Une montagne de dettes qui fait peur

Publié le 24/11/2009 à 16:49

Une montagne de dettes qui fait peur

Publié le 24/11/2009 à 16:49

Par Jean-Paul Gagné

C’est grâce à des emprunts massifs que la planète a évité une crise financière sans précédent et la pire dépression de son histoire récente.

Ces emprunts étaient nécessaires, quoi qu’en disent certains idéologues. Malheureusement, nous devrons bientôt attaquer la montagne de dettes que nous avons créée pour sauver le système financier international et protéger le niveau de vie de la majorité des citoyens.

Ce sera le cas pour tous les pays industrialisés, mais certains en souffriront plus que d’autres, à commencer par les États-Unis, où les programmes mis en place pour éviter la crise et pour relancer l’économie ont coûté extrêmement cher.

Les taux vont monter

Pour le moment, c’est le calme plat. L’économie peine à sortir de la récession, l’inflation est inexistante et la Récerve fédérale maintient son taux directeur à 0,25 %.

Le gouvernement américain peut ainsi financer sa dette en émettant des bons du trésor de trois mois à 0,25 %. Or, un gain de seulement un point de pourcentage des taux américain ferait bondir de 80 milliards le coût du service de la dette pour une seule année.

Le service de la dette du gouvernement américain, qui s’élève à 12 trillions de dollars, coûtera cette année 202 milliards, Or, celui-ci passerait à 700 milliards en 2019 selon une prévision conservatrice basée sur une réduction du déficit budgétaire, qui atteindra cette année 1,6 trillion de dollars.

Sachant que les taux d’intérêt vont remonter dès que l’inflation se pointera le nez et que la Réserve fédérale devra bien cesser un jour d’acheter elle-même de la dette du gouvernement américain (cela revient à imprimer de l’argent), le gouvernement a commencé à tester le marché des emprunts à long terme. Le coût de son service de la dette s’accroîtra dans l’immédiat, mais les contribuables américains en bénéficieront à long terme. Les obligations fédérales américaines de 10 offrent un rendement de 3,4 % et celles de 30 ans, de 4,3 %.

La France

Ce qui se passera aux États-Unis sera loin d’être unique. Il en sera ainsi dans la plupart des pays qui ont utilisé tous les leviers à leur disposition pour empêcher leur système bancaire de s’écrouler et pour éviter une dépression à leur pays.

Le gouvernement français vient de montrer ses couleurs en annonçant le lancement d’une émission d’obligations de 35 milliards d’euros (52 milliards de dollars US), ce qui ne s’est jamais vu. Paris veut profiter des faibles taux actuels pour refinancer une partie de sa dette à court terme et investir dans la productivité de son économie.

Deux anciens premiers ministres français, Michel Rocard et Alain Juppé, recommandent même que 16 milliards d’euros de cet emprunt historique, soient consacrés aux universités et à la recherche dans les domaines des énergies propres, du transport et de l’aménagement urbain.

Maastricht ridiculisé

La France affichera en 2010 un déficit budgétaire qui représentera 8,5 % de son produit intérieur brut (PIB), même sans le « grand emprunt » que prépare le gouvernement Sarkozy. Or, l’accord de Maastricht, que la France a signé, plafonne à 3 % du PIB les déficits budgétaires des pays signataires. Évidemment, ce plafond a été dépassé par l’ensemble des pays de l’Union européenne pour des raisons évidentes.

Alors que la reprise économique s’annonce lente, la plupart des pays devront affronter en 2010 des taux d’intérêt plus élevés et faire face à l’obligation de rembourser les dettes contractées pour affronter la crise.

Ce sera très pénible, car il faudra se serrer la ceinture si on veut y parvenir.

Tout cela, en espérant qu’une autre crise ne nous tombe pas dessus et que nous ne retombions pas tous en récession… ce qui n’est pas une impossibilité absolue, quand on constate que rien n’a vraiment changé à Wall Street.

 

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