Mes hommages, Monsieur Samuelson

Publié le 14/12/2009 à 09:59

Mes hommages, Monsieur Samuelson

Publié le 14/12/2009 à 09:59

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Paul A. Samuelson est mort. Il avait 94 ans.

Prix Nobel d’économie en 1970, professeur de carrière au Massachusetts Institute of Technology, Samuelson s’est surtout fait connaître pour son bestseller, « Economics », publié pour la première fois en 1948 et vendu à environ 2,5 millions d’exemplaires (50 000 livre par année pendant 50 ans).

Pourquoi un tel succès ? Parce que ce livre était à la fois riche en contenu, illustré de nombreux graphiques et présenté de façon accessible. Publié en 20 langues, ce « textbook » a servi de livre de base pour la formation des économistes de nombreux pays.

C’est cet ouvrage, publié en français et en deux tomes, qui m’a initié à la science économique et qui a finalement dicté ma carrière professionnelle, le journalisme économique. Merci Monsieur Samuelson.

Démocratisation de Keynes

Le grand mérite de Samuelson a été d’avoir démocratisé la science économique et d’avoir donné une base plus analytique aux théories de John Maynard Keynes, cet économiste britannique dont la principale contribution fut de reconnaître un rôle à l’État dans la stabilisation de l’économie.

C’est en s’appuyant sur la « théorie générale » Keynes que l’administration de Franklin Delanoe Roosevelt lança plusieurs programmes de relance pour permettre aux États-Unis de sortir de la Grande Dépression dans les années 1930.

Selon la théorie classique, les forces du marché devaient être capables de ramener l’économie à l’équilibre et le gouvernement devait s’en tenir à l’équilibre budgétaire lors des récessions, soit par des hausses des impôts et des réductions de dépenses.

Selon la théorie keynesienne, le marché à lui seul est incapable de ramener l’économie à l’équilibre lorsque celle-ci a dérapé. L’État doit par exemple utiliser la politique fiscale pour accumuler des surplus lorsque l’économie roule à plein régime et il peut réduire les impôts, accroître les dépenses publiques et faire des déficits lorsque l’économie est en récession.

La plupart des gouvernements des pays industrialisés ont adhéré à cette doctrine, mais plusieurs ont oublié sa première partie, soit d’accumuler des surplus quand l’économie va bien. Ils ont surtout retenu l’autre partie de l’équation, soit la possibilité de faire des déficits. La plupart des gouvernements en font presque toujours.

Samuelson reonnaissait que les gouvernements ne peuvent pas rester en déficit sur une longue période et qu'il y a une limite à la taille des gouvernements. Il a précisé les notions de biens publics (ceux pour lesquels les citoyens ne veulent pas payer, comme la défense nationale, et que l'État doit fournir) et de biens privés (ceux pour lesquels les citoyens sont prêts à payer, comme des produits et services de consommation courante et que le secteur privé sait produire et vendre). 

Kennedy, Krugman, etc.

Samuelson fut le premier économiste qu’a consulté John F. Kennedy après son élection en 1960. Ce dernier lui offrit le poste de président du Bureau des conseillers économiques de son gouvernement, mais il refusa pour garder son indépendance. Il conseilla à Kennedy de réduire les impôts pour relancer l’économie, mais ce dernier commença par s’opposer à cette mesure qui allait à l’encontre de sa promesse électorale de maintenir un budget équilibré. Après l’assassinat de Kennedy, Lyndon B. Johnson acquiesça à la suggestion de Samuelson et l’économie se releva.

Il a enseigné à plusieurs étudiants qui sont devenus des célébrités, tel Paul Krugman, professeur à Princeton, chroniqueur au New York Times et Prix Nobel en 2008.

Samuelson a développé plusieurs théories, qui faisaient appel aux mathématiques et qui ont permis de mieux expliquer le cycle économique et comprendre les relations entre le niveau des taux d’intérêt et l’investissement, entre les salaires et l’emploi, entre la productivité et le commerce international, etc. Il était un chaud partisan du libre échange.

Milton Friedman

Samuelson est mort au même âge que Milton Friedman (1912-2006), lui aussi Prix Nobel (1976), grand guru de l’Université de Chicago et grand défenseur de la politique monétaire comme principal instrument de stabilisation de l’économie.

La pensée de Friedman a contribué à créer « l’école de Chicago », pour désigner les théories qui en ont émergé et les disciples qui ont adhéré à cette pensée. Certains ont guidé les gouvernements des présidents Reagan et Bush, alors que la pensée de Samuelson a davantage influencé les administrations démocrates.

Samuelson a débuté sa formation d’économiste à l’Université de Chicago, mais il l’a poursuivie à Harvard, où il obtenu son doctorat. Mais il était trop libéral (aux yeux du directeur de son département, qu’il avait osé critiqué) pour être recruté comme professeur à Harvard, d’où son passage au M.I.T, où il passa toute sa vie professionnelle.

 

À la une

Les profits d’Alphabet bondissent

Il y a 52 minutes | AFP

La maison mère de Google a été portée par la publicité, le cloud et l’IA.

Microsoft fait mieux que prévu au premier trimestre

Il y a 42 minutes | AFP

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse, l’action Microsoft gagnait près de 5%.

Bourse: Wall Street plombée par Meta et la faible croissance américaine

Mis à jour à 16:58 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en baisse, jeudi.