Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke. Photo : Bloomberg
L’annonce faite hier par la Réserve fédérale américaine (Fed) d’un rachat progressif d’obligations à long terme du gouvernement américain ne représentait pas vraiment une mesure pour aider l’économie américaine mais un signal qu’elle était prête à agir n’importe quand.
C’est à tout le moins l’opinion de Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint de Banque Nationale Groupe financier, selon qui la Fed a tout simplement indiqué qu’elle « gardait le pied au même point sur l’accélérateur », sans l’enfoncer davantage.
« Il y avait surtout une notion de signal hier. Ce qu’ils ont annoncé, c’est qu’ils ne laisseront pas leur bilan baisser selon l’échéance naturelle des différents titres », a-t-il expliqué.
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Autrement dit, à mesure qu’ils recevront de l’argent de titres obligataires appuyés sur des hypothèques venant à échéance, ils rachèteront des bons du Trésor venant à échéance. La manoeuvre ne change rien à leur politique monétaire, sauf quant au fait qu’il est clair que le taux directeur sera relevé plus tard que prévu.
« L’économie aura besoin que la Fed pose de nouvelles actions, pense-t-il, mais ils rendent cela conditionnel au marché de l’emploi », ce qui les pousse à attendre encore un peu pour être sûr que les États-Unis ont de la difficulté à créer du travail pour les chômeurs.
D’ailleurs, le portrait n’est peut-être pas si sombre qu’il n’y paraît, ajoute l’économiste. La baisse de 0,9 % de la productivité américaine au deuxième trimestre annoncée hier aussi cache une bonne nouvelle à son avis.
Présentement, le PIB américain continue de croître et devrait conserver cette direction – même si sa croissance ralentit – alors que la productivité ne fournit plus à la demande et a connu un recul. « Cela veut dire que les entreprises auront besoin d’embaucher du personnel bientôt », souligne M. Desnoyers.
Mais la Fed a clairement indiqué qu’elle se tient aux aguets face à l’inquiétude montante, insiste-t-il. « Au fond, la Fed a dit que si la création d’emploi ne remonte pas, elle est prête à passer à une seconde phase et à racheter davantage de dette. »
Une autre solution que pourrait envisager l’organisation et qui plairait à M. Desnoyers serait de créer un lien direct avec les petites et moyennes entreprises pour les aider directement à créer des emplois, en contournant les banques privées qui hésitent encore à prêter de l’argent.