Pourquoi le Québec ne vend-t-il pas plus d'électricité à l'Ontario?


Édition du 07 Mars 2015

Pourquoi le Québec ne vend-t-il pas plus d'électricité à l'Ontario?


Édition du 07 Mars 2015

Une des données les plus intéressantes des résultats d'Hydro-Québec en 2014 est la hausse de 176 millions de dollars de ses «exportations nettes» d'électricité. Celles-ci ont atteint 1,53 milliard de dollars à un prix de vente moyen de 6,0 cents/kWh, par rapport à 4,4 cents en 2013 et à un coût de production de 1,6 cent. Les exportations nettes incluent celles faites aux deux provinces voisines, Hydro-Québec refusant de divulguer ses ventes par marché.

Il est clair que les ventes réalisées en Ontario sont faibles, malgré des interconnexions d'une capacité totale de 2 735 mégawatts (MW) en «mode exportation». Ce lien serait toutefois sous-utilisé, la capacité maximale de puissance n'atteignant qu'environ 1 800 MW dans des conditions idéales. La puissance disponible sur les interconnexions situées dans la région d'Ottawa serait limitée à 500 MW en raison de la capacité d'importation de l'Ontario et baissera encore au cours des prochaines années.

Malgré ses immenses ressources hydroélectriques, le Québec vend peu à sa voisine pour trois raisons principales :

1. L'Ontario n'a jamais voulu dépendre de producteurs extérieurs. Ses 26 interconnexions avec le Québec, le Manitoba et trois États américains servent surtout à acheter et à vendre de l'électricité pendant les périodes de pointe.

2. L'Ontario produit son énergie de différentes sources, mais l'énergie nucléaire est de loin la source la plus importante, avec 18 réacteurs de type Candu installés sur trois sites et qui ont une capacité de production de 12 000 MW. L'industrie nucléaire canadienne est concentrée en Ontario.

3. L'électricité produite à partir de l'énergie nucléaire génère très peu d'émissions dans l'atmosphère. De plus, son coût de production est faible. Toutefois, ce n'est plus le cas lorsque les réacteurs ont été rénovés, ce qui coûte très cher. L'enfouissement des déchets découlant de la production de l'énergie nucléaire est son principal problème. Ces déchets peuvent être radioactifs pendant des milliers d'années.

L'enjeu majeur du nucléaire

L'énergie nucléaire représente un enjeu majeur pour le gouvernement de Kathleen Wynne.

Ontario Power Generation (OPG), une société d'État, prévoit fermer vers 2020 sa station de Pickering, où six réacteurs produisent 3 100 MW (en comparaison, la centrale hydroélectrique La Romaine produira 1 550 MW quand sa quatrième turbine sera mise en production en 2020).

Le complexe Bruce, qui est géré par un consortium formé de TransCanada Energy (TCE), d'Omers, d'un syndicat et d'employés, produit 6 300 MW grâce à huit réacteurs. Des quatre réacteurs construits dans les années 1970, deux ont été rénovés récemment ; les deux autres réacteurs et les quatre unités mises en production de 1984 à 1987 devront aussi être rénovés. Ces coûts seront énormes et à la charge d'OPG, donc de l'État.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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