Crise Canada-Chine: un ralentissement économique est improbable

Publié le 18/12/2018 à 10:41

Crise Canada-Chine: un ralentissement économique est improbable

Publié le 18/12/2018 à 10:41

Par François Normand

Le président chinois Xi Jinping (source photo: Getty)

Même si la crise diplomatique avec la Chine devait s'accentuer, le Canada court peu de risque que cela ne provoque un ralentissement économique, soutient la firme britannique de recherche Capital Economics.

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont tendues depuis que Pékin a fait arrêter deux Canadiens en Chine. Selon les analystes, il s’agit d’une riposte à l’arrestation à Vancouver, le 1er décembre, de la directrice du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou.

La police locale a arrêté la femme de 46 ans lors d'une correspondance à Vancouver.

Washington demande son extradition afin qu'elle réponde à des accusations de fraude liées à des contrats qu'elle aurait conclus avec l'Iran, ce qui contrevient aux sanctions américaines décrétées contre Téhéran.

Dans une note publiée ce lundi, Capital Economics souligne que la Chine pourrait imposer techniquement des mesures pouvant causer des dommages à l’économie canadienne si la crise diplomatique devait s’accentuer, tout en minimisant toutefois ce risque.

«Étant donné que le commerce du Canada avec la Chine est relativement petit, de telles mesures à elles seules seraient peu susceptibles de provoquer un ralentissement économique», écrit l’économiste Stephen Brown.

Dans le passé, la Chine a déjà utilisé des mesures afin de punir un partenaire commercial, en incitant les Chinois à boycotter ses produits et les touristes chinois à éviter ce pays.

Comment la Chine a puni la Corée du Sud en 2017

Par exemple, en 2017, Pékin a donné la consigne à ses citoyens de boycotter les produits sud-coréens et de ne pas visiter la Corée du Sud à la suite de la décision de Séoul de construire un bouclier anti-missile avec les États-Unis.

Cette campagne a retranché un point de pourcentage au PIB de la Corée du Sud dans le trimestre suivant la décision du gouvernement sud-coréen. Les économies des deux pays asiatiques sont très intégrées, souligne Capital Economics:

  • 25% des exportations sud-coréennes sont expédiées en Chine.

C’est une tout autre situation avec le Canada, même si la Chine est notre deuxième partenaire commercial après les États-Unis.

Selon Capital Economics, les exportateurs canadiens n’expédient que 5% de leurs marchandises en Chine. C’est beaucoup moins élevé avec les services à 3%, qui sont composés essentiellement des touristes chinois visitant le Canada.

Cela dit, des secteurs et des provinces sont plus à risque que d’autres si la crise s’intensifiait par l’imposition de mesures.

Les prodfuits des secteurs de l’agriculture, des matières premières et de la forêt sont les plus à risque, car ils sont expédiés en grande quantité en Chine, comme on peut le constater sur ce graphique.

Les principales provinces productrices de ces ressources - la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse – sont les plus vulnérables. La Colombie-Britannique est la plus à risque, car elle est la principale destination des touristes chinois au Canada.

Pour sa part, le Québec est relativement peu à risque, étant donné la nature et la taille de ses échanges avec la Chine.

En 2017, les exportations de marchandises du Québec en Chine se sont élevées à 2,9 milliards de dollars canadiens, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). C’est beaucoup moins qu’aux États-Unis (60,1 G$) mais plus élevé qu’en France (1,7 G$).

L’an dernier, les cinq principaux groupes de produits exportés en Chine étaient des véhicules de tourisme, des avions, du minerai de fer, du porc et des pâtes de bois.

 

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