Qui va payer pour le gâchis des compteurs d'eau ?

Publié le 25/09/2009 à 15:11

Qui va payer pour le gâchis des compteurs d'eau ?

Publié le 25/09/2009 à 15:11

Par Jean-Paul Gagné

LesAffaires.tv

Qui va payer pour le gâchis du contrat des compteurs d’eau de Montréal ?

Les CONtribuables ou les responsables ? Gageons que ce seront les CONtribuables.

Une leçon venue d’ailleurs

À New York, le juge Jed Rakoff a refusé récemment d’entériner une entente entre la Securities and Exchange Commission et la Bank of America parce que cette entente aurait coûté aux actionnaires de la banque 33 millions de dollars (M$).

La raison : les actionnaires n’avaient à voir dans cette entente faite sur leur dos. Cette entente résultait d’une information qu’on avait cachée aux actionnaires de la banque sur des bonis payés secrètement à des dirigeants de Merrill Lynch avant la vente de cette dernière à Bank of America.

Selon le juge Rakoff, ce sont les responsables de ce tour de passe-passe qui doivent payer pour leur bêtise, et non la société qui les emploie et qui appartient à ses actionnaires.

Revenons à Montréal

GeniEAU, consortium de Dessau et Simard-Beaudry (société appartenant à Tony Accurso, l’ami du président de la FTQ), s'apprêterait à réclamer 75 M$ à la Ville de Montréal pour l'annulation du contrat des compteurs d'eau, selon un reportage diffusé sur TVA.

Cette somme paraît totalement loufoque, mais on ne sait jamais avec ce contrat patenté et « dénaturé » selon le Vérificateur de la Ville.

Quand il annoncé l’annulation du contrat, le maire. Gérald Tremblay, a indiqué que le contrat prévoit une pénalité équivalant à 1 % de sa valeur, à laquelle il faut ajouter les frais liés aux travaux déjà exécutés. Le montant que réclamerait GéniEAU représenterait plus de 20 % du contrat. Ouf !

Contrat gonflé à bloc

Rappelons que Montréal a un grave problème de perte d’eau. De 35 à 40 % de son eau filtrée se perd dans on vieux réseau souterrain.

Pour recueillir des revenus, la Ville a plutôt décidé d’installer des compteurs d’eau dans les entreprises, les institutions et les commerces. Pourquoi, diable, installer un compteur d’eau dans un magasin de chaussures si celui-ci consomme moins d’eau qu’une résidence ? Réponse : plus on en installe, plus c’est payant… pour le consortium.

Ensuite, au lieu de s’attaquer aux fuites, on a ajouté l’installation d’un vaste réseau de vannes pour mieux gérer la pression de l’eau dans le réseau. Moins de pression, moins de fuites. Logique, mais ça ne règle pas le problème à la source.

C’est ainsi qu’un projet prévu initialement prévu à 50 M$ est passé à 250 M$, à 356 M$, puis à 618 M$. Il a été négocié en catimini jusqu’à la toute fin, toujours pour avantager le consortium et ajouter au coût de la Ville.

Évaporés dans la nature

Aujourd’hui, il n’y a aucun responsable de cela. Le maire et les autres élus n’étaient pas au courant, selon leurs dires.

Deux têtes de hauts-fonctionnaires viennent de rouler. Était-ce eux les responsables de cette mauvaise gestion ? Ils sont muets.

Où se cachent les fonctionnaires ? Si ce ne sont pas eux les responsables, qu’attendent-ils pour les identifier les coupables ?

Qu’attendent-ils pour sauver leur honneur ?

Un peu de courage SVP

Pourtant, certaines personnes doivent bien savoir qui étaient les responsables de ce contrat.

Qu’attendent-ils pour se mettre du bord des contribuables, au lieu de se terrer dans le silence servile dans lequel aiment les confiner les élus de la Ville.

À moins que le grand responsable de ce gâchis soit BPR, à qui la Ville a confié la gestion du processus de sélection du consortium qui allait obtenir le contrat.

Pourquoi avoir écarté Veolia

Autre connerie, on a écarté Veolia, une grande firme française spécialisée dans la gestion de l’eau, en ajoutant dans les critères de sélection une « clause Montréal » qui accordait 10 % des points. Sans doute une manigance pour avantager les amis.

Comme le dévoilement graduel de ce contrat, grâce au travail des médias, nous en a fait voir de toutes les couleurs, il ne faudrait pas s’étonner qu'il permette au consortium d’aller chercher le magot si le contrat est annulé.

Je dis « si », car il n’est toujours pas annulé. Il le sera lorsque le conseil aura voté cette annulation.

Pendant ce temps, le compteur marche…

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