La carboneutralité nécessitera de nouvelles politiques, selon la Régie de l'énergie

Publié le 24/11/2020 à 08:33

La carboneutralité nécessitera de nouvelles politiques, selon la Régie de l'énergie

Publié le 24/11/2020 à 08:33

Par La Presse Canadienne

Le pétrole et le gaz représenteraient encore près des deux tiers des sources d’énergie dans trois décennies. (Photo: 123RF)

La Régie de l’énergie du Canada affirme que l’atteinte de la cible de zéro émission nette de gaz à effet de serre au cours des 30 prochaines années exigera une transition beaucoup plus agressive pour abandonner le pétrole et le gaz.

Le rapport annuel sur l’avenir énergétique publié mardi intervient quelques jours seulement après que le gouvernement fédéral a déposé un projet de loi visant à encadrer son objectif d’atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050.

Mais le rapport prévoit que même avec l’ajout de nouvelles politiques de réduction des émissions à celles actuellement en place, le pétrole et le gaz représenteraient encore près des deux tiers des sources d’énergie dans trois décennies.

Selon le rapport, atteindre des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre d’ici 2050 nécessitera un rythme accéléré de transition pour s’éloigner des combustibles fossiles.

Zéro émission signifie soit qu’aucune émission n’est produite, soit que celles qui sont produites sont absorbées par la nature ou la technologie, de sorte qu’aucune autre n’est ajoutée à l’atmosphère, où elle contribuerait au réchauffement climatique.

La présidente-directrice générale de l’organisme de réglementation, Gitane De Silva, a déclaré à La Presse canadienne en entrevue que le but du rapport n’était pas de commenter la politique existante, mais de brosser un tableau de la direction que pourraient prendre les choses en utilisant diverses hypothèses.

« Vraiment, nous espérons que ces informations aideront à informer ce processus politique à l’avenir », a-t-elle expliqué.

Le rapport d’une centaine de pages examine deux scénarios potentiels de consommation d’énergie au Canada. L’une consiste à n’utiliser que les politiques climatiques déjà en place. Un autre « scénario évolutif » ajoute les impacts de l’expansion de ces politiques, y compris l’augmentation de la taxe sur le carbone, la baisse des prix du pétrole et du gaz sur les marchés et la réduction des coûts d’une transition vers des énergies renouvelables comme l’énergie éolienne et solaire.

La taxe carbone actuelle doit cesser d’augmenter en 2022 à 50 $ la tonne d’émissions produite. Le gouvernement prévoit la réexaminer à ce moment-là. Le rapport du régulateur examine ce qui se passerait si la taxe sur le carbone était portée à 125 $ la tonne d’ici 2050.

Dans le scénario du statu quo, la demande de pétrole et de gaz reste relativement stable au cours des trois prochaines années.

Dans le « scénario évolutif », la demande de pétrole et de gaz a atteint un sommet en 2019. Elle diminuera de 35 % d’ici 2050, mais représentera encore 64 % de toute l’énergie utilisée.

Le Canada tire actuellement environ un sixième de son énergie de l’électricité, dont environ 20 % proviennent de la combustion de combustibles fossiles.

Dans le scénario politique évolutif, le rapport prévoit que l’électricité produira plus du quart de l’énergie canadienne d’ici 2050, et que les combustibles fossiles en fourniront environ 10 %.

Darren Christie, économiste en chef de la Régie de l’énergie, affirme que la COVID-19 a ajouté beaucoup plus d’incertitude aux projections de cette année, car la consommation et la production de carburant ont considérablement diminué pendant les restrictions de la pandémie.

Il dit qu’il n’est pas tout à fait clair non plus comment ou si les habitudes de travail et de déplacement du pays reviendront à la normale prépandémique.

« Cela change vraiment notre point de départ », a-t-il indiqué.

La consommation globale d’énergie a baissé de 6 % à cause de la pandémie, et la production de pétrole au Canada a baissé d’environ 7 %.

Le scénario évolutif prévoit que la production de pétrole brut et de gaz naturel croîtra tous deux entre 17 et 18 % d’ici 2039, mais commencera ensuite à baisser, chutant de 7 ou 8 % d’ici 2050.

Mme De Silva note que si la construction de trois oléoducs et gazoducs se termine − Keystone XL, Trans Mountain et Enbridge Line 3 − ils formeront ensemble les derniers pipelines que le Canada devra construire pour gérer la croissance prévue et la production de combustibles fossiles avant de commencer le déclin.

Le rapport suggère que le Canada devra également accélérer sérieusement le rythme en ce qui a trait aux véhicules électriques pour atteindre ses objectifs actuels. Même dans le scénario évolutif, le rapport prévoit que seulement la moitié des voitures vendues seront électriques d’ici 2050, alors que le Canada espère qu’elles seront toutes électriques une décennie plus tôt.

Le principal facteur à cet égard est le coût des batteries de voitures électriques, selon M. Christie.

 

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