Blogue. Vous étiez tannés d’entendre parler des scandales dans l'industrie de la construction à Montréal.

Ce n’est pas fini, car plusieurs enquêtes policières sont en cours, notamment à la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), qui avaient vendu des terrains sans l’autorisation de la Ville et à des prix inférieurs au marché.

On se souviendra que l’ex-directeur général de la SHDM a été congédié et que le vérificateur général de la Ville, Marcel Doyon, a publié un rapport suffisamment incriminant pour amener la Sûreté du Québec à faire enquête. Cette dernière n’a encore rien livré.

Nouvelle révélation

Or, The Gazette vient de découvrir que ce rapport du vérificateur a omis de se pencher sur une transaction bizarre : la revente par la SHDM en juin 2009 au prix de 250 000 $ d’un terrain acheté à ce même prix en 2005 de Canada Lands. Ce terrain, sur lequel ont été érigés des condos, fait partie du complexe immobilier Benny Farm dans le quartier Notre-Dame-de Grâce.

La SHDM se défend en disant que le contrat d’achat prévoyait la revente du terrain au même prix que celui payé à Canada Lands, une société fédérale.

Canada Lands jure que cela est faux. Ce que disait le contrat, selon Canada Lands, c’est que la SHDM devait s’assurer que ce terrain devait servir à de l’habitation à prix abordable. Point n’était besoin de revendre ces terrains à un promoteur privé au même prix que celui payé quatre ans plus tôt.

Nouvelle enquête du vérificateur

Le nouveau vérificateur, Jacques Bergeron, a promis d’enquêter sur cette transaction et d’en traiter dans son prochain rapport annuel, qui est attendu dans quelques mois.

Et qui fut l’acheteur de ce terrain ? Nul autre que Louisbourg Construction, une société appartenant à Tony Accurso, ami de Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal. Ce dernier a séjourné sur le yacht de Tony Accurso lorsque la Ville négociait le fameux contrat des compteurs d’eau (maintenant annulé) avec le consortium GENIeau, une coentreprise de Simard Beaudry, une société appartenant à M. Accurso, et de Dessau. Un peu plus de six mois après avoir quitté la Ville, M. Zampino fut recruté par Dessau. Quand le scandale a éclaté, M. Zampino a quitté Dessau.

Retour au bon sens pour la SHDM

Autre information intéressante, M. Zampino présidait le comité exécutif de la Ville lorsque fut prise la décision d’intégrer la Société de développement de Montréal (SDM), qui possédait de nombreux immeubles commerciaux et plusieurs sites à développer, à la SHDM, qui était alors dirigée par un proche du maire de Montréal, Gérald Tremblay.

La SHDM, qui était une société municipale, a été privatisée sans la permission du gouvernement du Québec et à l’encontre de la charte de la Ville. Le but était évident : vendre des propriétés et des terrains sans avoir à s’embarrasser du conseil d’administration de la SDM, jugé trop peu coopératif avec les autorités politiques de la Ville.

Grâce à la merdouille qui fut exposée dans les médias, la Ville a dû rebrousser chemin, si bien que la SHDM est redevenue une société municipale. Elle a un conseil d’administration renouvelé, ainsi qu’un nouveau directeur général.

Mais la lumière est loin d’avoir été faite autour des magouilles qui ont entouré la fusion de la SDM et de la SHDM et de la privatisation illégale de la société née de la fusion.

Espérons que la SHDM est repartie sur une base administrative plus solide et, surtout, qu’elle sera moins manipulée par le pouvoir politique.