Fini, les dirigeants unilingues anglophones à la Caisse

Publié le 15/11/2011 à 17:36, mis à jour le 15/11/2011 à 18:27

Fini, les dirigeants unilingues anglophones à la Caisse

Publié le 15/11/2011 à 17:36, mis à jour le 15/11/2011 à 18:27

Par La Presse Canadienne

Photo : Benjamin Nantel

La Caisse de dépôt et placement du Québec devra dorénavant s'assurer d'embaucher des dirigeants capables de s'exprimer en français, a tranché mardi le premier ministre Jean Charest.

Il juge carrément inacceptable l'unilinguisme de deux cadres supérieurs anglophones d'une filiale de la Caisse, Ivanhoé Cambridge, l'un des dix plus grands propriétaires immobiliers du monde avec un actif de plus de 30 milliards $.

Originaire de Vancouver, le président de l'exploitation d'Ivanhoé Cambridge, Kim McInnes, a une connaissance extrêmement limitée du français, tout comme le vice-président principal aux ressources humaines et services corporatifs, David Smith, un Torontois d'origine.

Tous les deux sont établis à Montréal et exercent leurs fonctions en anglais.

À l'Assemblée nationale, le premier ministre n'a pas caché son agacement face à cette situation qui touche l'un des symboles de l'émancipation des élites financières francophones. La Caisse, a-t-il dit, devra refaire ses devoirs.

"La Caisse de dépôt et placement du Québec va corriger le tir, va s'assurer que les choses se font conformément à nos valeurs et aux lois, d'autant plus que c'est une volonté qui est affirmée de la part de l'Assemblée nationale et de tous ses députés. Il va de soi que la Caisse doit fonctionner en français", a soutenu M. Charest.

En vertu de la loi, la connaissance appropriée du français est une condition d'embauche dans les administrations publiques. La Caisse de dépôt et ses filiales ne sont pas au-dessus des lois, a fait comprendre le premier ministre.

"La loi s'applique à tout le monde", a répondu M. Charest à sa vis-à-vis de l'opposition, Pauline Marois, qui lui demandait si le gouvernement comptait soumettre "la Caisse et toutes ses filiales" aux mêmes règles linguistiques que le reste de l'administration publique.

Aux yeux de la chef du Parti québécois, la présence de deux cadres unilingues anglophones à des postes de haut niveau témoigne de "l'anglicisation" du "Bas de laine" des Québécois sous la gouverne de Michael Sabia, un anglophone bilingue.

Il est "hors de question de laisser la direction actuelle de la Caisse nous ramener 35 ans en arrière", a lancé la leader péquiste, rappelant que M. Sabia avait pris l'engagement de protéger le français comme langue de travail à la Caisse de dépôt.

Deux importants dirigeants d'une division de la Caisse ignorent la langue officielle du Québec et imposent "que des réunions du comité d'investissement se déroulent en anglais", a dénoncé Mme Marois.

En octobre dernier, l'Office québécois de la langue française a été saisi de plaintes d'employés d'Ivanhoé Cambridge concernant la langue de travail. Les plaignants ont aussi fait parvenir une lettre au ministre des Finances et responsable de la Caisse, Raymond Bachand, ainsi qu'à la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois.

Au cours d'une entrevue, un porte-parole de la Caisse de dépôt a cependant assuré que le français était respecté comme langue de travail à tous les niveaux hiérarchiques de l'institution.

"Dans le quotidien, la langue de travail à la Caisse est le français, toutes les communications se font en français et on ne veut pas faire de compromis là-dessus", a fait valoir Maxime Chagnon.

MM. McInnes et Smith sont des cas d'exception mais des efforts sont faits pour améliorer leur connaissance du français, a poursuivi le porte-parole, faisant appel à la patience.

"Ce sont des gens extrêmement compétents. Ivanohé Cambridge est une société de calibre international et il faut s'assurer de mettre les meilleures ressources au bon endroit. Rien n'est parfait mais ils apprennent le français, ils font de gros efforts", a-t-il dit.

À la une

Budget fédéral 2024: l'art de se tirer dans le pied

17/04/2024 | Daniel Dufort

EXPERT INVITÉ. Le gouvernement de Justin Trudeau «s’autopeluredebananise» avec son «budget mémorable».

Gain en capital: pas une surprise

17/04/2024 | Dany Provost

EXPERT INVITÉ. «Combien d’impôt ça va vous coûter de plus?»

L'industrie technologique mécontente des mesures sur les gains en capital

Mis à jour le 17/04/2024 | La Presse Canadienne

L'industrie technologique est mécontente des mesures sur les gains en capital.