Un tourisme plus actif et authentique pour les nouveaux aînés


Édition du 16 Septembre 2017

Un tourisme plus actif et authentique pour les nouveaux aînés


Édition du 16 Septembre 2017

Les personnes qui sont à la retraite aujourd’hui sont habituées de voyager. Elles n’ont pas peur de continuer à le faire quand elles vieillissent.

Coexistent dans le milieu touristique les offres traditionnelles pour les personnes âgées prudentes et les offres plus sportives pour les plus jeunes d'entre elles. Une certitude : les loisirs sont importants pour les baby-boomers, qui sont plus actifs et qui voyagent plus que leurs aînés. Plus aisés que la génération précédente, ils représentent un marché convoité par l'industrie du tourisme.

Ray Bourque, 70 ans, et son épouse sont allés en Inde et au Népal au printemps avec un groupe de 26 retraités. M. Bourque a souvent fait des échanges de maison pour aller visiter l'Europe, et Airbnb n'a pas de secret pour lui. Armé de son ordinateur, de sa tablette, de sa liseuse électronique et de son appareil photo numérique, il part tous les ans à la découverte de régions du monde qu'il ne connaît pas encore. Au retour de ses voyages, il raconte ses aventures et livre des conseils sur le site du groupe Les retraités flyés. Il est même sollicité pour donner des conférences dans des maisons de retraite ou des CHSLD dans le but de démystifier le voyage auprès des résidents qui n'en ont pas l'habitude et pour les inciter à être plus actifs.

Ray Bourque le remarque dans ses pérégrinations : «Les personnes qui sont à la retraite aujourd'hui sont habituées de voyager. Elles n'ont pas peur de continuer à le faire quand elles vieillissent. Elles sont même plus volontaires pour vivre des expériences.»

Comme les plus jeunes, «les baby-boomers recherchent de plus en plus l'authenticité dans leurs voyages», observe Chantal Neault, analyste en veille stratégique à la Chaire de tourisme Transat de l'École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM.

Par conséquent, si les plus de 75 ans, qui ont des soucis de sécurité et de santé, peuvent encore apprécier les formules classiques, les 50-75 ans sont actifs et ouverts à d'autres façons de voyager. En Amérique, plus de 40 % des clients des agences de voyages d'aventure ont plus de 50 ans, selon l'association Adventure Travel. «Ils sont souvent sensibles à l'écotourisme, au tourisme culturel», souligne Gilles Pronovost, professeur émérite au Département d'études en loisir, culture et tourisme de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). L'offre est donc en train d'évoluer, les professionnels du tourisme essayant de comprendre les comportements des nouveaux aînés.

Des profils de clientèle diversifiés

«Nos premières observations décrivent cette clientèle comme beaucoup moins monolithique que perçue. Ses besoins sont diversifiés et, sans tomber dans les clichés, il est vrai que les aînés ont une capacité de payer plus grande que leurs parents, ce qui met une pression sur l'offre, qu'il faut adapter», dit Marc-André Lavigne, professeur au même département de l'UQTR.

En 2008, les couples de baby-boomers consacraient déjà plus de 6 % de leurs dépenses totales à leurs activités de loisirs.

Si peu d'agences de voyages ou de tourisme au Québec s'affichent comme spécialisées dans les offres pour personnes âgées, beaucoup d'entre elles ont élargi leurs formules et s'adressent plus directement à ce marché lucratif. «Les circuits guidés, les voyages en grands groupes et les croisières existent encore, mais les voyages thématiques (histoire, photo, etc.) en petits groupes sont de plus en plus pertinents par rapport aux attentes des séniors. Le volontourisme est aussi en croissance : les personnes âgées aiment aller à la rencontre des populations par l'intermédiaire de missions humanitaires. Elles peuvent ainsi transmettre leur savoir-faire et se sentent utiles», poursuit Mme Neault.

Les clubs de randonnée pédestre et cycliste proposent également aux aînés en forme des parcours parfois exigeants physiquement, mêlant sport et découvertes touristiques.

Plus de liberté

Transat, un des champions de la tendance à la segmentation dans le voyage, crée des offres sur mesure pour chaque profil de voyageur. L'agence n'a pas de formule spécifique pour les aînés. Néanmoins, devant «la tendance des retraités à faire de longs séjours en Europe plutôt que d'aller dans des destinations traditionnelles comme la Floride pendant l'hiver, nous avons développé notre offre en ce sens et ajouté la possibilité de louer des appartements ou des apparts-hôtels, mieux adaptés que les hôtels classiques pour ce genre de séjours», indique Debbie Cabana, directrice marketing, médias sociaux et relations publiques de Transat.

Les voyages en groupe ont aussi un peu changé. «On propose des "circuits en liberté" où on se charge de la logistique (réserver les billets d'avion, les transferts, l'hébergement), mais où le client reste libre sur place, ce qui permet de mieux s'adapter aux rythmes de découverte et aux goûts de chacun», poursuit la porte-parole.

Dans le contexte de cette nouvelle tendance, même les croisiéristes commencent à réfléchir pour faire évoluer leur formule. «Il y a un engouement pour les croisières fluviales, pour les plus petits bateaux, pour le raffinement, notamment en matière de nourriture, et pour des escales où les gens peuvent découvrir les cultures locales», dit Mme Cabana.

Autre tendance en croissance : le voyage intergénérationnel. Des familles entières partent, par exemple, passer les Fêtes ensemble dans le Sud, ou des grands-parents emmènent leurs petits-enfants dans leur copropriété en Floride ou visiter l'Europe pendant les vacances scolaires, tandis que les parents travaillent.

L'industrie du tourisme commence seulement à prendre conscience du nouveau marché des aînés qui affichent une bonne santé physique et financière et qui ont des goûts non traditionnels. L'offre est encore en train d'être améliorée afin de répondre à cette tendance.

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