PKP et l'exercice du pouvoir

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

PKP et l'exercice du pouvoir

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Édition du 22 Mars 2014

Le «transnational»

À l'âge de 37 ans, lorsque Pierre Karl Péladeau prend le contrôle de l'entreprise bâtie par son père, cette dernière est une multinationale, dont 69 % (soit 4,8 milliards) du revenu annuel de 7 G$ provient du secteur de l'imprimerie. De plus, Pierre Karl Péladeau dit à qui veut l'entendre qu'il n'est pas un patron de presse, mais un industriel. Ce qui ne l'a pas empêché de faire l'acquisition de Sun Media en 1998, une transaction qu'il pilote avant même d'avoir accédé au poste de pdg. Le jour de sa conclusion, Pierre Karl Péladeau déclare : «C'est un grand jour pour le Canada».

Dans la foulée de l'acquisition, Pierre Karl Péladeau multiplie les rencontres au Canada anglais afin de bien cerner la personnalité des journaux Sun. Il rend ainsi visite à Barbara Amiel, ancienne chroniqueuse au Toronto Sun... et épouse du magnat de la presse Conrad Black. «Une fois installé dans notre maison, il a demandé à ma femme si j'étais là, relate l'ancien magnat, en entrevue au journal Les Affaires. C'était le cas, et nous avons parlé d'économie et de politique. [...] Il m'est apparu plus ouvert aux options politiques que son père.»

En 1999, Pierre Karl Péladeau confie à L'actualité qu'il s'organise pour ne jamais être présent dans un pays lors d'un scrutin. Il soutient alors s'abstenir de voter par souci d'efficacité. Ce n'est pas une façade, selon Isabelle Hervet, son épouse de 1994 à 2000. En effet, cette dernière ne percevait pas chez son mari des convictions souverainistes : «Je l'ai appris récemment [qu'il était souverainiste]. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'à l'époque, il n'était pas politisé».

En faisant l'acquisition du géant américain World Color Press en 1999, Imprimeries Quebecor, rebaptisée Quebecor Wold, devient le plus important imprimeur du monde. La division des imprimeries est alors le joyau de l'empire Péladeau. En 2002, lorsque des dirigeants de Quebecor World proposent d'acheter l'entreprise pour cinq milliards de dollars, Pierre Karl Péladeau est hors de lui. Les cadres ayant pris part dans l'offre d'achat, préparée avec le soutien de la société d'investissement Kohlberg Kravis Roberts, sont prestement chassés. Compte tenu de la faillite de Quebecor World, survenue six ans plus tard, c'est probablement la pire décision d'affaires prise par PKP.

Quebecor World génère alors des économies d'échelle en exerçant un contrôle des coûts serrés dans chacune de ses usines. Dans la famille Québecor, personne n'échappe au regard inquisiteur de Pierre Karl, pas même Charles Cavell, alors pdg de Quebecor World. Son fils Tyler Cavell, alors un employé de la société, témoigne : «J'étais dans le bureau de mon père lorsque Pierre Karl a jeté un dossier rempli de factures de taxi sur le bureau», évoque-t-il.

Lorsque Pierre Karl Péladeau décide de prendre personnellement les rênes de Quebecor World, en 2004, il se rend compte que ses presses sont vieillissantes et qu'elles accusent un retard technologique par rapport à celles de ses concurrents. De 2004 à 2006, il investit massivement dans l'achat de nouvelles presses, tout en se faisant insistant auprès de ses cadres pour qu'ils se départissent des employés dont ils peuvent se passer : «Il était toujours en train de demander aux directeurs d'usine si leur nombre d'employés était optimal ; la répétition augmentait la pression», explique David J. Blair, un cadre chez Quebecor World.

Selon ce dernier, l'investissement dans de nouvelles presses était tardif, mais absolument nécessaire. La stratégie aurait probablement même pu sauver l'entreprise dans d'autres circonstances. «La faillite de Quebecor World est attribuable à ce qui se passait alors dans le milieu bancaire et dans l'industrie de l'imprimerie commerciale, estime Shelly Lombard qui, en 2008, suivait la société en tant qu'analyste pour la firme new-yorkaise Gimme Credit. À l'époque, les banques étaient terrifiées.» Faute d'être en mesure de refinancer sa dette, Quebecor World a été contrainte de déclarer faillite en 2008.

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