Les diabétiques américains malades de la crise

Publié le 17/04/2009 à 00:00

Les diabétiques américains malades de la crise

Publié le 17/04/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Ainsi les diabétiques réduisent-ils le nombre de visites médicales, la fréquence de leurs analyses de sang et l'achat de médicaments, selon une analyse de l'Associated Press.

Les médecins ont constaté que leurs patients les consultaient moins souvent, quand ils viennent encore. Et s'ils demandent plus fréquemment une aide financière, voire une prise en charge totale, ils finissent aussi plus souvent aux urgences, d'après des patients et médecins interrogés.

Les ventes de médicaments les plus populaires et d'autres destinés à traiter et surveiller la maladie ont diminué depuis l'accélération de la crise économique à l'automne dernier, selon l'AP. Les chiffres montrent aussi que certains patients préfèrent l'injection d'insuline aux pilules, plus onéreuses, selon Brian Lasky, de la société IMS Health. "En décembre, les gens prenaient leurs décisions en termes de 'dois-je suivre cette prescription (...) ou faire des cadeaux de Noël à mes enfants?", dit-il.

Et pendant ce temps, le nombre de diabétiques ne cesse de grossir: 1,6 million d'Américains supplémentaires ont été diagnostiqués ne serait-ce qu'en 2007.

Des personnes présentant d'autres problèmes de santé se restreignent aussi, mais les diabétiques qui ne se surveillent pas de près s'exposent à des complications particulièrement graves: amputation, cécité, accident vasculaire cérébral, voire la mort.

La facture moyenne du traitement d'un diabétique s'élève à 350 (268 euros) à 900 dollars (689 euros) pour ceux qui ne possèdent pas d'assurance santé, et l'addition a augmenté avec l'arrivée de nouveaux traitements plus coûteux. Les soins d'urgence et une courte hospitalisation peuvent atteindre 10.000 dollars (7659 euros). Les complications à long terme peuvent coûter encore plus cher.

A Indianapolis, Eileen Collins, 48 ans, a essayé d'économiser sur les médicaments quand son mari a perdu son emploi et, de ce fait, son assurance. Faute d'argent pour son insuline, ses examens sanguins et ses médicaments, elle a demandé des échantillons gratuits et a pu obtenir quelques autres médicaments dans le cadre de programmes de génériques à 4 dollars par mois. Mais elle a cessé de prendre la plus grande partie de ses médicaments et a divisé ses doses d'insuline par deux pour faire durer son budget.

"Je ne pensais vraiment pas mettre ma vie en danger", explique Eileen Collins. "Je pensais que si je faisais simplement attention à ce que je mangeais (...), ça irait". Résultat: fin novembre, elle vomissait du sang et a dû se précipiter à l'hôpital.

Les médecins ont diagnostiqué une malnutrition, une anémie et une acido-cétose diabétique, un syndrome potentiellement mortel dû à un manque d'insuline et à un taux beaucoup trop élevé de sucre dans le sang. Elle a passé une semaine à l'hôpital.

Son histoire est loin d'être isolée.

Le Dr Steven Edelkman, de l'Université de Californie à San Diego, qui travaille pour une clinique entièrement subventionnée, a vu le flux de patients augmenter de 30% ces six derniers mois. "Un tiers, voire la moitié de ces gens ne prennent plus du tout leurs médicaments", affirme le Dr Edelman, qui a créé l'association de sensibilisation "Contrôler son diabète".

Le diabète se déclare lorsque le corps ne fabrique plus assez d'insuline ou ne l'utilise pas de façon efficace. La maladie peut être contrôlée par la surveillance du taux de sucre dans le sang (glycémie), un exercice physique régulier, un régime approprié, des médicaments, un bilan régulier.

Un diabète mal contrôlé peut entraîner de la fatigue, des troubles de la vision, une envie fréquente d'uriner, une gingivite, des infections et des lésions impossibles à soigner, des lésions des reins, du foie, du coeur et des yeux.

Aux Etats-Unis, les ventes de médicaments et de glycotests, notamment, diminuent alors même que le nombre de cas de diabète augmente, parallèlement à l'obésité. Selon l'Association américaine du diabète, plus de 24 millions d'Américains souffrent de diabète.

Aider les diabétiques à suivre leur traitement est une entreprise difficile que la crise n'a fait qu'aggraver, comme en témoigne l'histoire d'April Bumpus, 31 ans, en Géorgie.

Alors qu'elle se trouvait en convalescence après une intervention chirurgicale au printemps 2008, la jeune femme a perdu son emploi de représentante médicale et son assurance santé. En septembre, elle a dû échanger ses deux injections d'insuline qui contrôlaient parfaitement son diabète, contre une insuline plus ancienne et moins chère, à 100 dollars au lieu de 360.

"C'est comme si vous aviez la grippe" au moins une fois par semaine, confie April Bumpus, s'inquiétant des conséquences à long terme. "Ca m'effraie. Je peux faire un infarctus, un accident vasculaire cérébral, ou devenir aveugle".

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