L'industrie de la mort au Québec en pleine mutation


Édition du 01 Novembre 2014

L'industrie de la mort au Québec en pleine mutation


Édition du 01 Novembre 2014

Par Valérie Lessard

Un problème de relève

Pour M. Leclerc, les véritables défis qui touchent les entreprises mortuaires sont liés à la mutation de leur industrie, qui se constate tant chez les acteurs du milieu que dans les rites funéraires. « Un des gros phénomènes qu’on observera dans les prochaines années, c’est la consolidation des entreprises », dit-il. En ce moment au Québec, on compte près de 300 entreprises funéraires, et bon nombre d’entre elles sont de petites compagnies familiales. « Je compare la situation au problème de relève dans les fermes familiales », soulève le directeur général de la Fédération. À l’instar de sa clientèle, le domaine mortuaire connaît un vieillissement parmi les propriétaires de maisons funéraires.

« Les enfants ne souhaitent pas nécessairement prendre la relève et travailler sept jours sur sept, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit », dit-il. De plus, la nouvelle génération qui souhaiterait poursuivre les activités de l’entreprise familiale ne peut assurer le financement nécessaire à l’acquisition de l’entreprise. Pour ces raisons, bon nombre de maisons funéraires sont achetées par des compagnies américaines qui leur font des offres alléchantes. « C’est triste, parce que dans plusieurs régions les gens ont le choix entre 2 ou 3 entreprises, mais ils ne savent pas qu’elles appartiennent toutes à la même compagnie américaine, puisqu’elles ont des noms à consonance québécoise », ajoute M. Leclerc.

L’ère de tous les possibles

Du côté de la clientèle, l’arrivée des baby-boomers sur le marché funéraire accentuera les changements déjà observés en ce qui concerne les rites mortuaires. Lorsque la religion faisait encore partie intégrante des pratiques funèbres, le modèle de base du déroulement d’une cérémonie funèbre se résumait ainsi : une, deux, voire trois journées d’exposition du corps au salon funéraire, une messe de funérailles à l’église, suivie de l’inhumation au cimetière. Aujourd’hui, les demandes sont multiples et les cérémonies religieuses sont nettement moins nombreuses. Selon l’Association des évêques catholiques du Québec, 23 000 funérailles (religieuses) ont été célébrées sur un total de 60 000 décès en 2013. L’année précédente, on a organisé 3 000 funérailles de moins pour un même nombre de morts. M. Leclerc rappelle que la génération des baby-boomers est celle qui a rejeté la pratique de la religion catholique. « Les baby-boomers ont tout décidé de leur vivant. Ils veulent déterminer comment ça va se passer lorsqu’ils seront morts. »

« On est à l’ère de la réinvention du modèle de la maison funéraire », remarque de son côté la directrice générale de la Corporation des thanatologues du Québec, Nathalie Samson. Tant les personnes endeuillées que les directeurs funéraires sont sur le mode essai-erreur pour redéfinir la façon de vivre un deuil et saluer une dernière fois la personne chère qui est disparue. En l’absence de religion pour encadrer le processus, les familles endeuillées font maintenant face à un éventail de possibilités lorsque survient la mort d’un proche. « Il y a beaucoup de possibilités. La famille endeuillée a donc beaucoup de décisions à prendre », indique M. Leclerc.

Aujourd’hui, au Québec, une personne sur deux choisira une urne plutôt qu’un cercueil. Selon des données avancées par la Fédération des coopératives funéraires, dans les grands centres urbains, c’est jusqu’à 80 % de la clientèle qui préfère la crémation. Pourquoi ? Une question de mœurs, répond son directeur général. « Les mœurs évoluent. Vous savez que l’embaumement des corps est une pratique typiquement nord-américaine. Les Européens qui arrivent ici et qui assistent pour la première fois à des funérailles où le corps est embaumé sont scandalisés. »

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