«On prend le virage, on n'a pas le choix» - Denis Coderre, maire de Montréal

Publié le 29/10/2014 à 17:33

«On prend le virage, on n'a pas le choix» - Denis Coderre, maire de Montréal

Publié le 29/10/2014 à 17:33

Denis Coderre, maire de Montréal

La ville intelligente était au coeur de la mission économique de Denis Coderre en Californie, à la fin du mois de septembre. À son retour à Montréal, le maire nous a accordé une entrevue sur le sujet.

Les Affaires - Vous avez beaucoup parlé de ville intelligente en campagne électorale. Presque un an plus tard, ça reste un concept flou. Qu'est-ce qu'une ville intelligente pour vous ?

Denis Coderre - Les Anglais disent «A smart city brings smart citizens». C'est un mode de gouvernance par lequel on cherche à mettre la technologie au service de la communauté. Par une meilleure coordination et une plus grande transparence, nous pouvons nous rapprocher des citoyens, parvenir à améliorer leur qualité de vie, tout en ayant un impact direct sur le développement durable. 

L.A. - Montréal fait déjà partie des 21 villes intelligentes finalistes du concours Intelligent Community Awards. Qu'apportez-vous de plus ?

D.C. - Je viens de nommer Stéphane Goyette, directeur du Bureau de la ville intelligente et numérique. Du côté politique, Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif et ingénieur en télécom, a été nommé responsable de ce dossier. Notre message est très, très clair : il y a une volonté politique. Notre objectif est d'être parmi les premières villes intelligentes en 2017.

L.A. - Un premier budget de 500 000 $ a été alloué au fonctionnement du Bureau de la ville intelligente et numérique. Sait-on combien coûtera l'ensemble des initiatives qui permettront d'atteindre cet objectif ?

D.C. - Les 500 000 $, c'était pour démarrer la machine, s'assurer qu'on puisse avoir une veille stratégique et s'occuper de la gestion des projets. Des dépenses s'ajouteront au fur et à mesure. Il est entendu que, lorsqu'on décide de mettre des GPS sur tous les camions [de déneigement], il y a un coût. Les investissements en TI par exemple devraient être augmentés d'une fois et demie au cours des trois prochaines années. Mais nos nouvelles façons de faire devraient aussi entraîner des économies grâce à l'élimination des dédoublements. [...] Quand un fonctionnaire sait que toutes ces données sont publiques, il a intérêt à ce que les choses se fassent. Ça lui met une saine pression. 

L.A. - Est-ce que la Ville sera le maître d'oeuvre du développement d'applications ou est-ce que vous ouvrirez simplement les données aux développeurs indépendants et aux start-ups ?

D.C. - Personnellement, je n'ai pas de problème avec le partage. Quand tu as des données libres, ce n'est pas une question de profit. C'est une question de permettre au maximum de personnes de les utiliser à des fins publiques. On ne développe pas des applications pour qu'un autre les récupère et fasse de l'argent avec.

Ce qu'il faut par contre est de s'assurer d'avoir des vases communicants. [...] Ça peut se faire à l'interne comme à l'externe, ce que permettent les données ouvertes. 

L.A. - Votre promesse de fournir du Wi-Fi gratuit partout sur l'île tient-elle toujours ?

D.C. - Oui, moi je veux le Wi-Fi gratuit partout sur l'île. La démocratisation passe par l'accès aux technologies. J'ai lu quelque part que les analphabètes de demain sont ceux qui ne seront pas capables d'utiliser les ordinateurs. Mon rôle est d'assurer une plus grande accessibilité. Lorsque je dis cela, je m'en tiens aux endroits publics. Je ne rentre pas dans les foyers. Je parle de quartiers, de rues ou de parcs. C'est plus facile dans les nouveaux quartiers, mais on peut profiter de réfections pour faire ces travaux. 

L.A. - Plusieurs villes ont investi des fortunes dans le Wi-Fi sans obtenir les résultats escomptés. Vous ne craignez pas de perdre le contrôle des dépenses ?

D.C. - Le problème est qu'on a toujours eu l'impression que, lorsqu'on parle d'informatique, ça devient nécessairement un trou sans fond. C'est pour cela qu'on avance de façon prudente, secteur par secteur, en évitant de faire du gré à gré. Les choses ont changé depuis dix ans. Notre implication dans Metropolis et CityLab n'est pas fortuite. En s'inspirant des meilleures pratiques à l'international, j'ai confiance que nous saurons mettre en place les meilleures pratiques tout en nous dotant de tous les outils de prévention pour éviter les erreurs du passé.

L.A. - Comment est reçu ce projet chez les employés de la Ville ? Est-ce qu'ils perçoivent ces changements comme un moyen de mesurer leur productivité, voire de justifier d'éventuelles mises à pied ?

D.C. - Je ne le sens pas. J'ai l'impression que c'est parce que nous redéfinissons la ville. On leur dit qu'ils sont des acteurs de changement. Ces gens-là ont, comme moi, la passion de la métropole et ils veulent jouer un rôle prépondérant. Et comme vous allez avoir de moins en moins de murs entre les divers services, il y aura une plus grande fluidité [de l'information], ce qui aura un effet motivateur à mon avis. Il faut juste s'assurer d'une bonne transition, mais au bout du compte, on n'y échappe pas. On est rendus là. On prend le virage, on n'a pas le choix.

L.A. - Quel obstacle risquerait de compromettre vos projets ?

D.C. - Le seul obstacle, et il faut y faire attention, ce sont les questions de confidentialité des données et de vie privée. Il faut garder en tête que, lorsqu'on parle de données ouvertes, ça ne veut pas dire qu'on exposera la vie de tout le monde. Il faut protéger les citoyens et l'individu.

Avec la collaboration de Julien Brault.

*Cet article a d'abord été publié dans le journal Les Affaires du 18 octobre 2014.

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