Est-ce l'heure de la nouvelle révolution du travail?

Publié le 31/03/2022 à 13:02

Est-ce l'heure de la nouvelle révolution du travail?

Publié le 31/03/2022 à 13:02

Le manque de travailleurs est la cause de plusieurs difficultés financières, voire de fermetures temporaires ou permanentes. (Photo: 123RF)

COURRIER DES LECTEURS. Un texte de Marc Soucy, PDG d’InnovMetric, une multinationale québécoise spécialisée en développement de logiciels de mesure 3D

La pandémie a produit un électrochoc qui a forcé nos entreprises à revoir plusieurs de leurs pratiques et processus, mais ce n’était qu’un amuse-gueule comparativement aux défis qui les attendent pour les trente prochaines années. Au cœur de cette vague de changements, une transformation colossale du marché du travail, avec pour toile de fond le vieillissement de la population et la pénurie de main-d’œuvre, le tout jumelé à l’accélération des changements climatiques.

Dans son livre La Troisième Vague paru en 1980, le sociologue américain Alvin Toffler explique que l’humanité a vécu deux grandes vagues de changements dans son histoire. La première, provoquée par l’invention de l’agriculture. La deuxième correspondant à la révolution industrielle. Il ajoutait qu’une troisième vague était en cours et que nous étions en transition vers une société post-industrielle fondée sur l’information et la communication numérique. Il ne s’est visiblement pas trompé.

Cette troisième vague nous a parfois essoufflés, mais elle n’est rien en comparaison des défis qui nous attendent d’ici 2050. Pour la première fois de notre histoire, nous devons faire face à une ère de changements radicaux qui ne seront pas induits par l’évolution de la technologie, mais plutôt par les comportements humains.

Marc Soucy, PDG d’InnovMetric (Photo: courtoisie)

Une fatalité?

La raréfaction de la main-d’œuvre qualifiée est un phénomène bien réel qui touche les entreprises de tous les secteurs, et elle n’est pas près de s’estomper. Déjà, le manque de travailleurs est la cause de plusieurs difficultés financières, voire de fermetures temporaires ou permanentes. Elle force également plusieurs entreprises technologiques et manufacturières à prendre des décisions difficiles, comme celle d’ouvrir des filiales dans des pays où la main-d’œuvre qualifiée est disponible, au lieu d’ouvrir de nouveaux postes ici, au Québec. Ce phénomène risque de s’accentuer dans les prochaines années parce que la relève que nous formons ne suffit pas à combler les besoins existants du marché du travail.

On peut affirmer sans se tromper que cette situation aura un coût important pour l’ensemble de la société, autant pour les contribuables que pour nos entreprises.

 

Ou une nouvelle opportunité de se dépasser?

Le gouvernement et les entreprises doivent mettre toutes les options sur la table pour que le marché du travail s’adapte à cette nouvelle réalité.

Une accélération de l’immigration pourrait certes mitiger certaines répercussions de la pénurie de main-d’œuvre, même si elle ne permettait pas d’éliminer tous les effets du vieillissement de notre société.

Surtout, nos entreprises doivent remettre en question la façon de concevoir les emplois. Dans cinq à dix ans, des centaines de milliers de travailleurs ne souhaiteront plus travailler à temps plein dans nos entreprises, et les remplacer sera très ardu. Il faut trouver des formules attractives pour les garder en emploi, à leurs conditions, par exemple en offrant des emplois en télétravail, mais aussi des emplois hybrides, à temps partiel ou même saisonniers.

Les défis qui nous attendent sont immenses, mais il n’est pas trop tard, et surtout, pas trop tôt pour mettre en place les solutions qui s’imposent. Chose certaine, l’heure du réveil a sonné.

 

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