Hausse du salaire minimum au Québec: cadeau empoisonné pour les PME

Publié le 19/01/2017 à 11:55

Hausse du salaire minimum au Québec: cadeau empoisonné pour les PME

Publié le 19/01/2017 à 11:55

Par lesaffaires.com

La ministre du Travail Dominique Vien a annoncé ce jeudi matin à l'Assemblée nationale que le salaire minimum augmenterait le 1er mai prochain. Si le rythme de hausse adopté rassure, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que cela risque de créer certaines tensions.

Actuellement de 10,75 $ l'heure, l'augmentation de 50 cents cette année sera supérieure à toutes celles qui ont été déterminées depuis 2010, a indiqué la ministre en conférence de presse. Et à plus longue échéance, le gouvernement portera d'ici 2020 le salaire minimum à 12,45 $.

À la suite de l’annonce, la FCEI estime que plusieurs propriétaires de PME seront soulagés que le gouvernement n’ait pas consenti le 15 $/h, mais qu’ils auront besoin d’aide pour atténuer les impacts que la hausse prévue de 15,8 % sur quatre ans aura dans leur entreprise.

Il faut garder en tête l’effet domino, selon l'organisation représentative

«Lorsqu’on augmente le salaire des employés moins expérimentés de 4,7 % dans une année comme on le fait ici, cela crée une forte pression sur les PME qui, par équité, se retrouvent pressées d’accorder le même traitement à leurs employés cumulant davantage d’expérience ou de qualifications», a indiqué Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.

La FCEI prend l'exemple du taux de profit d’un petit commerce ou d’un petit restaurant, tournant autour de 1% à 3% annuellement: cela laisse peu de de marge de manœuvre.

«Surtout quand on considère que, sur quatre ans, les augmentations cumulées totaliseront autour de 16 %. Ça risque de faire mal si le gouvernement n’accorde pas de mesures d’atténuation, comme des allègements fiscaux sur la masse salariale, pour compenser ces pressions sur les coûts dans les plus petites entreprises», souligne la vice-présidente.

Région désavantagée

La FCEI a tenu à rappeler que, malgré les mesures fiscales mises en place par le gouvernement ces dernières années, les PME du Québec œuvrent encore dans un environnement d’affaires qui demeure désavantagé par rapport au reste du pays. Elles font face à un taux d’imposition qui se situe au double de la moyenne canadienne (8 % versus 4 % - sauf dans les secteurs manufacturier et primaire) et elles sont soumises à des cotisations sur la masse salariale qui sont 56 % plus élevées que dans le reste du pays.

«Cela sans oublier que plusieurs très petites entreprises du secteur du commerce de détail, des services, de la restauration, de l’hébergement et autres viennent de subir une hausse d’impôt de 48 % depuis le 1er janvier 2017 et que le gouvernement songe à augmenter les cotisations au Régime de rentes du Québec. Quand on additionne le tout, ça pèse lourd sur les épaules des PME qui, on le sait, dynamisent nos régions et fournissent la majorité des emplois au Québec. Nous espérons donc que le gouvernement n’oubliera pas les PME dans son prochain budget et qu’il leur proposera des baisses d’impôt et de taxes sur la masse salariale pour les soutenir», insiste Martine Hébert.

Enfin, la FCEI appuie les efforts du gouvernement en matière de lutte à la pauvreté et, en ce sens, elle privilégie les mesures qui permettent d’augmenter le revenu global disponible des travailleurs à faible revenu, comme l’exemption de base, les primes au travail ou les crédits d’impôt ciblés.

«Nous pensons qu’il est important d’aider les travailleurs à faible revenu. D’ailleurs, l’État, qui a la responsabilité de lutter contre la pauvreté, déploie déjà diverses mesures ciblées telles que des crédits d’impôt, des primes au travail ou des prestations pour enfants, et ce, dans le cadre d’un système fiscal progressif où le taux d’imposition des moins nantis est moindre. Bonifier ces mesures pour garantir aux familles à faible revenu davantage d’argent dans leurs poches nous apparaîtrait la meilleure voie à emprunter, à la fois pour nos travailleurs, pour nos PME et pour notre économie», a rappelé Mme Hébert.

Gouvernement à l'écoute

Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) constate que le gouvernement du Québec a été sensible aux demandes des détaillants.

«Les hausses modérées, réparties sur quatre années, permettront aux détaillants de s’ajuster», affirme le CQCD, tout en rappelant que l’enjeu de la pauvreté est global et complexe.

«La moitié des employés qui travaillent dans le secteur du commerce de détail sont à bas salaire. Ses principaux acteurs (les propriétaires et gestionnaires des commerces et bannières et le CQCD en particulier) sont donc très sensibles à cet enjeu. Toutefois, une hausse rapide et importante du salaire minimum aurait été très dommageable», souligne Léopold Turgeon, président-directeur général du CQCD.

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