Les 10 entreprises québécoises qui ont marqué la décennie

Publié le 19/12/2009 à 00:00

Les 10 entreprises québécoises qui ont marqué la décennie

Publié le 19/12/2009 à 00:00

Par François Normand

Éclatement de la bulle techno, attentats du 11 septembre 2001, pire crise économique depuis la Grande Dépression... Les dix dernières années auront été agitées pour l'ensemble de l'économie.

Les sociétés nommées " entreprise de l'année " par Les Affaires se sont ressentie de l'onde de choc de cette période trouble, mais certaines d'entre elles sont parvenues à se démarquer. Nous profitons de la fin de la décennie pour faire un retour sur les entreprises récipiendaires du titre d'" entreprise " de l'année. Ce titre est un baromètre de l'évolution du Québec inc., couronnant tantôt les réalisations de sociétés bien établies, récompensant tantôt l'audace de nouveaux venus.

Ce processus comporte sa part de risque pour notre comité de sélection maison. Les dix sociétés nommées entre 1999 et 2008 en donnent un bon exemple. Si certaines ont brillé après avoir reçu notre coup de chapeau, d'autres ont connu une traversée du désert. C'est notamment le cas de Garda. L'entreprise de l'année en 2006 s'était rapidement hissée parmi les entreprises phares du Québec à la suite d'une série d'acquisitions importantes. Toutefois, elle a connu de graves difficultés financières en 2008, au point où certains analystes se questionnaient sur sa viabilité.

La dernière décennie a aussi été marquée par une vague de fusions et d'acquisitions : Molson a fusionné avec Coors, et BioChem Pharma a été absorbée par la société britannique Shire.

D'autres entreprises, comme Alimentation Couche-Tard, ont plutôt été propulsées par les acquisitions. La chaîne lavalloise a réussi à percer aux États-Unis après avoir été nommée entreprise de l'année en 1999. Un exploit que peu d'entreprises québécoises ont accompli. Même Jean Coutu, qui affichait des revenus trois fois plus élevés que Couche-Tard en 1999, a subi un revers important dans sa tentative de conquête du marché américain avec l'acquisition d'Eckerd en 2004.

Nous avons demandé à Carl Simard, gestionnaire de portefeuille chez Medici, d'analyser la performance des sociétés lauréates, à l'exception du Mouvement Desjardins et de BioChem Pharma. La première n'est pas inscrite en Bourse, tandis que la seconde n'existe plus. Trois critères d'évaluation du rendement des entreprises ont été retenus : la croissance annuelle des ventes, le rendement du capital annuel investi, et la croissance annuelle du bénéfice par action.

Couche-Tard et Saputo, les championnes du rendement

Couche-Tard a été nommée entreprise de l'année en 1999, après avoir acquis le géant ontarien Silcorp pour 220 millions de dollars.

" J'ai toujours dit qu'on deviendrait les plus gros au Canada, et maintenant que c'est fait, pourquoi ne pas devenir le plus grand réseau de dépanneurs au monde ? ", avait dit Alain Bouchard en 1999. Pas de doute, il s'est beaucoup rapproché depuis de cet objectif.

Couche-Tard est de loin l'entreprise qui a réalisé le meilleur rendement parmi nos entreprises de l'année. " La société se démarque sous tous les aspects analysés ", souligne Carl Simard. La croissance de ses ventes et de son bénéfice par action sont respectivement le double et le triple de la moyenne du groupe.

Le fabricant de produits laitiers et d'épicerie, Saputo, se classe bon deuxième. " Elle a le meilleur rendement du capital du groupe ", note M. Simard. Il classe Saputo au deuxième rang, même si Astral Media, Domtar, Garda et Rona ont vu croître leurs ventes à un rythme annuel beaucoup plus soutenu depuis 2001.

" Ce ne sont pas les ventes qui comptent en fin de compte, mais les profits ", dit-il. À ce chapitre, Saputo affiche la deuxième meilleure croissance du bénéfice par action du groupe, une place qu'elle partage avec Molson Coors. Cependant, la croissance des ventes de Molson Coors et Saputo est de loin inférieure à la moyenne des entreprises de l'année.

Garda a vu ses revenus progresser à un rythme annuel de 59 % (soit le triple de la moyenne). Son bénéfice par action n'a toutefois progressé que de 3 % par an en moyenne. Selon les analystes, cette situation tient à l'endettement élevé de la firme de sécurité.

Domtar et CAE, les plus décevantes

Domtar affiche la pire performance du groupe. Elle se retrouve en-dessous de la moyenne pour les trois indicateurs analysés. Carl Simard refuse de jeter la pierre à Domtar, car l'entreprise évolue dans une " industrie difficile ". La hausse de près de 50 % du dollar canadien par rapport à la devise américaine depuis 2001 a porté un coup fatal à plusieurs entreprises forestières québécoises.

CAE a également affiché une performance inférieure à la moyenne du groupe, mais M. Simard souligne l'amélioration de sa situation financière. " Le pdg Robert Brown a réalisé un redressement formidable. "

Astral Media et Rona, qui affichent une performance moyenne, ont connu au cours de la dernière décennie leurs parts de succès. Stimulées par les acquisitions, Rona et Astral se sont hissées parmi les entreprises dominantes de leurs secteurs respectifs. Ces deux sociétés ont aussi connu leur part de défis. Rona, par exemple, a souffert avant la plupart des entreprises du ralentissement économique : son bénéfice est en baisse depuis 2006.

Même si nos lauréates ont connu des hauts et des bas au cours de la dernière décennie, elles ont marqué le paysage économique du Québec à leur façon.

Garda, ou le développement boulimique

Depuis sa fondation, en 2003, la firme de sécurité Garda (Tor. GW, 9,65 $) a connu une croissance fulgurante, mais au prix d'un lourd surendettement.

" L'entreprise contracte beaucoup de dette bancaire puisqu'elle n'émet pas de titres d'emprunt ", explique un analyste financier qui souhaite conserver l'anonymat. Et la crise du crédit que nous avons connue en 2008-2009 a compliqué le financement de sa dette.

Pour diminuer son endettement, Garda a d'ailleurs vendu, en juin dernier, ses activités de gardiennage aux États-Unis et au Mexique, qui faisaient partie de Vance International, une société acquise par Garda en 2006.

Grâce à ses acquisitions, le géant montréalais compte aujourd'hui 50 000 professionnels dans le monde qui offrent des services d'enquêtes puis de services-conseils et de sécurité.

Au cours des prochaines années, le principal défi de Garda sera de réduire sa dette tout en poursuivant sa croissance. " Toutefois, elle ne doit pas payer trop cher pour ses acquisitions ", précise notre analyste.

CAE mise sur la diversification de ses revenus

CAE (Tor. CAE, 8,50 $) a diversifié ses revenus au début de la décennie en effectuant notamment une percée dans le secteur de la formation des pilotes. Cette approche a permis à l'entreprise montréalaise de limiter ses pertes dues aux nombreuses perturbations qui ont secoué l'industrie de l'aéronautique depuis les attentats terroristes de septembre 2001.

" Le secteur de l'aéronautique est cyclique ", dit Benoît Poirier, analyste financier chez Valeur mobilières Desjardins.

Entre le 11 septembre 2001 et la crise financière actuelle, CAE a souffert des difficultés financières des transporteurs, qui achètent alors moins de simulateurs.

Le secteur de la formation des pilotes est moins sensible aux cycles économiques. Aujourd'hui, l'entreprise compte 140 simulateurs de vol répartis dans 24 centres de formation dans le monde. " Ce segment procure à CAE 3,5 et 4 millions de dollars par simulateur par année ", précise M. Poirier.

En 2009, son chiffre d'affaires provenait à 56 % du secteur civil et à 44 % de contrats militaires.

Selon l'analyste, le principal défi de l'entreprise au cours des prochaines années consistera à poursuivre sa diversification pour compenser le ralentissement actuel dans l'aéronautique, notamment dans le secteur médical (simulation d'actes médicaux), où CAE veut s'imposer.

Couche-Tard, championne de la croissance

Ces dix dernières années, l'événement marquant concernant Alimentation Couche-tard (Tor. ATD.B, 21,33 $) est sa croissance aux États-Unis.

En mettant la main sur cette filiale de la pétrolière ConocoPhilipps, Couche-Tard se retrouvait avec 1 663 nouveaux magasins situés dans 16 États américains qui avaient des relations (franchise ou licence) avec 627 autres établissements.

Aujourd'hui, le réseau de Couche-Tard compte plus de 5 900 magasins, dont 4 100 vendent de l'essence. Ils sont répartis dans les 10 provinces canadiennes et dans 43 États américains. L'entreprise compte aussi des franchises au Mexique et en Asie, notamment en Chine, en Indonésie et au Japon.

Selon l'analyste que nous avons interrogé, Couche-Tard fera face à trois défis au cours des prochaines années.

D'abord, l'entreprise lavalloise devra préserver ses marges bénéficiaires sur ses ventes d'essence alors que les véhicules sont de plus en plus efficaces.

Elle devra aussi limiter l'impact du déclin des ventes de cigarettes en Amérique du Nord (30 % de ses revenus) sur son chiffre d'affaires en se tournant vers d'autres produits. Son dernier défi consistera à maintenir son rythme de croissance historique.

Astral : un groupe médiatique d'envergure nationale

Astral Media (Tor. AMA.A, 32,41 $) est devenu, au cours de la dernière décennie, un des principaux groupes médiatiques et le plus important radiodiffuseur du Canada.

Selon Paul Steep, analyste de Scotia Capitaux, deux éléments ont marqué la société depuis 10 ans : son expansion à l'extérieur du Québec et sa croissance dans le segment de l'affichage extérieur.

" Astral Media a multiplié les acquisitions de groupes de stations de radio, notamment Standard Radio en 2007 ", dit-il. Astral Media devient alors numéro un dans la radiodiffusion au pays avec 82 stations réparties dans huit provinces et 46 marchés.

Dans l'affichage, sa principale réalisation est l'important contrat décroché auprès de la Ville de Toronto en 2007, souligne M. Steep. " Cette entente, la plus importante de son histoire, a propulsé Astral Media dans le top 3 de l'industrie " et devrait générer des revenus de 1,5 milliard de dollars sur 20 ans.

Dans les prochaines années, l'analyste estime que le principal défi de la société sera de poursuivre sa croissance dans un secteur en pleine transformation.

À la une

Bourse: Wall Street finit en hausse, record pour l’indice S&P 500

Mis à jour le 27/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a gagné près de 200 points mercredi.

À surveiller: CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP

27/03/2024 | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 27 mars

Mis à jour le 27/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.