L’industrie minière et les gouvernements n’en font pas assez pour protéger l’environnement

Publié le 02/08/2022 à 11:27, mis à jour le 02/08/2022 à 16:01

L’industrie minière et les gouvernements n’en font pas assez pour protéger l’environnement

Publié le 02/08/2022 à 11:27, mis à jour le 02/08/2022 à 16:01

Par La Presse Canadienne

Ce sont 68% des répondants qui sont d’avis que l’industrie minière «engendre des impacts négatifs importants sur l’environnement». (Photo: Dominik Vanyi pour Unsplash)

Une majorité de Québécois croit que l’industrie minière et les gouvernements n’en font pas assez pour protéger l’environnement et une très large proportion estime que la Fonderie Horne, en Abitibi, devrait respecter les mêmes normes qu’ailleurs au Québec, selon un sondage Léger commandé par la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine.

Selon le sondage réalisé du 11 au 18 juillet 2022 auprès de 995 répondants, 68% sont d’avis que l’industrie minière «engendre des impacts négatifs importants sur l’environnement» et 79% soutiennent qu’il faut prioriser la santé et l’environnement avant l’économie, «même si cela signifie que certains projets miniers devront cesser leurs opérations».

De plus, 80% des répondants croient que «les gouvernements doivent prioriser la réutilisation et le recyclage des minéraux avant d’exploiter davantage de mines», et 54% pensent que «réduire l’extraction minière est nécessaire pour lutter contre les changements climatiques».

Contre les mines dans les zones récréotouristiques

À l’heure où une vingtaine de municipalités en Outaouais se mobilisent et font campagne contre l’exploration minière du graphite, en raison notamment de l’impact des mines sur l’industrie récréotouristique de la région, le sondage Léger révèle que 76% des Québécois sont d’avis que tout projet minier devrait être interdit dans «des zones touristiques ou de villégiature».

Le préfet de la MRC de Papineau, où des des projets d’exploration minière ont lieu, a réagi au sondage dans un communiqué. «Nos citoyens sont très attachés à notre territoire, parsemé de lacs et cours d’eau exceptionnels. On entend très clairement leur message et nous le partageons. Dans les règles actuelles du gouvernement, notre MRC est incompatible à l’activité minière», a indiqué Benoit Lauzon.

Également, la quasi-totalité des répondants, soit 89%, croit qu’il devrait être interdit de rejeter des «déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible».

En entrevue avec La Presse Canadienne, la directrice d’Eau Secours, qui fait partie de la coalition qui a commandé le sondage, a rappelé que le gouvernement du Québec a récemment autorisé Minerai de fer Québec à remplir des lacs avec des résidus de sa mine de fer du lac Bloom, sur la Côte-Nord.

«C’est inacceptable qu’en 2022, on utilise encore des lacs pour mettre des résidus miniers et malheureusement, le ministère de l’Environnement a donné son d’accord à ce projet-là, c’est inacceptable. C’est incompréhensible parce que toutes les solutions sont là pour épargner ces lacs-là», a indiqué Rébecca Pétrin.

Selon elle, le sondage montre que les Québécois souhaitent que les gouvernements et les minières posent des gestes concrets pour protéger l’environnement.

«On ne veut pas nier qu’on a besoin de l’industrie minière pour le futur. Ce qui importe, c’est vraiment d’être ambitieux dans nos revendications pour l’industrie minière, d’augmenter les normes de protection de l’environnement. Les mines, les industries vont se mettre au pas de nos exigences, mais on doit élever nos exigences en matière de protection de l’environnement.»

Glencore doit respecter les règles

Quatre-vingt-un pour cent des répondants affirment que la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda devrait respecter les mêmes normes d’émissions d’arsenic et d’autres métaux que partout ailleurs au Québec.

La fonderie, propriété de Glencore, rejette actuellement dans l’air jusqu’à 100 nanogrammes d’arsenic par mètre cube, soit 33 fois plus que la norme québécoise, qui est de 3 ng/m3.

«Chez nous, on perd cinq ans d’espérance de vie et on a beaucoup plus de chances d’attraper certains cancers qu’ailleurs au Québec. Ce ne sont pas des publicités et des annonces de millions dont la population a besoin, mais bien des engagements fermes d’atteindre les mêmes normes de qualité de l’air que partout au Québec», a indiqué Nicole Desgagnés, du Comité citoyen Arrêt des rejets et émissions toxiques à Rouyn-Noranda, en réaction aux résultats du sondage.

Le sondage montre également que 73% des répondants affirment que «la pollution de l’air en nickel et d’autres métaux au Port de Québec doit cesser».

Le gouvernement Legault a récemment autorisé une hausse de la norme de nickel dans l’air pour la faire passer de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube par jour.

Cela a provoqué une mobilisation importante, notamment dans le secteur Limoilou à Québec. Même le maire de Québec, Bruno Marchand, s’est prononcé contre le projet.

La demande de hausser la norme sur le nickel provenait de sociétés minières, dont Glencore, qui possède des installations dans le port de Québec.

«Les derniers mois ont été rythmés par des discussions soutenues sur les normes acceptables de polluants atmosphériques, que ça soit le nickel à Québec ou l’arsenic à Rouyn-Noranda», a souligné la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, après avoir constaté les résultats du sondage.

«Ce sondage nous confirme que ce que ces communautés demandent depuis plusieurs années résonne auprès de l’ensemble du Québec», a ajouté celle qui est présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement et qui s’oppose à la hausse de la norme de nickel.

Un deuxième volet du sondage portant sur la fiscalité minière devrait être publié dans les prochains jours.

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