Québec lance une opération charme visant à recruter quelques milliers d'infirmières

Publié le 23/09/2021 à 13:47

Québec lance une opération charme visant à recruter quelques milliers d'infirmières

Publié le 23/09/2021 à 13:47

Par La Presse Canadienne

Québec versera une prime de 15 000 $ aux infirmières qui sont demeurées dans le réseau. (Photo: La Presse Canadienne)

Aux prises avec une crise sans précédent dans le réseau de la santé, accentuée par une grave pénurie d’infirmières, le gouvernement Legault a lancé jeudi une opération charme sous forme de «petite révolution» visant à ramener d’urgence dans le réseau public celles parties à la retraite ou ayant choisi de poursuivre leur carrière dans le secteur privé.

Une grande inconnue de l’équation: on ignore comment les infirmières vont réagir à cet appel pressant, en pleine quatrième vague de pandémie et alors que le personnel évolue dans un environnement de travail sous pression constante.

Déjà, depuis des mois, partout au Québec, des hôpitaux annoncent qu’ils doivent temporairement fermer des salles d’opération ou des salles d’urgence, faute de personnel, dont des infirmières.

Québec évalue qu’il manque actuellement au moins 4300 infirmières pour faire fonctionner le réseau de la santé normalement. Pour ajouter à la crise, à compter du 15 octobre, le réseau devra éventuellement fonctionner sans la contribution de milliers d’autres soignants ayant choisi de ne pas se faire vacciner.

On estime que 20 000 employés du système public de la santé, dont 10 000 sont en contact étroit avec des patients, ne sont pas pleinement vaccinés contre le virus de la COVID-19. Dès le 15 octobre, Québec a décrété qu’ils seront suspendus sans solde, pour un temps indéterminé, aggravant d’autant la pénurie de personnel.

Jeudi après-midi, en conférence de presse, accompagné du ministre de la Santé, Christian Dubé, et de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, le premier ministre François Legault a annoncé sa vision des choses pour inverser la tendance et ainsi espérer éviter la multiplication des bris de services aux patients.

Il s’agit de «mesures costaudes», selon le premier ministre, qualifiant la situation du réseau de «quasi dysfonctionnelle».

En vue de réorganiser les horaires de travail des infirmières, Québec veut notamment accélérer l’entrée en vigueur de certaines dispositions déjà prévues dans leur nouvelle convention collective, signée tout récemment avec le gouvernement. 

On prévoit divers incitatifs financiers, sous forme de primes totalisant éventuellement 1 milliard $, on veut augmenter le nombre de postes à temps plein, et on vise à ne plus recourir aux agences de placement privées.

Québec versera une prime de 15 000 $ aux infirmières qui sont demeurées dans le réseau, de même qu’à celles qui travaillent à temps partiel et qui passeront à temps complet, et une prime de 12 000 $ à celles qui sont parties et qui accepteront de revenir œuvrer dans le réseau public. 

La veille, le syndicat qui représente les infirmières, la FIQ, a réaffirmé les mesures qui lui paraissaient essentielles en vue d’améliorer le sort des infirmières et de revoir leurs conditions de travail, certaines étant des revendications récurrentes depuis des années, comme l’abolition du recours au temps supplémentaire obligatoire (TSO), devenu une pratique généralisée ayant contribué à l’exode des infirmières.

Dans un communiqué, la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, a réclamé «un changement drastique dans la culture de gestion basée sur le respect et la bienveillance, priorisant ainsi la conciliation travail-famille», seule avenue pour inciter ses membres à rentrer au bercail.

La FIQ revendique aussi notamment, pour ses 76 000 membres, l’autogestion des horaires de travail pour privilégier les horaires stables, une révision des ratios patients-infirmières et des mesures favorisant la conciliation travail-famille.

Jeudi matin, l’opposition péquiste a revendiqué la fin du TSO et l’abolition totale du recours aux agences de placement privées, un mode de gestion ayant coûté cette année un milliard $ aux contribuables.

 

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