60 secondes avec Marcel Boyer, professeur émérite d'économie


Édition du 22 Mars 2014

60 secondes avec Marcel Boyer, professeur émérite d'économie


Édition du 22 Mars 2014

Par Suzanne Dansereau

«L'État québécois tue la richesse» - Marcel Boyer, professeur émérite d'économie

Vous venez de publier un livre intitulé Réinventer le Québec, dans lequel vous affirmez que le modèle québécois est devenu sous-performant, peu innovant et peu motivant. Vous proposez d'ouvrir le secteur public à la concurrence du privé pour redynamiser notre économie. Or, nous sommes en campagne électorale. Pensez-vous provoquer le débat ?

Je le souhaite, mais je n'en suis pas sûr. J'observe les promesses électorales que font les partis politiques. L'un veut créer 50 nouvelles cliniques, l'autre, 25. Ce sont là, essentiellement, des discours de planification centralisée. On est quasiment en Union soviétique ! Et nous, les électeurs, on est là puis on attend que les politiciens nous disent ce qu'il faut faire... Évidemment, lorsqu'ils prennent le pouvoir, ils se heurtent aux fonctionnaires qui leur disent : non. Mais toutes ces promesses électorales ne touchent pas le coeur du problème.

Le problème, c'est l'État ?

L'État-providence créé dans les années soixante a permis aux Québécois de se libérer de la domination anglophone et d'améliorer leur situation socioéconomique. Mais depuis le début des années 1980, je crois qu'il est en train de tuer la richesse. Il n'y a aucune raison de croire que les Québécois soient différents des autres Canadiens pour ce qui est de leur désir de bonifier leur niveau de vie. Mais le fait est que, depuis 30 ans, nous accusons un retard troublant de développement économique. Nous sommes beaucoup moins prospères que nous devrions l'être. Certains disent que les Québécois vivent au-dessus de leurs moyens, moi je dis que nous vivons en dessous de nos moyens. Bien que notre province soit celle qui subventionne le plus ses entreprises, elle affiche le taux entrepreneurial le plus bas.

Vous parlez d'une nouvelle social-démocratie à créer et d'une plus grande liberté économique.

Il faut limiter le rôle de l'État à ceci : définir les services à livrer à la population, les financer et faire les arbitrages nécessaires. Mais dans les moyens de livrer ces services, il faut passer au secteur concurrentiel et faire appel à l'imagination, au dynamisme, à la créativité des entreprises. Nos politiciens parlent souvent de la créativité de nos entrepreneurs, mais l'État ne les met pas à contribution ou leur impose toutes sortes de contraintes injustifiées. C'est avec eux - et avec les employés de l'État qui seront passés au secteur concurrentiel - qu'on va redynamiser l'économie du Québec.

Marcel Boyer est professeur d'économie industrielle à l'Université de Montréal. Membre fondateur du CIRANO et auteur du Manifeste pour une social-démocratie concurrentielle.

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