Plancher sur le recyclé


Édition du 08 Décembre 2018

Plancher sur le recyclé


Édition du 08 Décembre 2018

Par Diane Bérard

Sebastian Rosenfeld, cofondateur du fabricant de planches à neige argentin Nairoby

Agent de changement — J'ai découvert Nairoby par l'entremise de l'événement virtuel Disruptive Innovation Festival (DFI), de la Ellen MacArthur Foundation. Du 6 au 23 novembre, les internautes ont eu accès à une série de conférences sur les déclinaisons et les défis de l'économie circulaire. Nairoby est une jeune pousse argentine fondée par deux ingénieurs pour créer une planche à neige 100 % recyclable, et depuis, des skis et des planches de surf.

Diane Bérard - Nairoby repose sur un modèle d'économie circulaire. Quelle est sa mission ?

Sebastian Rosenfeld - Mon cofondateur et moi sommes ingénieurs en matériaux et mordus de la planche à neige. Nous avons développé Nairoby comme un projet de R-D technologique pour soulager nos consciences de consommateurs de matériel de sport. Les planches à neige durent en moyenne quatre ans. On les renouvelle parce qu'on s'améliore et qu'on désire un modèle plus performant ou pour améliorer son expérience, parce que la technologie a évolué. Il faut aussi régulièrement changer les équipements sportifs des enfants. Nous visons ainsi une planche à neige 100 % recyclable.

D.B. - Quel défi technologique est lié à une planche à neige recyclable ?

S.R. - Les planches existantes combinent plusieurs matériaux superposés collés ensemble. Cet amalgame les rend impossibles à recycler.

D.B. - Comment l'avez-vous appréhendé ?

S.R. - Nous avons exploré la fabrication à partir d'un seul matériau. Nous étions fiers de notre prototype, à un détail près... il ne glissait pas ! Notre nouveau matériau avait perdu les propriétés mécaniques requises pour une planche à neige. Nous nous sommes remis à l'ouvrage. Notre planche actuelle est toujours composée d'un seul matériau. Toutefois, ce dernier affiche des propriétés différentes à la base, au centre et sur le dessus de la planche. Cela procure l'effet glisse au sol et la flexibilité en surface. On peut comparer notre planche à un gâteau : le centre est plus mou que la base.

D.B. - Plusieurs articles connaissent une seconde vie. Des boîtes de jus deviennent des bancs, par exemple. Vous voulez que vos planches ne servent qu'à fabriquer d'autres planches. Expliquez-nous.

S.R. - Pour nous, l'ultime circularité consiste à ramener un produit à son état de matière première pour en fabriquer un autre semblable. Et ce, aussi longtemps que possible. Pour l'instant, nous en sommes à 25 %. Le quart du matériau que nous employons pour fabriquer nos planches est composé de matériau recyclé. Nous poursuivons notre R-D pour augmenter cette proportion.

D.B. - La plupart des planchistes louent leur planche au lieu de l'acheter. En Europe, la location occupe 60 % du marché. En Chine, c'est 74 %, et aux États-Unis, 75 %. On gaspille donc moins de gaspillage que pour un produit à propriétaire unique...

S.R. - Pas vraiment. Chaque année, les locateurs renouvellent 40 % de leurs planches. Les planches usagées vont parfois dans un magasin d'articles usagés, parfois au rebut. En fait, les planches à neige louées sont renouvelées plus souvent que si elles avaient un propriétaire unique.

D.B. - Il ne faut pas améliorer les processus de production, dites-vous, il faut les imaginer de nouveau à partir de zéro. Expliquez-nous.

S.R. - Prenons la planche à neige. Qu'est-ce qui manque au processus de création ? L'utilisateur. La planche à neige est un produit de passion ; on devrait laisser son propriétaire la personnaliser. Notre application permet de dessiner sa propre planche. On choisit le fond et la forme. Le dessin est sauvegardé dans le nuage, pour être modifié au fil de temps par le planchiste. Lorsque le client est satisfait de son modèle, il nous envoie sa commande. Notre intention est que les équipements reçoivent directement la commande et l'exécutent par eux-mêmes. Lorsqu'il souhaite remplacer sa planche, il nous la retourne. Nous lui offrons un crédit pour son prochain achat, puisqu'il nous fournit de la matière première en nous rendant la planche.

D.B. - Vous êtes situé à La Plata, en Argentine. Comment une entreprise d'économie circulaire peut-elle croître sans contredire sa mission de développement durable ?

S.R. - On ne peut pas livrer partout à partir de La Plata. Notre empreinte environnementale serait trop importante. Nous devons produire sur tous les marchés : Asie, Europe et États-Unis. Nous cherchons des partenaires de production dans ces régions.

D.B. - Comment peut-on se procurer vos planches ?

S.R. - Nous menons un projet pilote avec un centre de ski en Argentine, ainsi qu'avec un petit nombre d'utilisateurs bêta. Plusieurs planches ont été retournées et réduites en poudre pour en fabriquer de nouvelles. Notre début officiel est prévu pour l'hiver sud-américain 2019, soit l'été nord-américain.

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