Le travail à temps partiel a ses avantages


Édition du 09 Novembre 2013

Le travail à temps partiel a ses avantages


Édition du 09 Novembre 2013

Par Pierre Théroux

Photo: Bloomberg

Les emplois à temps partiel sont souvent mal vus. Or, ce type d'emplois présente de nombreux avantages, tant pour les entreprises que pour les employés, affirme Youri Chassin, de l'Institut économique de Montréal, qui vient de publier une note sur la transformation du marché du travail.

«Il n'y a pas de raison de sous-estimer les emplois à temps partiel. On les minimise en soulignant qu'il s'agit d'emplois précaires qui ne sont donc pas bons pour l'économie. Mais l'alternative est plus souvent le chômage, plutôt qu'un emploi à temps plein», signale l'économiste, en entrevue avec Les Affaires.

Le marché du travail s'est transformé en profondeur ces dernières décennies. L'emploi atypique, comparativement à l'emploi traditionnel, permanent et à temps plein de jour, a pris beaucoup plus d'importance.

«Le marché du travail temporaire a toujours existé, mais il a pris de l'ampleur ces dernières années ; et cette tendance se poursuivra, compte tenu de la démographie», constate Florent Francoeur, pdg de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

L'emploi à temps partiel peut même favoriser l'intégration permanente au marché du travail, souligne M. Chassin. Au tournant des années 2000, précise l'économiste, 60 % des personnes sans emploi qui en avaient obtenu un au cours des deux années suivantes avaient d'abord occupé un emploi dit atypique. Cela s'avère particulièrement juste pour certains groupes caractérisés par un taux de chômage plus élevé.

«Plusieurs travailleurs, notamment parmi les jeunes et les immigrants, ont de la difficulté à trouver un emploi, surtout à temps plein. Pendant ce temps, plusieurs entreprises, dans des domaines divers, peinent à pourvoir des postes. Un marché du travail flexible constitue une solution privilégiée à ce problème, tant pour les employés que pour les employeurs», affirme M. Chassin, selon qui il est difficile pour un employeur d'évaluer la productivité potentielle d'un immigrant qui a été éduqué et formé dans un contexte différent.

Or, précise-t-il, un emploi à temps partiel donne aux immigrants l'occasion d'acquérir de l'expérience et de se faire valoir.

La flexibilité du temps partiel

Pour les employeurs, le recours au travail à temps partiel offre une plus grande flexibilité. «Dans certains secteurs d'activité qui connaissent des périodes de pointe, comme ceux du commerce de détail ou du tourisme, le recours aux travailleurs à temps partiel est essentiel», dit M. Francoeur.

Les crises économiques, comme celle qui perdure depuis 2008, favorisent aussi l'essor du travail à temps partiel. «Les entreprises préfèrent offrir des emplois temporaires en attendant la reprise», remarque Johanne Berry, présidente de l'agence de placement et de recrutement Télé-Ressources.

Un sondage mené auprès d'entreprises américaines indique qu'elles ont recours aux services des agences de recrutement principalement pour faire face à une augmentation imprévue des affaires (52 %), pour combler des absences imprévues ou de longue durée (47 %), en attendant le remplacement permanent d'un employé (47 %), pour des projets spéciaux (36 %) ou pour faire face aux périodes de pointe saisonnières (28 %).

Les employés y trouvent aussi leur compte. D'ailleurs, les trois quarts des Québécois travaillent à temps partiel par choix, selon M. Chassin. «La croissance de l'emploi atypique correspond en bonne partie au choix de nombreuses personnes d'occuper un poste adapté à leurs obligations familiales, à la poursuite de leurs études ou à la retraite progressive. Pour d'autres, soit environ le quart de ceux qui occupent un tel emploi, il s'agit d'une option involontaire, parce qu'ils ne trouvent pas de poste permanent à temps plein.»

«Nous avons de plus en plus de jeunes retraités dans nos banques, des gens qui veulent continuer à travailler, mais pour des périodes temporaires», fait remarquer Mme Berry, en soulignant que le phénomène de conciliation travail-famille amène aussi son lot de candidats.

L'essor des agences de placement

Le besoin d'un marché du travail plus flexible a favorisé le développement de l'industrie des agences de recrutement et de placement. En 2011, ces entreprises ont versé 6,6 milliards de dollars en salaires et avantages sociaux au Canada, dont environ 1,5 G$ au Québec, par rapport à 3,8 G$ en 2000.

«Le marché est en croissance, particulièrement dans les entreprises manufacturières», souligne Mme Berry.

Selon l'Association nationale des entreprises en recrutement et en placement de personnel, plus de 400 000 Canadiens trouvent un emploi par l'intermédiaire de leurs 400 entreprises membres, dont 120 au Québec.

12 %

Aux États-Unis les agences de recrutement et de placement ont .t.t responsables de 12 % de la création nette d'emplois durant les trois dernières années, alors qu'elles représentent moins de 2 % de l'emploi total. Source: Bureau of Labor Statistics

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