Retraite à 65 ans : le Québec fonce droit dans un mur, selon Claude Castonguay

Publié le 12/01/2010 à 15:09

Retraite à 65 ans : le Québec fonce droit dans un mur, selon Claude Castonguay

Publié le 12/01/2010 à 15:09

Par La Presse Canadienne

Crise démographique oblige, le gouvernement et les employeurs du Québec doivent cesser d'encourager la retraite hâtive et au contraire favoriser le maintien au travail au-delà de 65 ans pour ceux qui le veulent.

Une étude réalisée par Claude Castonguay et Mathieu Laberge pour le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) démontre que le maintien du statu quo pourrait se traduire par un déficit accumulé de plus de 40 milliards $ d'ici à 2021 pour le Québec. Selon le rapport de recherche, la crise démographique qui est désormais à nos portes exige de repenser la retraite et de considérer la force de travail sous l'angle de la longévité plutôt que du vieillissement.

En présentant les résultats de ses travaux, M. Castonguay a rappelé que l'ensemble des politiques fiscales, des conventions collectives et des règles touchant les régimes de retraite avaient été élaborées à l'issue du baby-boom. A cette époque, le surplus de main-d'oeuvre justifiait l'élaboration de mesures favorisant la retraite hâtive pour faire de la place aux nouveaux travailleurs.

Or, la réalité a changé à deux égards: d'une part, le déclin démographique nous dirige tout droit vers une pénurie de main-d'oeuvre. Par ailleurs, l'espérance de vie a augmenté d'une douzaine d'années comparativement aux années 1960.

Il est crucial, selon les chercheurs, d'implanter des politiquesm autant en entreprise que sur le plan fiscalm et pour les régimes de retraite privés et publicsm afin de ne plus pénaliser ceux qui souhaitent demeurer au travail. Il faudrait même ajouter des incitatifs pour les encourager à le faire, le tout de façon strictement volontaire.

Les chercheurs notent que les personnes de 75 ans d'aujourd'hui sont en meilleure santé que celles de 65 ans il y a 40 ans et qu'il est démontré que les personnes âgées qui demeurent actives sont en meilleure santé physique et mentale que les autres.

Sur le plan proprement économique, les chercheurs notent que la population des 20-64 ans diminuera dans moins de cinq ans, alors qu'il n'y aura pas assez de nouveaux travailleurs pour compenser les départs à la retraite, ce qui entraînera une diminution de la croissance économique.

Selon leurs calculs, cette diminution entraînera un déficit croissant du budget québécois pour atteindre 8,2 milliards $ en 2021, ce qui ajouterait 42 milliards $ à la dette du Québec. Or, si les 60 à 64 ans atteignaient simplement un niveau d'activité équivalent à celui des 50 à 54 ans, cet ajout à la dette chuterait à 17 milliards $.

M. Castonguay, qui a lui-même célébré ses 80 ans en 2009, fait valoir que de nombreuses personnes souhaitent travailler au-delà de 65 ans mais qu'elles en sont découragées par les différentes politiques fiscales et d'entreprise. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, il fait valoir que leur expérience représente un atout précieux pour l'économie.

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