"Papa, c'est quoi une crise financière?"

Publié le 14/01/2010 à 15:12

"Papa, c'est quoi une crise financière?"

Publié le 14/01/2010 à 15:12

Par Jean-Paul Gagné

Blogue.

« Papa, c’est quoi une crise financière », a demandé la fille de Jamie Dimon, président et chef de la direction de JP Morgan Chase.

Ce à quoi le banquier new-yorkais a répondu : « C’est quelque chose qui arrive à tous les cinq ou sept ans. »

Ce à quoi elle aurait répliqué : « Pourquoi tout le monde est surpris de cela alors . »

Cette anecdote a été racontée par le financier lui-même lors de sa comparution, mercredi, devant la commission du Congrès américain qui a entrepris d’enquêter sur les raisons de la pire crise financière qu’ont connue les États-Unis depuis les années 1930.

Outre Jamie Dimon, les autres étaient Lloyd Blankfein de Goldman Sachs, John Mack de Morgan Stanley et Brian Moynihan de Bank of America.

Une fatalité ?

Autrement dit, sans une réforme majeure, on aura une autre crise dans cinq, six ou sept ans si l’on se fie à Jamie Dimon. C’est comme une fatalité.

Or, les banques n’arrêtent pas de grossir et prennent de plus en plus de risque. Comme elles sont trop grosses que jamais (il y a eu trois fusions majeures depuis la crise) et qu’encore une fois on ne pourra les laisser tomber (« too big to fail »), la prochaine crise ne sera que plus dévastatrice.

Et ce sont les contribuables qui les sauveront encore une fois. Par contre, quand ça va bien, les banquiers travaillent pour eux et s’enrichissent, comme des parasites.

Pas d’excuses

Bien entendu, les quatre barons de la finance n’ont pas présenté d’excuses. Ils ont toutefois admis que « oui, ils prenaient la responsabilité de ce qui était arrivé ».

Ils se sont présentés comme des intermédiaire entre des acheteurs avisés et des vendeurs avisés, qui devaient savoir ce qu’ils faisaient quand ils achetaient les produits financiers synthétiques à haut risque qu’ils mettaient sur le marché.

Une réforme, quelle réforme ?

Bons joueurs ou hypocrites, ils se sont dits prêts à des réformes du système pour éviter qu’une nouvelle crise ne se reproduise. « Si c’est vrai, a répondu un membre du Congrès, ramenez vos lobbyistes, qui n’arrêtent pas de tout bloquer. »

La réalité, c'est qu'ils ne veulent pas de réforme. Ils ont le meilleur des deux mondes : quand ça bien, ils font beaucoup d'argent; quand ça va mal, ils sont sauvés par les contribuables.

Et ils trouvent tout à fait justifié de se partager des milliards de dollars de bonus même si leurs banques ont survécu grâce à l’argent des contribuables. Après tout, ne font-ils pas « l’œuvre de Dieu », comme l’a déjà déclaré Lloyd Blankfein.

Obama impuissant

Malgré tout, l’administration Obama se refuse à prendre le taureau par les cornes. Elle a laissé passer l'occasion d'imposer des mesures significative quand les banquies étaient en faillite technique.

Tout ce que l'administration Obama avance maintenant, ce sont des réformettes, qui semblent avoir très peu de chance de passer à travers le Sénat, dont plusieurs membres sont nourris grassement par des lobbyistes de Wall Street. De son côté, Ben Bernanke s'active. Il veut plus de pouvoir pour mieux contrôler les grandes banques. N'a-t-il pas déjà eu sa part de responsabilité en maintenant le taux directeur de la Réserve fédérale à 1 % ?

Comme les précéeentes, l’administration Obama compte dans ses rangs d’ex-banquiers new-yorkais et des proches de la haute finance américaine, à commencer par Tim Geithner, secrétaire au Trésor, et Lawrence Summers, conseiller économique principal de la Maison Blanche.

Pendant ce temps là, des personnes crédibles come Paul Volcker et Joseph Stiglitz prêchent dans le désert. Ils veulent démembrer les six grandes banques actuelles, pour se débarasser du syndrome du "too big to fail" justement. Mais Geithner et Summers, qui ont les oreilles de Barack Obama, à leur portée, ont dit non.

 

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