Le prix du litre d’essence a bondi lundi à 222,9 cents le litre à Vancouver, alors que les prix à la pompe à travers le pays ont augmenté au cours de la fin de semaine. (Photo: La Presse Canadienne)

Les prix de l’essence au Canada continuent de battre des records, ouvrant la voie à des conséquences potentiellement durables sur tout, du coût des biens au comportement des consommateurs. 

Le prix du litre d’essence a bondi lundi à 222,9 cents le litre à Vancouver, alors que les prix à la pompe à travers le pays ont augmenté au cours de la fin de semaine. 

Des experts affirment que la hausse des prix de l’essence aggrave le fardeau économique de l’inflation pour les Canadiens, car la hausse des prix du carburant a un effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie, faisant grimper les prix et nuisant à la confiance des consommateurs. 

«La hausse des prix de l’essence a un effet en cascade sur tous les secteurs de l’économie», a souligné Sohaib Shahid, directeur de l’innovation économique au Conference Board du Canada. 

«Lorsque les prix de l’essence augmentent, les prix de toutes sortes de biens augmentent parce que les choses que nous achetons dans notre vie quotidienne doivent être produites et expédiées, ce qui nécessite une consommation d’énergie.» 

Le résultat est une sorte d’effet domino inflationniste, la hausse des prix de l’essence faisant grimper les frais d’expédition et la hausse des frais d’expédition augmentant le prix des marchandises. 

Cependant, certains observateurs notent les prix élevés de l’essence en Europe — qui sont, depuis longtemps, beaucoup plus élevés qu’en Amérique du Nord — et suggèrent que les prix ici sont enfin en train de rattraper leur retard. 

D’autres disent que la vaste géographie du Canada et la fiabilité moindre des options ferroviaires et du transport en commun augmentent la dépendance du pays à l’égard des automobiles pour les déplacements et des camions pour l’expédition, ce qui rend la hausse des prix de l’essence beaucoup moins soutenable. 

«Nous conduisons tout simplement davantage», a observé Opher Baron, professeur de gestion de l’Université de Toronto. 

«Notre infrastructure de transport en commun est en retard et c’est une partie de la raison pour laquelle les gens sont si attachés à leurs automobiles.» 

Les prix plus élevés de l’essence ont également un impact plus important sur les frais d’expédition et le prix final des marchandises au Canada par rapport aux pays plus densément peuplés, a-t-il poursuivi. 

Pendant ce temps, certains affirment que des prix plus élevés à la pompe sont un bon moyen d’encourager les investissements dans l’énergie verte et les véhicules électriques. 

Les prix records de l’essence pourraient en effet contribuer à stimuler la transition énergétique, à faire croître les investissements dans des technologies propres concurrentes comme l’hydrogène et à encourager l’adoption des véhicules électriques, a expliqué M. Shahid. 

Pourtant, les personnes les plus durement touchées par la hausse des prix de l’essence sont les Canadiens à faible revenu, qui ont tendance à consacrer une plus grande partie de leur revenu au transport, a-t-il déclaré. 

Ils sont également moins susceptibles de pouvoir s’offrir un véhicule électrique pour aider à atténuer la hausse des prix de l’essence, a ajouté M. Shahid. 

L’inflation annuelle a atteint 6,7% en mars au Canada. Il s’agissait de la hausse des prix la plus rapide en plus de trois décennies, a indiqué Statistique Canada en avril.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est largement pointée du doigt pour avoir fait grimper les prix du pétrole. Plusieurs pays, dont le Canada, ont interdit l’importation de pétrole russe, créant une pénurie d’approvisionnement. 

Alors que la Chine sort des confinements contre la COVID-19 et que la demande mondiale de pétrole continue d’augmenter à mesure que les restrictions pandémiques diminuent, la hausse des prix pourrait empirer, a prévenu M. Shahid. 

«Je ne pense pas que la hausse des prix du gaz se résoudra rapidement, a-t-il affirmé. Je ne vois aucun facteur majeur faisant baisser les prix.» 

Un nouveau sondage suggère que la flambée des prix de l’essence pourrait freiner les voyages en voiture au Canada cet été. 

Les deux tiers des conducteurs canadiens qui ont répondu à un sondage Léger en avril ont indiqué qu’ils resteraient plus près de chez eux cet été.