Dix-sept régions, 17 PME, et bien des attentes


Édition du 15 Mars 2014

Dix-sept régions, 17 PME, et bien des attentes


Édition du 15 Mars 2014

L'économie promet d'être un sujet dont on débattra amplement pendant la campagne électorale, étant donné le pedigree des candidats qui se sont récemment lancés dans la course. C'est une bonne chose, car les enjeux sont nombreux. Pour en prendre la mesure, nous avons demandé à des entrepreneurs issus des quatre coins du Québec, de préciser ce dont leur région a le plus besoin sur le plan économique. Le prochain gouvernement est mieux d'avoir une équipe forte en économie, car les attentes sont élevées.

ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Penser comme un entrepreneur
- Alain Laplante, vice-président et chef de la direction financière de Forage Orbit Garant

«Maintenant que le Québec a une loi sur les mines, l'Abitibi-Témiscamingue respire mieux. La loi réduit l'incertitude. Les minières et les investisseurs savent maintenant à quoi s'en tenir. Mais le prochain gouvernement pourrait faire encore mieux s'il fixait des échéanciers aux processus prévus par la loi [permis, autorisations, etc.] et qu'il faudrait respecter pour avoir le droit d'opérer, croit Alain Laplante. La lenteur administrative augmente l'incertitude, les délais, les coûts. L'État québécois devrait aussi apprendre à penser comme un entrepreneur : celui-ci, pour survivre, a toujours deux choix : augmenter ses prix ou réduire ses coûts. Quand tout va bien, il peut augmenter ses prix. Mais il y a des limites à faire cela. Et quand l'économie va mal, il doit réduire ses coûts. Cela veut parfois dire de prendre des décisions difficiles. Chez nous, on est passés de 1 100 employés à 500 l'an dernier. L'État doit être capable lui aussi de prendre des décisions difficiles mais responsables, au lieu de constamment vouloir ménager la chèvre et le chou.» Suzanne Dansereau

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BAS-SAINT-LAURENT

Rapatrier les jeunes
- Stéphane April, pdg de Batitech

«La main-d'oeuvre qualifiée disponible et les frais de transport sont des enjeux importants. Nos industries ont besoin de travailleurs qualifiés pour trouver des créneaux particuliers dans leurs marchés, se développer et exporter leurs produits. Malgré la présence d'une main-d'oeuvre de qualité dans la région, il est difficile d'obtenir du personnel spécialisé, puisque nous sommes encore victimes de l'exode de nos jeunes vers les grands centres. Ils quittent la région pour étudier, et souvent, ils ne reviennent pas, créant ainsi une pénurie de travailleurs spécialisés. Il faut trouver le moyen de rapatrier nos gens en région, car ceux-ci aideront l'industrie présente, ou participeront au démarrage d'entreprises et créeront des emplois. Il faut aussi une aide financière aux entreprises pour les aider à pallier les coûts élevés liés au transport des marchandises d'exploitation et des produits finis. Comme nous sommes loin des agglomérations et des ports de mer, cela complique la distribution et l'exportation des produits. Souvent, on doit acheter du matériel dans les grands centres, le transformer et le retourner là-bas pour le vendre, ce qui devient très coûteux. Comme il n'y a plus de subvention pour aider à contrer ces frais de transport, il faudrait trouver un moyen financier pour compenser.» Pierre Théroux

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CAPITALE-NATIONALE

Morceler les contrats en TI
- Joé Bussière, président de Libéo et de Cinoche.com

En tant qu'entrepreneur en TI, Joé Bussière attend du prochain gouvernement qu'il laisse aux PME de meilleures possibilités d'accéder aux contrats de ses ministères et d'organismes. «Les contrats sont donnés en trop gros morceaux et il faudrait les découper en plusieurs petits projets. Ce serait mieux géré, on éviterait les éléphants blancs et il y aurait plus de concurrence, car peu de firmes ont la force de travail pour pouvoir gérer les gros projets», remarque celui qui a été nommé Jeune personnalité d'affaires 2013 de la Jeune Chambre de commerce de Québec dans la catégorie «Technologie et recherche». M. Bussière espère également que, dans son secteur d'activité, les délais de traitement des Crédits d'impôt pour le développement des affaires électroniques soient raccourcis. «C'est supposé aider à l'innovation et ça prend deux ans voir la couleur de l'argent ; c'est affreux !» déplore-t-il, en ajoutant qu'il faudrait aussi prévoir de l'aide à la commercialisation et à l'exportation. «On est bons pour stimuler l'innovation au Québec en général, mais pour la commercialisation, on est en retard par rapport à ce qui se fait chez nos voisins du Sud.» Valérie Lesage

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CENTRE-DU-QUÉBEC

Des fonctionnaires plus accomodants
- Richard Bourdeau, président de Sixpro et directeur général d'Aéronergie

«Il faut que les différents ministères, surtout ceux qui ont une vocation économique, aident davantage les entrepreneurs de la région. Malheureusement, des fonctionnaires ne sont pas toujours accommodants lorsqu'un entrepreneur doit se familiariser avec une nouvelle loi ou un nouveau règlement. On est plutôt dans la logique : "Toi, mon Joe, c'est la loi, débrouille-toi !" Parfois cependant, on découvre par hasard que des fonctionnaires avaient de l'information pertinente pour nous, et qu'ils auraient pu tout simplement la partager s'ils avaient été plus sensibles à notre réalité et à nos besoins. Mais non : il faut découvrir cette information par nous-mêmes ! On ne demande pas aux fonctionnaires d'être complaisants envers les entrepreneurs. Ils devraient simplement nous aider davantage et arrêter de nous considérer comme des gens qui veulent abuser du système. C'est souvent l'impression que j'ai lorsque je suis en contact avec certains ministères...» François Normand

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CHAUDIÈRE-APPALACHES

Réanimer le Nord
- Gilbert Trudeau, président de RCM Modulaire

Depuis six mois, le chiffre d'affaires de RCM Modulaire, entreprise beauceronne qui fabrique des habitations modulaires, a chuté de 75 % au Québec. Et depuis 2012, au sommet de son succès, elle a dû mettre à pied près de 200 employés. «Quand il y avait le Plan Nord, c'était superbe dans notre secteur d'activité pour le développement économique. On était très occupés. Est-ce la conjoncture mondiale ou les politiques gouvernementales, je ne sais pas, mais j'espère du prochain gouvernement qu'il réanime le développement du Nord», dit le président, Gilbert Trudeau. L'entrepreneur cherche à augmenter ses activités dans l'Ouest canadien pour compenser les pertes québécoises. Mais il voudrait aussi travailler dans sa province et y créer des emplois. Aussi, il attend du prochain gouvernement un plan d'action économique rassurant pour stimuler les investissements et la consommation. «Je ne veux pas parler de la Charte. La prospérité, les jobs : c'est ça qui est prioritaire. Il faut créer de la richesse pour payer nos programmes sociaux, c'est la base. Mais des fois, on dirait qu'on crée des programmes pour s'endetter», déplore-t-il. Valérie Lesage

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CÔTE-NORD

Accroître la capacité ferroviaire et favoriser l'arrivée du gaz naturel
- Serge Langis, propriétaire, Metal 7 et CNS

«Si les politiciens faisaient moins de politique et plus de gestion, tout le monde s'en porterait mieux. Ils préfèrent parler de burka au lieu de s'intéresser aux vraies affaires, comme notre économie qui est en train de s'écrouler, juge Serge Langis. Sur la Côte-Nord comme ailleurs, trop d'argent est gaspillé dans la bureaucratie et pas assez dans les services. À Sept-Îles, nous perdons des médecins spécialistes et des infirmières diplômées parce que le gouvernement a mis la hache dans les services au lieu de couper dans l'administration de la santé. Cela n'a pas de sens. Je déplore aussi "la distribution des promesses" faites à la pièce en campagne électorale sans vision d'ensemble. Sur la Côte-Nord, on promet des bouts de route 138 [entre Baie-Comeau et Sept-Îles], alors qu'il faudrait la refaire au complet avec des zones de voies élargies. En affaires, on planifie, on se fixe des objectifs et on se donne les moyens pour les atteindre. Le gouvernement pourrait faire pareil. Deux dossiers sont prioritaires pour la Côte-Nord : augmenter la capacité de transport ferroviaire entre Sept-Îles et Schefferville, où plusieurs projets miniers sont en attente ou en dormance, et stimuler l'arrivée du gaz naturel dans la région, qui serait plus économique non seulement pour les entreprises, surtout celles qui font de la transformation, mais aussi pour la population.» Suzanne Dansereau

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ESTRIE

Soutenir les créneaux d'excellence Accord
- Gilles Pansera, président du CA et chef de la direction de Bestar et président du Groupe SFR

«Même si le secteur manufacturier a connu une baisse au cours des dernières années, il reste un facteur important de notre économie. En Estrie, l'emploi manufacturier se situe au-dessus de la moyenne provinciale, soit 18 % comparativement à 12 % dans l'ensemble du Québec. Pour soutenir cette activité, le prochain gouvernement devrait poursuivre les efforts déployés au cours des 10 dernières années autour de nos créneaux d'excellence Accord Estrie, soit les bio-industries environnementales, la biotech santé, les élastomères, la transformation du bois d'apparence et composites, les technologies de l'information et le transport terrestre. Pour permettre à ces activités de performer, il faudra intensifier l'action autour des éléments suivants : améliorer la productivité ; stimuler l'innovation ; favoriser l'arrimage entre les centres universitaires, collégiaux et les PME ; simplifier l'accessibilité au capital de risque local et à l'aide provenant des gouvernements ; favoriser la formation et l'adaptation de la main-d'oeuvre aux nouvelles technologies ; recruter de la main-d'oeuvre externe pour compenser la décroissance de la population active.» Pierre Théroux

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GASPÉSIE-ÎLES-DE-LA-MADELEINE

Prioriser les infrastructures de transport
- Marjolaine Castonguay, pdg de Pesca Environnement

«Le gouvernement doit investir ou favoriser les investissements dans les infrastructures de transport en Gaspésie, et ce, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises. Pour faire des affaires de manière efficace, il faut de meilleures routes, de meilleurs ports, sans parler d'un réseau ferroviaire à point. Par exemple, de plus grands ports pourraient inciter des entreprises locales à utiliser ce type de moyen de transport pour expédier leurs marchandises à leurs clients à l'extérieur de la région. Les aéroports en Gaspésie sont aussi des infrastructures stratégiques, notamment pour le déplacement des personnes, qu'il ne faut pas négliger. Par ailleurs, de bonnes infrastructures de télécommunications sont également très importantes pour les entreprises d'ici afin de transférer des données. Par exemple, Pesca est une firme de consultants. Nous devons donc transférer régulièrement des données à nos clients au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, sans parler des vidéoconférences que nous avons avec eux. Il nous faut donc le meilleur réseau Internet possible. L'état des infrastructures en Gaspésie n'a jamais nui à notre développement. Par contre, nous pourrions avoir une croissance plus forte si elles étaient de meilleure qualité.» François Normand

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