni, fils du riche homme d’affaires monégasque Giorgio Tartaglino, assure aussi que des proches de la pègre n’ont pas pris en main la construction des copropriétés ultra-luxueuses du Roc Fleuri, dans le centre-ville.

Joint par Les Affaires, le fils de Giorgio Tartaglino est catégorique: «On n’a jamais financé de près ou de loin le 1000, de la Commune», dit-il. Le jeune homme de 25 ans vient de prendre certaines responsabilités à Montréal pour le groupe de son père, lui-même domicilié à Monaco. Il dit ne pas pouvoir donner plus de détails, puisqu’il était «un peu jeune à l’époque», au début des années 2000.

Selon le témoignage de l’enquêteur Éric Vecchio et l’écoute électronique présentée aux commissaires, Tony Magi, alors proche de feu le parrain Vito Rizzuto, a recruté Giorgio Tartaglino comme investisseur dans son projet du 1000, de la Commune Est. En échange, le promoteur aurait eu droit à une part de 6 % dans la propriété du projet.

Le promoteur Terry Pomerantz aurait aussi investi dans le projet et aurait lui aussi eu droit à 6 % des parts, tout comme Vito Rizzuto, en échange de son rôle d’entremetteur et de médiateur.

Giovanni Tartaglino nie aussi que Tony Renda, un autre proche de Vito Rizzuto et de son fils Nick, ait travaillé à la construction du Roc Fleuri, le grand projet de condos de luxe qu’a érigé son père à compter de 2003 au centre-ville. «Ce n’est pas vrai du tout, assure-t-il. Tony Renda c’était un de nos employés ; c’était la personne qui devait s’occuper de donner les contrats. Ça n’a rien à voir.»

Les Affaires a toutefois retrouvé au Registre des entreprises la fiche de GTR Construction, une ancienne coentreprise de Giorgio Tartaglino avec Tony Renda dissoute en 2007. «C’était pour autre chose», dit le fils, Giovanni. Quoi ? «Je suis incapable de vous répondre.»

Giorgio Tartaglino construit en ce moment le Roccabella, boulevard René-Lévesque Ouest. Le mégaprojet, le plus avancé des quatre en construction devant le Centre Bell, comprendra à terme deux tours de 40 étages et 298 logement de luxe chacune.

Promoteur discret

Presque inconnu au Québec, le Monégasque a racheté un terrain de Tony Accurso à prix d'or juste à côté du terrain du Roccabella, quelques jours avant l'arrestation de l'homme d'affaires controversé, en avril 2012.

Le vieux routier de l'immobilier a fait son premier achat ici il y a près de 40 ans. Pendant des années, Giorgio Tartaglino est resté discret. Jusqu'en 1992, il se consacrait plutôt à l'entreprise familiale d'exploitation forestière au Nigeria. Les investissements montréalais étaient confiés à son partenaire Monit International, un grand propriétaire et gestionnaire dirigé par Barry Kotler. «Je venais au Canada de deux à quatre fois par année, pour deux ou trois mois», racontait Giorgio Tartaglino lors d’une rencontre avec Les Affaires en 2012.

Mais au début des années 2000, il se fait plus visible dans le petit monde de l'immobilier. Giorgio Tartaglino achète alors deux terrains stratégiquement situés en plein coeur du centre-ville. En 2003, il construit sur l'un d'eux son premier projet, le Roc Fleuri, une tour de copropriétés à l'angle du boulevard de Maisonneuve et de la rue Drummond, dans laquelle Tony Renda était impliqué, selon l’écoute électronique déposée à la Commission Charbonneau.

En plein Golden Square Mile, le quartier le plus prestigieux du centre-ville, l'immeuble de 24 étages met l'accent sur le luxe et la haute sécurité.

Le début des investissements de Giorgio Tartaglino à Montréal remonte à 1973. «C'était une mauvaise période en Europe, raconte-t-il. Nous avions peur du communisme... Je suis venu de Turin pour investir mon argent de même que celui de ma famille et d'amis.»

C'était deux ans après la mort de son père. À 20 ans, Giorgio Tartaglino devait prendre le relais et voulait réinvestir le trésor de son clan, qui a fait fortune dans le bois africain.

«J'ai rencontré une personne en Italie, à l'époque, qui avait acheté l'un des premiers immeubles revendus par Barry Kotler», explique Giorgio Tartaglino. C'est ce qui l'a amené ici. «À l'époque, j'avais envisagé New York, Montréal et Toronto, dit-il. Mais les deux autres villes m'effrayaient, parce qu'elles comptent plus d'un centre-ville.»

Citoyen italien, résident monégasque s'étant enrichi en Afrique, le promoteur partage aujourd'hui ses investissements entre Montréal et Nice, où il exploite des locaux commerciaux. La structure de propriété de ses entreprises témoigne d'ailleurs de ces racines diverses... et de son goût pour l'investissement à l'étranger. Ses sociétés immobilières appartiennent à MC International SA, enregistrée au Luxembourg.

Jusqu'en 2009, Giorgio Tartaglino détenait également deux immeubles de bureaux avec sa soeur, Ornella, également dans le centre-ville de Montréal. Le 606, rue Cathcart et le 550, rue Sherbrooke Ouest appartiennent indirectement à Tersar Finance Luxembourg SA, enregistrée en Suisse.

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