Rémunération : abolir les options ?

Publié le 05/01/2010 à 16:57

Rémunération : abolir les options ?

Publié le 05/01/2010 à 16:57

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Les 100 dirigeants les mieux rémunérés parmi ceux des sociétés canadiennes inscrites en Bourse ont obtenu une rémunération moyenne de 7,4 millions de dollars (M$) en 2008. Cela comprend le salaire, les bonus et les options d'achat d'actions.

Cette rémunération équivalait à 174 fois le revenu brut moyen de 42 305 $ alors gagné des travailleurs canadiens à temps plein.

C'est qu'indique une étude du Centre canadien de politiques alternatives.

C’est excessif

D’une part, la rémunération moyenne de ces 100 personnes d’exception a augmenté de 70 % en dollars constants depuis 1998, alors que celle du travailleur moyen a reculé de 6 % durant la même période. Il se crée ainsi un déséquilibre inexplicable et un fossé malsain sur la plan social.

D’autre part, ce multiple de 174 fois est beaucoup plus élevé que celui de 104 qui existait en 1998 toujours pour les 100 patrons les mieux payés. Et ce l’est encore plus par rapport au multiple de 85 observé par The Globe and Mail en 1995 pour les 50 chefs de la direction les mieux payés au Canada.

Ce multiple avait été plus important en 2007, une année de grande abondance pour l’exercice des options d’achat d’actions, alors que la rémunération moyenne de 10,4 M$ des 100 patrons les mieux rémunérés avait atteint 259 fois celle du travailleur moyen.

Jusqu’où grimpera ce multiple ? Impossible de le dire. Celui peut varier avec les aléas du marché boursier, mais sa tendance restera à la hausse si rien n’est fait pour l’endiguer.

50 fois, 100 fois ?

Certes, il faut mettre un plafond. Mais où ? Yvan Allaire, président de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées, et de Mihaela E. Firsirotu, professeure à l’UQAM, suggère entre 50 fois et 100 fois.

Mais surtout, les auteurs recommandent d’abolir les options d’achat d’actions, qui sont les principaux facteurs des pointes dans la rémunération des chefs de la direction des sociétés dont les actions s’échangent à la Bourse.

La valeur des options explose lorsque le prix des actions sous-jacentes monte rapidement. Or, il se peut qu’une hausse de prix des actions ait bien peu à voir avec les prouesses des gestionnaires et ne résulte essentiellement que des poussées spéculatives que connaissent parfois certains secteurs des marchés boursiers.

Nortel

Rappelons-nous l’effet de la bulle techno sur les titres techno, dont celui de Nortel. Le prix des actions des sociétés de ce secteur grimpait non pas sur leurs rendements passés, mais sur des anticipations basées sur de la pure spéculation. N’est-ce pas loufoque de rémunérer des personnes sur une telle base ? Or, rien n’a changé.

Systèmes à revoir

En réalité, les systèmes de rémunération sont à revoir. Il doit rester une composante incitative à la rémunération, mais celle-ci devrait être basée sur le rendement du bénéfice net sur l’avoir propre ou encore sur des facteurs de performance comparables avec ceux d’autres sociétés du même secteur d’activité. On pourrait aussi prendre comme base de calcul des bonus des variables comme le rendement de l’actif ou encore la valeur économique.

Wall Street

La source des modèles de rémunération excessive est à Wall Street. C’est là que le ton est donné pour la planète.

D’autres pays peuvent prendre des initiatives, comme l’a fait la France en étalant sur trois ans le paiement des bonus et en rendant le troisième versement conditionnel à l’atteinte de l’objectif entendu au départ.

Toutefois, rien ne sera aussi efficace qu’une bonne colère des actionnaires pour faire savoir aux conseils d’administration que le plein exercice de leurs responsabilités exige que la rémunération des dirigeants tienne compte des intérêts toutes les parties prenantes de la société dont ils sont fiduciaires.

 

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