Retour à la case prison pour Kerviel

Publié le 19/05/2014 à 08:04

Retour à la case prison pour Kerviel

Publié le 19/05/2014 à 08:04

Par AFP

Six ans après un premier séjour en prison en détention provisoire, l'ex-trader Jérôme Kerviel a retrouvé le chemin des geôles à Nice, où il a été écroué lundi matin, clôturant ainsi l'épisode très médiatisé de son retour en France.

L'ex-trader a d'abord été transféré lundi matin vers 08h00 en voiture banalisée du commissariat de Menton, où il avait passé la nuit après son interpellation-éclair à minuit dimanche, au parquet de Nice.

Là, un magistrat lui a signifié la peine de trois ans de prison ferme prononcée contre lui, avant son transfert immédiat à la maison d'arrêt de Nice, où il restera "jusqu'à nouvel ordre", selon le procureur de Nice Eric Bedos.

Kerviel a déjà passé 48 jours en détention provisoire, entre le 8 février 2008 et le 18 mars 2008. Il venait d'être mis en examen, le 28 janvier, alors que son employeur, la Société générale, avait déclaré avoir été victime d'une fraude de 4,9 milliards d'euros dans ses activités de produits financiers dits dérivés.

Considéré comme un symbole de la finance folle, Kerviel, jugé seul responsable de la perte, a été condamné en octobre 2010 à 5 ans d'emprisonnement, dont 2 avec sursis, et 4,9 milliards de dommages-intérêts. Une peine de prison confirmée par la cour de cassation le 19 mars dernier, qui a cependant cassé celle relative aux dommages-intérêts.

Ce retour en prison intervient à l'issue d'un week-end à rebondissement, où les caméras n'ont pas manqué le moindre de ses faits et gestes.

Kerviel était arrivé samedi à Vintimille (Italie), tout près de la frontière française, dernière étape italienne d'une marche entamée entre Rome et Paris le 5 mars, au cours de laquelle il a rencontré le Pape François au Vatican le 19 février selon son entourage.

Il devait regagner la France dès samedi.

Mais, à 100 m de la frontière, accueilli par une centaine de partisans acclamant leur nouveau porte-drapeau en lutte contre le monde de la finance, il avait finalement annoncé devant une forêt de caméras son intention de rester en Italie tant que le président François Hollande n'assurerait pas une "immunité" en faveur de témoins dans son dossier, tout en dénonçant des "dysfonctionnements judiciaires" dans le traitement de son dossier.

L'Elysée avait simplement répondu que si Jérôme Kerviel sollicitait une grâce présidentielle, sa demande serait examinée "selon la procédure habituelle".

Puis dimanche soir, l'ancien courtier avait finalement annoncé son intention de rentrer en France. L'entourage du président avait indiqué plus tôt qu'"aucune rencontre n'(était) à l'ordre du jour". Selon une source gouvernementale, l'exécutif n'avait pas l'intention de "tomber dans le piège évident tendu par Kerviel et son avocat".

"Je n'ai jamais été en fuite, j'ai toujours assumé ma responsabilité", avait-il dit en quittant son hôtel de Vintimille, souriant, sac au dos et tenue de randonneur, avant de faire un bref passage par une église puis de s'attabler longuement à une pizzeria avec une dizaine de proches.

C'est à minuit pile qu'il a été interpellé par des policiers en civil à Menton, sans opposer de résistance.

Une poignée de personnes le soutenant était présente lundi matin à la sortie de Jérôme Kerviel, en pull bleu marine et non menotté, du commissariat de Menton, parmi lesquelles le père Patrice Gourrier, qui lui a fait passer des croissants. Ce religieux, qui doit poursuivre la marche jusqu'à Paris pour soutenir le "combat" de Kerviel, a annoncé qu'il rallierait le palais de justice de Nice dans l'après-midi, accompagné de l'acteur Gregori Baquet. Avec celui-ci, ils devraient ensuite rejoindre Cannes où se trouve le réalisateur des "Choristes", Christophe Barratier, l'un de ses soutiens.

De son côté, l'avocat de la Société générale, Jean Veil, a estimé lundi sur Europe 1 que "la presse se laissait mystifier dans des conditions absolument incroyables" par l'ex-trader, jugeant "scandaleux" qu'il interpelle le président de la République "comme l'a fait Leonarda", une jeune fille rom expulsée. Me Veil faisait écho au ministre des Finances Michel Sapin, pour qui Kerviel est un "escroc" qui a été "condamné" et devait "purger sa peine".

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