Spécial Super Bowl: les Patriots et les Giants, deux équipes d'exception

Publié le 03/02/2012 à 15:18, mis à jour le 04/02/2012 à 10:46

Spécial Super Bowl: les Patriots et les Giants, deux équipes d'exception

Publié le 03/02/2012 à 15:18, mis à jour le 04/02/2012 à 10:46

Par Marc Gosselin

Ce n’est pas un hasard si le Super Bowl XLVI, qui a lieu à Indianapolis dimanche soir, oppose les Patriots de la Nouvelle-Angleterre aux Giants de New York. « Ce sont deux des meilleures organisations de la Ligue nationale de football [NFL], toutes catégories confondues », soutient Robert Boland, professeur de l’Université de New York et titulaire de la Chaire Robert Tisch en gestion du sport.

Cet avocat et ancien agent de joueur de la NFL ne tarit pas d’éloges à l’égard des deux organisations qui se disputeront le trophée Vince Lombardi. « Depuis le début des années 2000, les meilleures organisations ont tendance à se détacher du peloton, à accroître l’écart qui les sépare de celui-ci. On pourrait mener un sondage auprès de 200 experts qui couvrent les activités de la NFL et personne ne classerait les Giants et les Patriots à un rang inférieur au cinquième échelon parmi les 30 équipes de la ligue. Les Packers et les Steelers complètent ce groupe sélect. »

Les deux organisations comptent sur des propriétaires engagés - la famille Mara dans le cas des Giants et la famille Kraft chez les Patriots -, qui planifient à long terme et qui profitent d’occasions d’affaires pour générer de nouveaux revenus, explique M. Boland. « Tout cela les amène à avoir un avantage concurrentiel sur les autres équipes. »

La réussite durable sur le terrain au cours des dernières années a permis aux deux formations de se lancer dans d’importants projets immobiliers, raconte André Richelieu, professeur en marketing sportif de l’Université Laval.

Par exemple, les Giants ont construit conjointement avec les Jets de New York le nouveau MetLife Stadium, au coût de 1,6 milliard de dollars américains. D’ailleurs, le Super Bowl XLII aura lieu dans la Grosse Pomme l’an prochain.

De son côté, la famille Kraft a lancé un vaste projet commercial, le Patriot Place, au cours des dernières année, ajoute M. Richelieu. Ce complexe comprend des restaurants, des commerces, des salles de cinéma et un hôtel. « Cela n’aurait pas pu naître sans une réussite durable des deux équipes. Autrement dit, on a créé une tradition d’excellence », dit-il.

Le génie de Belichick

Tout n’a pas toujours été rose chez les Patriots. « De leur arrivée dans la NFL jusqu’au milieu des années 1990, les Patriots étaient médiocres sur le terrain. Ils avaient un logo sympathique, sans plus », rappelle M. Richelieu.

Toutefois, deux hommes ont modifié le destin de cette franchise : le propriétaire Robert Kraft, qui a acheté l’équipe en 1994 pour la somme 170 millions de dollars américains, et l’entraîneur-chef Bill Belichick, embauché en échange d’un choix de première ronde aux Jets de New York en 2000.

« La réussite des Patriots a beaucoup à voir avec le génie de Belichick. C’est le plus important penseur du sport et des affaires des 40 dernières années », estime Robert Boland, professeur en gestion du sport de l’Université de New York.

« Il applique, au football, les principes du célèbre essai de Michael Lewis, Moneyball, qui raconte comment une équipe à petit budget, les A’s d’Oakland, se sont dotés d’un avantage concurrentiel qui leur a permis de faire la barbe à des équipes bien nanties comme les Yankees de New York et les Red Sox de Boston. »

Bill Belichick n’est pas un entraîneur-chef comme les autres - et on ne parle pas ici de l’affreux hoodie shirt gris qu’il porte les jours de matchs. Il prend plusieurs décisions en matière de gestion du personnel : repêchage, signatures de joueurs autonomes, etc. D’ailleurs, depuis le départ du directeur du personnel Scott Pioli, en 2008, Belichick a le contrôle complet des opérations football.

« Il faut reconnaître que l’équipe de gestion des Patriots a su miser sur les bons choix au repêchage au fil des années. Le premier qui me vient en tête est évidemment Tom Brady, choisi au 199e rang du repêchage de 2000 », analyse André Richelieu, de l’Université Laval.

« Il est flexible dans son approche de coaching et de gestion. Il mise sur des joueurs polyvalents qui achètent le Patriot Way. Par exemple, cette saison, alors que sa défensive était décimée par les blessures, il a transformé le receveur substitut Julian Edelman en demi de coin qui joue lors de situations de passe - dans le cas d’un troisième essai et long », explique M. Boland.

Dans la NFL, il faut retourner à l’ère Bill Walsh, avec les 49ers de San Francisco au début des années 1980, pour trouver un entraîneur aussi influent, ajoute M. Boland. Walsh a notamment été à l’origine du West Coast Offense, une attaque qui privilégie le jeu aérien aux dépens du jeu au sol.

La défensive gagne des championnats

Champions du Super Bowl à trois reprises (1986, 1990 et 2008), les Giants de New York appliquent invariablement la même recette depuis 30 ans : bien évaluer le talent et dénicher des joueurs qui feront la différence, dit M. Boland.

« Par exemple, la ligne défensive des Giants est une des meilleures du football pour mettre de la pression sur le quart-arrière adverse. Or, ces joueurs sont tous des choix au repêchage, pas des agents libres. Au fil des années, les Giants ont toujours compté sur des vedettes en défensive, que ce soit le secondeur Lawrence Taylor dans les années 1980, l’ailier défensif Michael Strahan au début des années 2000 ou l’ailier prometteur Jason Pierre Paul, cette saison. »

Ce modèle, poursuit le professeur, a assuré la stabilité de la franchise. D’une année à l’autre, les Giants ne sont pas obligés de reconstruire à zéro. Parlez-en aux Colts d’Indianapolis qui, en l’absence de leur quart-arrière vedette Peyton Manning, ont conclu la saison 2012 avec un dossier médiocre de 2 victoires et 14 revers.

Autre facteur non négligeable, les Giants comptent sur un des meilleurs quarts de la NFL, Eli Manning, connu depuis trop longtemps comme « le jeune frère de Peyton Manning ». « Il a été très efficace cette saison. D’ailleurs, on ne peut pas gagner dans la NFL sans un bon quart-arrière. Eli est très bon dans les situations corsées. Il a grandi dans l’ombre de son frère, mais il a enfin réussi à faire son prénom cette saison », affirme M. Boland.

 

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