Un pays peut aussi faire faillite

Publié le 24/03/2010 à 17:27

Un pays peut aussi faire faillite

Publié le 24/03/2010 à 17:27

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. La bulle immobilière vécue par les États-Unis dans les années 2000 ne devait pas nous entraîner dans la pire contraction économique depuis les années 1930. On devait être capable de gérer l’économie pour éviter une crise, comme il s’en produit dans le passé. Ça devait être différent.

Même le grand manitou Allan Greenspan, qui, alors qu’il était président de la Réserve fédérale, a fait descendre le taux bancaire à 1 %, ne l’a pas vu venir. Il avait convenu avec son ami George W. Bush que sa politique monétaire était favorable à l'accès à la propriété immobilière.

"Ne craignez-vous pas une bulle immobilière ?" s'était demandé Allan Greenspan à quelques reprises. "Pas du tout", répétait- il.

Ça devait être différent, cette fois. Ils avaient les deux mains sur le volant.

Ah ! les bandits

Mais c’était aussi sans compter sur les bandits qui ont vendu des prêts hypothécaires à des gens quasiment insolvables et les génies des mathématiques financières qui ont incorporé des prêts à haut risque (subprimes) dans des produits financiers structurés, qui étaient également très risqués.

Tout ce beau monde se croyait plus intelligents que leurs prédécesseurs et que l’impensable ne pouvait arriver.

Les crises se répètent

Pourtant, l’histoire se répète, tout comme les crises financières.

C’est le sujet du livre « This Time Is Different : Eight Centuries of Financial Folly » (Huit siècles de folie financière), écrit par les économistes Carmen M. Reinhart de l’Université du Maryland et Kenneth S. Rogoff de l’Université Harvard.

Selon les revues de presse faites sur ce livre d’histoire, les crises financières créent des dommages économiques importants et durables et contribuent à détériorer sensiblement la situation financière des gouvernements.

C’est le cas présentement comme ce fut le cas, particulièrement en Europe, comme cela s’est vu à différentes occasions dans le passé.

Les auteurs ont recensé 290 crises financières en huit siècles, au cours desquels ils ont découvert 200 défauts de remboursement de dette de pays. Et qui a eu le championnat de ces échecs ? L’Espagne, 13 fois.

Ça fait faillite des pays

Le commun des mortels ne croit pas que des pays peuvent faire faillite. Bien sûr, ils ne disparaissent pas. Mais il arrive qu’ils se retrouvent dans une situation où ils ne peuvent plus rembourser leur dette extérieure.

C’est exactement la situation dans laquelle se trouve actuellement l’Islande. Si cette situation perdure, les créanciers, qui sont surtout des banques britanniques, vont prendre leurs pertes et plus personne ne voudra prêter à ce pays aussi longtemps que son gouvernement ne sera pas solvable. Bien entendu, le FMI se portera à son secours, si ce n’est déjà fait, mais il ne remboursera pas sa dette.

Avec les montagnes de dettes que certains pays ont accumulées pendant la dernière crise, il y a un risque élevé que des pays ne soient en mesure de les rembourser. Le fait que la croissance économique ne soit pas revenue pour plusieurs d’entre eux, maintient le sous-emploi à un taux élevé, ce qui aggrave la situation financière des gouvernements.

Non seulement, ceux-ci ne peuvent réduire leur déficit, mais ils doivent faire face à une augmentation substantielle de leur dette extérieure. S’ensuivent une décote de leur notation de crédit, un coût de financement plus élevé, une plus grande difficulté à payer les intérêts sur la dette et à rembourser les dettes venues à échéance.

Ce cercle vicieux a débuté.

Cette fois, ça ne devait pas arriver à nouveau que des pays fassent faillite. Les grands bonzes avaient la situation bien en mains.

Ils avaient oublié que l’histoire se répète.

 

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