Le torchon brûle entre l'administration Trump et la Fed

Publié le 20/11/2020 à 17:20

Le torchon brûle entre l'administration Trump et la Fed

Publié le 20/11/2020 à 17:20

Par AFP
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell

Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell (Photo: Getty images)

L'administration Trump s'est attirée les rares foudres de la Banque centrale américaine en refusant de prolonger certains programmes d'aide économique, une manoeuvre destinée, selon le camp démocrate, à savonner la planche à billets à la future administration Biden.

L'histoire commence au coeur du pouvoir économique des États-Unis, jeudi.

Le secrétaire au Trésor - l'équivalent américain du ministre de l'Économie - Steven Mnuchin, envoie un courrier à Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine - la Réserve fédérale.

Sa requête: ne pas prolonger au-delà du 31 décembre certaines aides mises sur pieds au printemps face à la crise économique naissante.

Dans sa lettre, Steven Mnuchin demande aussi à la Fed de retourner les fonds non utilisés, ce qui «permettra au Congrès de réaffecter 455 milliards de dollars», pour les prêter aux petites entreprises qui souffrent particulièrement de la situation, par exemple.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul, en quelque sorte.

Cette demande a fait bondir la Fed, qui a rapidement répondu par communiqué de presse, fait rare.

Elle y soulignait d'un ton diplomate qu'elle «préfèrerait que l'ensemble des mesures d'urgence mises en place pendant la pandémie de coronavirus continue de jouer son rôle important de soutien pour notre économie encore tendue et vulnérable».

Un autre responsable de la Fed, Charles Evans, président de l'antenne de Chicago, a même jugé vendredi matin la demande du Trésor «décevante».

Car ce courrier tombe au moment où les États-Unis font face à une recrudescence de la COVID-19, un coup dur pour les petits commerces, restaurants, bars, qui doivent de nouveau réduire leur activité.

Cette décision «représente un risque pour l'économie», estime Gregory Daco, analyste pour Oxford Economics, dans une note.

Pour que la crise économique ne s'accompagne pas d'une crise financière, le Trésor et la Fed avaient développé des systèmes de prêts aux entreprises de taille moyenne, aux collectivités locales, ou de garantie, pour que le crédit continue de fonctionner, en assurant les banques commerciales que l'argent qu'elles prêtent leur serait rendu même si les clients ne peuvent plus rembourser leur emprunt.

Mais les faibles montants finalement dépensés sont au coeur des critiques: «ils ont été peu utilisés, mais leur existence a été essentielle pour offrir un filet de protection fiable contre les tensions sur les marchés financiers», relève encore Gregory Daco.

 

«Politique de la terre brûlée»

Pour les démocrates, la décision est plus politique qu'économique, en pleine transition trouble entre Donald Trump et Joe Biden.

Pour eux, aucun doute, l'administration en place cherche à réduire la marge de manoeuvre de la future administration Biden lorsqu'elle prendra ses fonctions en janvier, et devra à son tour relever la première économie du monde.

Steven Mnuchin «pratique la politique de la terre brûlée pour mettre Joe Biden en difficulté politique», a dénoncé dans le New York Times le sénateur Ron Wyden.

Pour le sénateur démocrate Sherrod Brown, «il n'y a aucun doute, l'administration Trump et ses fayots du Congrès essaient activement de ruiner l'économie américaine».

«Depuis des mois, ils refusent de prendre les mesures nécessaires pour soutenir les travailleurs, les petites entreprises et les restaurants. Par conséquent, le seul outil dont nous disposons sont ces programmes», a-t-il fustigé.

Même la Chambre de commerce américaine s'est fendue d'un communiqué: «l'arrêt inattendu» de ces programmes «ligote de façon prématurée et inutile les mains de la prochaine administration», a déploré Neil Bradley, son président.

Cela «ferme la porte à d'importantes possibilités de liquidités pour les entreprises au moment où elles en ont le plus besoin», regrette l'organisation, qui penche traditionnellement côté républicain, mais dont le soutien au camp démocrate s'était accru à l'approche de l'élection présidentielle.

Côté républicain, Mike Crapo, président du comité bancaire du Sénat, estime que ces programmes ont fait leur travail: «les marchés ont été stabilisés, les liquidités augmentées et le crédit a coulé plus librement».

«Il ne s'agit pas d'un sujet politique», a tranché Steven Mnuchin, vendredi sur la chaîne CNBC.

«Comme la Fed l'a toujours dit, ce sont des outils d'urgence. Quand l'urgence est passée, rangeons-les. L'urgence médicale n'est peut-être pas terminée mais (...) les conditions financières sont bonnes», s'est-il défendu.

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