Une hausse des taux d'intérêt attendue et nécessaire

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2018

Une hausse des taux d'intérêt attendue et nécessaire

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Édition du 10 Novembre 2018

Par Pierre Cléroux

La hausse des taux d’intérêt fait grimper le coût des emprunts et met une pression additionnelle sur l’endettement déjà élevé des ménages. [Photo : 123RF]

Il y a plus d'un an, la Banque du Canada annonçait une première hausse des taux d'intérêt en sept ans. Depuis, la force de l'économie canadienne a amené la banque centrale à décréter quatre nouvelles augmentations qui ont fait grimper récemment le taux directeur à 1,75 %, soit une hausse de 125 points de base depuis juillet 2017.

Or, tout porte à croire que cette remontée justifiée des taux d'intérêt va se poursuivre encore l'an prochain. Et qu'elle n'aura pas d'impact majeur sur l'économie, qui se porte encore très bien, merci ! À preuve : le PIB du Québec a crû de 3 % au cours des sept premiers mois de l'année, par rapport à la même période en 2017. Le marché du travail demeure vigoureux, alors qu'un grand nombre d'entreprises peine toujours à recruter de la main-d'oeuvre et que les taux de chômage demeurent historiquement bas. Par ailleurs, les perspectives économiques restent solides, tant au Canada qu'aux États-Unis. Sans compter que le nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) a grandement atténué les incertitudes quant à l'avenir des échanges commerciaux en sol nord-américain.

Alors nous y sommes, après une longue reprise économique depuis la récession de 2008-2009, les économies canadienne et québécoise ont atteint leur plein potentiel. La reprise a été longue et marquée par une chute du prix du pétrole en 2014 et une renégociation de l'ALÉNA qui a créé beaucoup d'incertitude. L'économie fonctionne maintenant à plein rendement et il n'est donc plus nécessaire de stimuler la croissance avec de faibles taux d'intérêt. La Banque du Canada a également annoncé son intention de relever les taux à un niveau neutre, soit entre 2,5 et 3,5. Ce retour à la normale est nécessaire pour éviter la surchauffe et se bâtir une marge de main-d'oeuvre en vue d'un prochain ralentissement économique toujours possible.

Pression sur l'endettement

Bien sûr, la hausse des taux d'intérêt fait grimper le coût des emprunts et met une pression additionnelle sur l'endettement déjà élevé des ménages, particulièrement chez les propriétaires qui ont un prêt hypothécaire à taux variable. Mais les hausses précédentes, jumelées aux nouvelles règles hypothécaires adoptées par le gouvernement fédéral pour éviter une surchauffe immobilière, ont déjà calmé le jeu et stabilisé le marché de l'habitation.

On devrait néanmoins voir un essoufflement des dépenses de consommation. Ce ralentissement, qui est d'ailleurs déjà amorcé, ne devrait toutefois pas avoir de répercussion majeure sur l'économie. Car, rappelons-le, les taux d'intérêt demeurent historiquement très bas. La Banque du Canada aura aussi la sagesse de tenir compte du niveau élevé d'endettement des ménages canadiens quand viendra le temps de procéder à d'autres hausses de taux.

Les entreprises, pour leur part, ne souffriront pas trop des augmentations des taux. Elles risquent peu de limiter leurs investissements dans la mesure où leur taux d'endettement est très bas et qu'elles peuvent compter sur de bonnes liquidités. Surtout, leur niveau de confiance demeure élevé et c'est là un facteur important dans leur décision d'investir.

L'économie canadienne n'est cependant pas à l'abri d'une étincelle extérieure en provenance de nos voisins du sud qui pourrait faire vaciller sa croissance. Car, même si l'économie américaine roule bien, le président Trump stimule la croissance à l'aide de fortes baisses d'impôt, ce qui pourrait créer une surchauffe et obliger la Réserve fédérale à augmenter les taux d'intérêt trop rapidement et à un niveau trop élevé. ll faudra donc suivre la situation de près, mais, pour l'instant, la croissance économique au pays s'annonce encore solide pour la prochaine année.

EXPERT INVITÉ
Pierre Cléroux
est vice-président, Recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC).

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