Refroidis par les USA, les étudiants chinois lorgnent d'autres pays dont le Canada

Publié le 08/07/2019 à 07:07

Refroidis par les USA, les étudiants chinois lorgnent d'autres pays dont le Canada

Publié le 08/07/2019 à 07:07

Par AFP

Durcissement des procédures, refus de visas et avenir incertain aux Etats-Unis: les étudiants chinois apparaissent comme des victimes collatérales de la guerre commerciale et technologique entre Pékin et Washington, sur fond de suspicion d'espionnage.

Un tiers des étudiants étrangers présents sur le sol américain sont chinois. Mais pour la première fois en 10 ans, leur nombre a chuté au mois de mars.

À l'origine de ce phénomène: une décision l'an dernier de l'administration Trump de limiter la durée des visas accordés aux étudiants chinois de certaines filières de la haute technologie considérées comme sensibles.

«Ça a été un coup de massue pour les étudiants. Ils sont maintenant dans l'incertitude. Ils se demandent s'ils pourront terminer leurs études» aux États-Unis, explique à l'AFP Gu Huini, fondatrice de l'organisme de formation Zoom In.

«Auparavant, ils pouvaient obtenir un visa pour toute la durée de leur cursus, et du temps supplémentaire pour acquérir de l'expérience professionnelle, ce qui était très apprécié.»

Environ 363 000 Chinois étudient aux États-Unis, dont 36% dans des filières sciences et technologies, ingénierie et mathématiques, selon l'Institut de l'Education Internationale (IIE), un organisme américain basé à New York.

Royaume-Uni et Canada

«J'ai déjà perdu un an à préparer mes examens d'entrée à l'université», se désole Melissa Zhang, 17 ans, qui a abandonné tout projet d'aller étudier aux États-Unis.

La lycéenne pékinoise suit à présent des cours d'allemand dans l'espoir de rejoindre un programme de robotique à Dresde.

«À quoi bon aller aux États-Unis si je suis exclue d'un laboratoire de recherche juste parce que je suis Chinoise», s'interroge-t-elle devant son camarade Andy Fang qui, lui, envisage d'étudier en Norvège.

«Le rêve américain est en train de perdre de son éclat», juge la mère de Melissa, Mengyue.

Découragés par des délais de délivrance des visas plus longs, la crainte d'être exclus des projets de recherche aux États-Unis, voire inquiets pour leur sécurité dans le pays, les étudiants chinois se tournent vers d'autres destinations.

Un manque à gagner pour les universités et l'économie américaines: les étudiants chinois ont rapporté l'an dernier 13 milliards de dollars, d'après la Nafsa, une association américaine consacrée aux échanges internationaux d'étudiants.

Le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada apparaissent comme les grands gagnants, selon un sondage réalisé en mai par New Oriental, le spécialiste des cours privés en Chine.

Le Japon et la Corée du Sud et certains pays d'Europe, en particulier l'Allemagne et les pays scandinaves dotés de solides programmes d'ingénierie, connaissent également une augmentation du nombre de demandes, selon l'enquête.

«Pas en sécurité»

De grandes universités américaines, comme Yale et Stanford, se sont plaintes que la guerre commerciale affectait le recrutement sur les campus.

Rafael Reif, le président du prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), a écrit la semaine dernière dans une lettre ouverte que les étudiants et les professeurs se sentaient «injustement scrutés, stigmatisés et sur les nerfs à cause de leur seule ethnicité chinoise».

«C'est difficile de planifier des projets de recherche à long terme ou même d'envisager de se stabiliser avec sa copine», constate, amer, Eric Wang, un doctorant de 25 ans à l'université Purdue de l'Indiana, qui craint de ne pas voir son visa renouvelé.

Le mois dernier, la Chine a appelé ses citoyens à la prudence aux États-Unis, citant l'insécurité locale et un «harcèlement» des autorités envers des Chinois.

«Les médias d'État ont augmenté le nombre de reportages sur la criminalité aux États-Unis et les familles, en particulier celles des petites villes chinoises, estiment que l'Amérique n'est pas un lieu sûr», note Li Shaowen, qui organise des visites d'établissements universitaires étrangers.

Cette année, «nous avons plus de 250 familles qui visitent des universités en Europe et au Royaume-Uni pendant les vacances d'été, contre 75 seulement aux États-Unis», explique-t-il à l'AFP. «L'an dernier, c'était l'inverse.»

Pour tenter d'apaiser les craintes, le président américain Donald Trump a annoncé fin juin que les étudiants chinois seraient désormais traités «comme tout le monde», après avoir conclu une trêve dans la guerre commerciale avec l'homme fort de Pékin, Xi Jinping, lors du sommet du G20.

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