La Russie, un pays contaminé par la corruption

Publié le 08/12/2009 à 09:40, mis à jour le 28/10/2010 à 16:46

La Russie, un pays contaminé par la corruption

Publié le 08/12/2009 à 09:40, mis à jour le 28/10/2010 à 16:46

Par Olivier Schmouker

Les montants à verser croissent à vitesse exponentielle. Photo : Bloomberg.

Les Russes sont réputés pour leur sens de l’autodérision. Une des blagues les plus classiques consiste à dire que s’il y a une chose qui fonctionne bien en Russie, c’est la corruption! Une blague qui semble loin de devenir obsolète…

L’organisme Transparency International a dévoilé en novembre son palmarès des pays souffrant le moins de la corruption. Pas de surprise pour la Russie, toujours dans les profondeurs du classement: son indice de la perception de la corruption (IPC) est de 2,2 points sur 10, ce qui le fait figurer à la 146e place sur 177 pays étudiés. En 2008, il occupait déjà la 147e place.

«Ces résultats ne peuvent pas être qualifiés de décents. L'indice de la Russie est le pire parmi les pays du G-20, dans lequel notre pays se considère pourtant comme un membre à part entière», dit Elena Panfilova, directrice, Russie, de Transparency International.

La fondation Indem évalue les pots-de-vin distribués aux fonctionnaires russes à 318 milliards de dollars américains par an. Un chiffre corroboré par Kirill Kabanov, président, du Comité national de lutte contre la corruption.

Les experts d’Indem affirment de surcroît que 80% des entreprises implantées en Russie sont contraintes de verser des pots-de-vin, dont les montants moyens ont bondi en l’espace de quelques années. Ainsi, là où il fallait à une entreprise verser en moyenne 10 000 dollars américains pour ne pas avoir d’ennuis en 2000, il faut maintenant céder 130 000 dollars américains. C’est l’équivalent du prix d’un petit appartement à Moscou.

Et la situation ne fait qu'empirer : d'après les propres données du ministère russe de l'Intérieur, le montant du pot-de-vin moyen s’est multiplié par trois et demi, rien que l’année passée.

Medvedev et Poutine traités d’hypocrites

À la surprise générale, le président russe Dmitri Medvedev a lancé l’an dernier un vaste programme de lutte contre la corruption dans l’administration russe. «Pour la société contemporaine, la corruption est l'ennemi numéro 1», a-t-il même dit dans un discours devant l’Assemblée fédérale. Et son premier ministre Vladimir Poutine a enfoncé le clou en exigeant du Service fédéral de sécurité et du ministère de l'Intérieur de fournir des résultats «concrets», à savoir de «coffrer les coupables».

Du coup, des arrestations de fonctionnaires corrompus ont régulièrement lieu, très médiatisées à chaque fois. L’une des dernières concerne deux douaniers de l'aéroport Cheremetievo de Moscou, arrêtés en novembre pour avoir reçu des dessous-de-table de la part des compagnies Prioritet et Chreia Corporation. Les deux encourent jusqu'à 12 années de prison.

Mais voilà, des voix commencent à s’élever en Russie pour dénoncer toute cette «frime gouvernementale». Elena Pamfilova a récemment rencontré le président Medvedev et les membres du Conseil d'assistance au développement des institutions de la société civile et des droits de l'homme et a profité de l’occasion pour leur dire leurs quatre vérités : «Des lois sont adoptées, mais la corruption ne diminue pas. En réalité, vous ne brûlez aucunement de laisser la société prendre en mains ce dossier, seule politique qui serait efficace pour changer les mentalités chez nous», a-t-elle lancé.

Mme Pamfilova déplore les interminables discours et la lutte embryonnaire contre la corruption, qui ne sanctionne jamais les personnes gradées ou occupant des postes élevés dans l’administration, alors que «la corruption est enracinée dans les échelons supérieurs du pouvoir». Alexei Volkov, le président de la Commission de la Duma (chambre basse du parlement russe) pour la lutte contre la corruption, lui donne entièrement raison : «Tous les ministères russes sont contaminés. Le problème, c’est le personnel. On recrute non pas les gens pour leurs qualités professionnelles, mais parce qu’il s’agit de «connaissances» du recruteur, et donc des personnes dociles et soumises, facilement corruptibles», dit-il.

De fait, les fonctionnaires font tout leur possible pour entraver cette lutte. Un exemple est révélateur... Le 13 novembre, lors d'une conférence de Doha des pays signataires de la Convention de l'Onu contre la corruption, la Russie a bloqué l'adoption du mécanisme de contrôle du respect des exigences de cette Convention. Qu’est-ce qui dérangeait tant les fonctionnaires russes? Il était prévu dans la Convention des inspections indépendantes, la participation d’institutions de la société civile à ces inspections ainsi que la divulgation au grand public des résultats des inspections.

Pour bloquer ces procédures, les Russes ont invoqué les termes de «défense de la souveraineté» et de «non-ingérence dans les affaires intérieures». «Mais pourquoi le contrôle public sur les personnes corrompues qui pillent le pays est-il une menace pour sa souveraineté? Penser ainsi est tout simplement honteux», s'indigne la représentante russe de Transparency International.

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