La diplomatie économique, en marche depuis longtemps


Édition du 11 Janvier 2014

La diplomatie économique, en marche depuis longtemps


Édition du 11 Janvier 2014

OPINION. Avec sa nouvelle politique de commerce international, la diplomatie canadienne devient économique. Les observateurs ont qualifié ce changement de «virage majeur» et d'instrumentalisation de la politique étrangère au profit des entreprises. Du coup, on a aussi dénoncé l'absence d'un énoncé global de la politique internationale du Canada.

Pourtant, parler de diplomatie économique n'est pas un réalignement fondamental de l'approche canadienne. Dans les années 1970, Pierre Elliott Trudeau avait revu de fond en comble notre politique étrangère qui, sous son leadership, est devenue le prolongement des politiques nationales - croissance économique et meilleure qualité de vie. Plus tard, on a fait grand cas des missions économiques d'Équipe Canada, dirigées par les premiers ministres en Russie, en Chine, au Brésil, mais aussi en Allemagne, au Japon et aux États-Unis. Puis, en 2005, l'Énoncé de politique internationale du Canada intégrait déjà le commerce, la diplomatie, le développement et la défense.

Bien qu'elle ne doive pas supplanter les autres éléments de la politique étrangère, la diplomatie économique est une composante importante du travail du diplomate qui est présent et engagé sur bien des plans sur la scène internationale. Il s'agit de servir, avec nos entreprises et d'une certaine manière par leur intermédiaire, notre pays. Comme on le fait avec d'autres agents de la société civile, diasporas ou ordres de gouvernements. Quand une entreprise canadienne est présente à l'international, elle exporte ses produits, son savoir-faire, mais aussi ses valeurs et son éthique.

Une priorité pour les grandes puissances

La politique du Canada s'inspire de ce que font déjà les États-Unis et les grandes puissances européennes. En France, le président François Hollande a fait de la diplomatie économique un axe dominant de sa politique étrangère. «Il serait paradoxal que le quai d'Orsay, ministère des crises partout dans le monde et de l'action extérieure de la France, ne se préoccupe pas de la crise la plus grave, la crise économique, et de l'action économique», déclarait le ministre Laurent Fabius à ses ambassadeurs lors de leur conférence annuelle de 2012. En adoptant cette approche, le Canada fait en sorte que ses ressources diplomatiques et celles qui favorisent le commerce et le développement international soient complémentaires et cohérentes. La croissance économique durable devient donc une priorité de développement, un outil pour éliminer la pauvreté, pour développer des institutions démocratiques, pour combattre la corruption, pour favoriser un environnement stable et prévisible, etc.

Tout comme pour le Plan de développement du commerce extérieur du Québec, le Canada mise sur les PME et la création d'emploi. Ces politiques publiques québécoise et canadienne reflètent les priorités du secteur privé qui a guidé ces exercices et nous informent à quoi les ressources gouvernementales, missions diplomatiques et autres initiatives, seront prioritairement allouées et où elles seront réalisées. Il existe donc un intérêt à consulter ces documents gouvernementaux et à noter les définitions. Ainsi, une vingtaine de marchés sont qualifiés d'émergents dans le nouveau Plan canadien. Et il est plus intéressant encore de prendre connaissance des marchés ciblés comme débouchés particuliers. Plusieurs sont africains, mais on y retrouve aussi la Mongolie, le Koweït, le Paraguay, etc.

G. Daniel Caron est diplomate en résidence aux Hautes études internationales de l'Université Laval depuis août 2013. Il a notamment été ambassadeur du Canada en Ukraine, de 2008 à 2011.

Les politiques sont disponibles sur Internet : le Plan d'action du Canada sur les marchés mondiaux (http://international.gc.ca) et le Plan de développement du commerce extérieur du Québec 2013-2017 (export.gouv.qc.ca).

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