Québec veut se rapprocher des États-Unis

Publié le 23/02/2010 à 10:00

Québec veut se rapprocher des États-Unis

Publié le 23/02/2010 à 10:00

Par François Normand

Le gouvernement Charest a récemment présenté sa nouvelle stratégie, au moyen de laquelle il espère renforcer les relations du Québec avec les États-Unis, du commerce à la culture en passant par les exportations d'électricité. Mais Québec en fait-il assez ?

Cette stratégie, présentée en début janvier vise cinq objectifs : contribuer à la sécurité du continent nord-américain; favoriser les échanges économiques; assurer le leadership du Québec en énergie et en environnement; encourager le partage de la diffusion de la culture québécoise; accroître la capacité d'action du Québec aux États-Unis et développer une meilleure connaissance de ce pays au Québec.

La publication de ce document, qui comprend 38 mesures pour redynamiser les relations Québec-États-Unis, tombe à point. Les exportations des entreprises québécoises chez nos voisins du Sud battent de l'aile et notre voix se fait difficilement entendre - comme celle du Canada - dans les couloirs du Congrès.

Depuis 2005, les exportations du Québec sont en déclin sur le marché américain. Pis encore, en 2008, elles sont retombées à leurs niveaux de la fin des années 1990. L'appréciation du huard par rapport au dollar américain y est pour quelque chose, sans parler de la crise économique qui a fortement secoué les États-Unis.

Il faut dire aussi que la compétition internationale sur le marché américain est de plus en plus vive, principalement celle de la Chine. La deuxième économie mondiale - la Chine vient de dépasser le Japon à ce chapitre - exporte maintenant davantage aux États-Unis que le Canada.

Des mesures suffisantes

La compétitivité des entreprises québécoises est donc aussi en cause. Pour faire leur place aux États-Unis, nos exportateurs doivent être de plus en plus productifs; c'est le nerf de la guerre pour vendre nos produits à des prix concurrentiels. Les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) martèlent ce discours depuis des années.

Or, la stratégie américaine du gouvernement ne propose aucune nouvelle mesure pour stimuler l'efficacité de nos entreprises.

En entrevue aux Affaires, le ministre des Relations Internationales, Pierre Arcand, défend la stratégie de son gouvernement. Il plaide que les exportateurs québécois ont déjà accès à plusieurs programmes du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation pour améliorer leur productivité.

" Nos entreprises doivent être efficaces pour exporter partout dans le monde, et pas seulement sur le marché américain, dit M. Arcand. C'est pour cette raison que nous n'avons pas jugé bon d'ajouter des mesures spécifiques sur la productivité dans notre stratégie. "

La politique gouvernementale vise plutôt à appuyer les entreprises performantes, qui ont plus de chances de percer le marché américain. De plus, le gouvernement québécois mènera plusieurs interventions de démarchage dans les secteurs prioritaires de l'administration Obama, comme les énergies vertes et le transport en commun.

Trop peu, trop tard pour Hydro-Québec ?

Pour ce qui est de l'énergie, Québec veut faire plus de représentations auprès des élus américains pour assurer un meilleur accès à notre hydroélectricité aux États-Unis. Toutefois, cette priorité est déjà compromise par deux projets de lois au Congrès; le premier a été adopté en juin à la Chambre des représentants, le second est à l'étude au Sénat.

À moins d'un revirement spectaculaire, le Congrès ne reconnaîtra pas l'électricité produite à partir des réservoirs d'eau des grands barrages comme une énergie renouvelable. Par conséquent, la demande aux États-Unis pour l'énergie d'Hydro-Québec pourrait être moins élevée que prévu au cours des prochaines années, selon certains analystes.

Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie à l'Université Laval, croit que cette non-reconnaissance aurait même un impact à la baisse sur le prix des contrats d'approvisionnement à long terme que la société d'État ratifie avec certains États comme le Vermont.

Le ministre rétorque qu'aucune décision définitive n'a encore été prise : " C'est actuellement devant le Sénat, le processus législatif n'est pas terminé ", dit Pierre Arcand.

Le ministre laisse entendre que le Congrès pourrait atténuer ou modifier sa position. Ce n'est pas impossible, mais du reste peu probable, selon des analystes.

Le ministre dit également que plusieurs acteurs américains voient l'hydroélectricité comme une énergie propre et renouvelable, comme les gouverneurs du Nord-Est du pays, certains élus de l'État de New-York ou la Federal Energy Regulatory Commission.

Or, dans ce dossier, des analystes de Washington font remarquer que c'est la position du Congrès qui compte, et non celle des gouverneurs, des organismes de réglementation ou même de la Maison-Blanche.

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