Pauvre Monsieur Blankfein !

Publié le 09/02/2010 à 10:10

Pauvre Monsieur Blankfein !

Publié le 09/02/2010 à 10:10

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Même s’il « fait l’œuvre de Dieu » (ce sont ses propres mots), Lloyd Blankfein, le tout-puissant chef de la direction de Goldman Sachs, a dû se contenter cette année d’un maigre bonus de 9 millions de dollars (M$ US) pour 2009. Ce montant, versé en unités d’actions différées, s’ajoute à un salaire de 600 000 $ US.

Compte tenu du bénéfice record de 13,4 milliards de dollars enregistré par Goldman en 2009, certains observateurs s'attendaient à un bonus de 100 M$. Le plus puissant banquier new-yorkais avait touché une rémunération de 68 M$ il y a deux ans, alors que sa banque avait réalisé un profit de 11,6 G$ US.

Non seulement est-il victime de la colère de la population américaine contre les grandes banques qui ont précipité les États-Unis dans une récession, mais il vient d’être humilié par un Canadien, Gordon Nixon, le chef de la direction de la Banque Royale, qui a gagné 10,8 M$ CA en 2009, ce qui est un peu plus élevé que les 9,6 M$ US obtenus par le banquier new-yorkais sur la base du taux de change actuel  (1 $CA = 0,93 cents US).

La Banque Royale a réalisé un bénéfice de 3,9 G$ CA à son dernier exercice, environ le tiers de celui de Goldman Sachs.

Une image à rebâtir

Lloyd Blankfein n’est toutefois pas à plaindre, ayant gagné en salaires et bonus 111,6 M$ US depuis 2002. Il est chef de la direction de Goldman depuis 2006, ayant succédé à Hank Paulson, alors nommé secrétaire au Trésor, qui, en passant, s’est assuré que Goldman reçoive 12,9 G$US de l'assureur AIG lors du sauvetage de ce dernier avec l'argent des contribuables.

Alors que Blankfein fait « l’œuvre de Dieu », Paulson dit avoir puisé dans la Bible son courage dans les jours difficiles qu'il a vécus lors de l’échec du sauvetage de Lehman Brothers.

Le « sacrifice » qui a été imposé cette année à Blankfein s’explique par le besoin des banquiers d’améliorer leur image au sein de la population, sentiment qui n’existe pas au Canada, où le degré de tolérance est plus élevé et où les banquiers paraissent moins gourmands et moins cyniques.

Les Américains savent que la pire crise financière de leur histoire après celles des années 1930 émane des abus, de la cupidité, de l’irresponsabilité et de l’incompétence des barons de la finance américaine.

Les Américains souffrent énormément de la récession qui a découlé de cette crise. Plus de 25 millions sont sans emploi, découragés du marché du travail ou occupent un emploi précaire, ce qui représente 16,5 % de la main-d’œuvre. De plus, quelque 25 % des propriétaires d’une maison détiendraient un prêt hypothécaire supérieur à la valeur de leur propriété.

Washington tergiverse

Alors que le président Obama accuse les banquiers de n’avoir rien appris de la crise qu’ils ont provoquée, le Congrès américain tergiverse toujours sur le ménage qui doit être fait dans le système bancaire américain pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise.

La Chambre des représentants a adopté un projet de loi assez interventionniste sur le contrôle banques, mais le Sénat est paralysé par l’obstruction des républicains et l’intense lobbying des banquiers.

Barack Obama a profité de son discours sur l'état de l'Union pour insister à nouveau sur la nécessité d'une réforme du système bancaire, mais seule une révolte de la population pourrait venir à bout du Sénat américain.

Pour le moment, le mouvement « Move Your Money » incite les Américains à transférer leur affaires des grandes banques vers de plus petites entités, mais il serait étonnant que cette campagne fasse boule de neige.

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