Réseau routier: le monde des affaires réclame du leadership

Publié le 17/06/2011 à 14:50, mis à jour le 17/06/2011 à 18:58

Réseau routier: le monde des affaires réclame du leadership

Publié le 17/06/2011 à 14:50, mis à jour le 17/06/2011 à 18:58

Par La Presse Canadienne

Le milieu des affaires ressent déjà l'impact de la fermeture du pont Honoré-Mercier et réclame à son tour des gouvernements une meilleure coordination des travaux et davantage de leadership.

"C'est un peu chaotique comme gestion, on a l'impression qu'il n'y a pas de coordination", a indiqué Martine Hébert, vice-présidente pour le Québec de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui représente les PME.

La FCEI, le Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui représente la grande entreprise, et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain se disent très inquiets de la situation.

"On fait face à un réseau qui est sur le bord de la catastrophe en permanence, a laissé tomber Michel Leblanc, président de la Chambre. La moindre anomalie qui force à fermer une voie fait en sorte que le réseau bloque complètement."

C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est produit jeudi et vendredi matin. Dans ce dernier cas, un défoncement de dalle a forcé la fermeture d'urgence d'une voie sur le pont Honoré-Mercier, causant un énorme bouchon en pleine heure de pointe. Une première réparation temporaire n'a tenu le coup qu'une demi-heure et une seconde en après-midi devait permettre la reprise de la circulation sur deux voies pour le retour à la maison, en attendant une solution plus durable à réaliser durant la nuit de vendredi à samedi.

Jeudi, un autobus est tombé en panne en direction sud sur le pont Champlain, laissant une seule voie vers la rive-sud entre la pointe ouest de l'île et le pont Jacques-Cartier et provoquant à nouveau un embouteillage monstre.

Sur le plan économique, les impacts se font déjà sentir, raconte Michel Leblanc.

"Les gens se plaignent d'avoir des employés qui arrivent en retard le matin parce que les routes étaient bloquées, qui demandent de quitter plus tôt le soir ou qui sont mal pris parce qu'ils doivent aller chercher les enfants à la garderie ou passer par l'école et ils savent qu'il y aura congestion. Ça devient un enjeu de productivité", a dit le président de la Chambre de commerce.

Cette problématique affecte particulièrement les PME, souligne Mme Hébert.

"Quand vous êtes une petite entreprise avec quatre employés et que deux arrivent en retard à dix heures plutôt qu'à l'ouverture du commerce, à neuf heures, parce qu'ils habitent la rive-sud, c'est 50 pour cent de votre main-d'oeuvre qui n'est pas là", dit-elle.

De plus, la possibilité d'une surcharge pour la livraison et la cueillette de marchandises sur l'île de Montréal, évoquée par l'industrie du camionnage, représente une menace additionnelle pour les gens d'affaires.

Par ailleurs, un autre genre d'impact risque de se manifester dès ce week-end, si l'on se fie au "cyberbruit".

"Sur les réseaux sociaux, explique Martine Hébert, des gens disent qu'ils n'iront plus à Montréal pour faire des achats, qu'ils n'iront plus magasiner dans les petites boutiques parce que c'est impossible de circuler. Pour nous, c'est inquiétant."

Les trois organismes réclament de tous les gouvernements qu'ils cessent d'improviser et d'agir en réaction constante.

"Il faut d'abord améliorer l'information pour que les gens aient accès à une information instantanée en temps réel sur la situation du trafic, affirme Yves-Thomas Dorval, président du CPQ. Mais plus fondamentalement, il doit y avoir une coordination multipalier gouvernementale."

Michel Leblanc s'étonne à cet effet de l'incapacité totale des autorités de prendre des décisions pourtant simples et évidentes.

"Sur le pont Jacques-Cartier en direction de Montréal le dimanche, la voie du milieu est fermée. Comment se fait-il qu'au moment où on ferme des voies sur le pont Champlain on n'a pas ouvert une troisième voie vers Montréal? C'est ce genre de planification et de décision rapide pour alléger le système qui fait défaut", déplore-t-il.

Et surtout, quelqu'un devra faire preuve de leadership, ajoute Mme Hébert. "À un certain moment, il faudra que quelqu'un assume cette responsabilité de coordination et prenne les mesures qui s'imposent", lance-t-elle.

Les porte-parole du milieu des affaires rappellent que la fermeture partielle du pont Mercier est venue déséquilibrer une situation déjà très fragile avec les problèmes de l'échangeur Turcot et du pont Champlain ainsi que les travaux réguliers à plusieurs endroits stratégiques. À cela s'ajoutent des décisions en matière de circulation prises dans certains arrondissements de Montréal sans se soucier de leur impact sur les arrondissements voisins, ainsi que les fermetures de rues pour différentes activités estivales.

Selon M. Dorval, la liste d'épicerie en matière d'infrastructures n'augure rien de bon.

"C'est un cauchemar qui va durer plus que 10 ans: il y a l'échangeur Turcot, le pont Mercier, le pont Champlain et il y a aussi des recommandations pour faire des rénovations au tunnel Louis-H. Lafontaine et au pont Jacques-Cartier. Donc on en a pour un 15, 20 ans", dit-il.

Il dénonce au passage le manque de vision à long terme des gouvernements successifs.

"Tout ce qui s'appelle entretien ou vision à long terme n'est pas très implanté dans le système de gouvernance actuel. On veut se faire réélire après quatre ou cinq ans, on répond à ceux qui crient le plus fort. (...) En situation de déficit, on a décidé de désinvestir dans l'entretien pour investir dans ce qui, politiquement, rapporte davantage", dit M. Dorval.

La Chambre de commerce a réalisé en 2003 une étude qui chiffrait le coût de la congestion à 1,4 milliard $ par année. Il est clair que la facture a grimpé, selon son président.

"En 2011, c'est certain que c'est pire. Est-ce que c'est 50 pour cent de plus? On ne le sait pas. Mais c'est absolument certain que c'est au-dessus de 1,5 milliard $", affirme Michel Leblanc.

Qui plus est, le coût de la négligence des infrastructures risque de s'alourdir à plus long terme.

"Des promoteurs immobiliers sur la rive-sud peuvent commencer à sentir un flottement, explique Yves-Thomas Dorval. Des nouvelles clientèles qui voulaient peut-être s'établir dans des projets immobiliers sur la rive-sud commencent peut-être à se demander si elles ne devraient pas s'installer ailleurs."

Michel Leblanc signale à cet effet que l'on constate une forte hausse de la demande pour des condos au centre-ville, dont une bonne partie provient de banlieusards désireux de se rapprocher du travail.

M. Dorval voit aussi poindre une autre conséquence potentielle. "Ça crée une menace additionnelle pour le recrutement. Pour les trois prochaines années, il y aura 300 000 emplois à combler dans la grande région de Montréal. Si les candidats ont des préoccupations face au transport, ça soulève des inquiétudes", dit-il.

Outre les impacts purement économiques, le milieu des affaires déplore de plus une aggravation de la pollution atmosphérique générée par les véhicules immobilisés dans les bouchons et dont les émissions augmentent selon la durée du trajet.

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